Pour éviter toute confusion, il faut choisir de prendre en compte les chiffres du chômage les plus significatifs.
L’annonce des « chiffres du mois précédent » répond à un besoin de communication politique et d’immédiateté d’une publication des données mais il n’est pas véritablement pertinent. En effet, les évolutions d’un mois sur l’autre font l’objet de distorsions (puis de corrections ultérieures) et de phénomènes saisonniers (recours à l’intérim, travaux agricoles ou activités touristiques). Les chiffres de août 2014, France entière dont DOM, sont donnés dans le tableau suivant.
Catégories de demandeurs d’emploi | Nombre d’inscrits à Pôle Emploi à fin août 2013 | Nombre d’inscrits à Pôle Emploi à fin août 2014 | Variation sur un an | |
A[1] | 3 504 700 | 3 677 600 | + 172 900 | + 4,9% |
A, B, C[2] | 5 088 700 | 5 380 200 | + 291 500 | + 5,7% |
A, B, C, D, E[3] | 5 597 500 | 5 927 600 | + 330 100 | + 5,9% |
Sources : Pôle emploi, DARES. Calculs des CVS-CJO : DARES.
Sur un an, pour la France entière, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégories A, B et C a augmenté de +5,7%, soit 291 500 personnes.
Le nombre total des inscrits à Pôle Emploi, toutes catégories confondues, a lui augmenté de 5,9%, soit +330 000 demandeurs d’emploi supplémentaires. Il atteint ainsi un chiffre de près de 5 600 000 personnes.
[1]Actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi [2] Actes positifs de recherche d’emploi [3] Toutes catégories de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi.
Les variations mensuelles portant sur quelques dizaines de milliers d’inscrits de plus ou de moins, mises en avant par la quasi-totalité des médias, ne sont donc pas réellement significatives. D’une part, les variations portent sur des populations minimes de quelques milliers ou dizaines de milliers de demandeurs d’emploi, d’autre part, ils sont toujours provisoires. Des chiffres plus significatifs concernant les demandeurs inscrits à Pôle Emploi sont les chiffres portant sur une année glissante. Seuls ces chiffres gomment l’impact des irrégularités de l’année écoulée. La présentation des chiffres donne souvent lieu à des sous-estimations. Plusieurs biais pour minorer les chiffres du nombre de demandeurs d’emploi sont utilisés.
Pour minorer les chiffres du chômage, la tendance consiste à :
- présenter les seuls chiffres de la catégorie A : c’est-à-dire de personnes « sans emploi et immédiatement disponible ». Pour donner des exemples, un chômeur, qui travaille en intérim trois jours dans le mois, bascule dans la catégorie B et s’il dépasse les 10 jours travaillés, par exemple en CDD, il est transféré en catégorie C. C’est dire que le chiffre de la catégorie A peut baisser tandis que celui de la catégorie B augmente dans la mesure où se présentent des petits boulots… Il semble plus opportun de cumuler les catégories « A+B+C » qui rassemblent les personnes tenues à des actes de recherche d’emploi. La DARES procède d’ailleurs ainsi puisqu’elle présente successivement les chiffres des catégories A, puis les catégories « A+B+C » et enfin l’ensemble de A à E.
- annoncer ceux de la seule France métropolitaine, en oubliant les chiffres des départements d’outre-mer…
- Changer la définition des catégories de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi ont leur importance. Les catégories administratives (de 1 à 8) ont été remplacées par des catégories statistiques de A à E (voir les définitions dans la Fiche). Ces changements de mode de mesure ont permis, de fait, de rebattre les cartes. La courbe sur ces dix dernières années est, pour le moins, difficile à établir…
Le « taux de chômage » est également un chiffre à considérer avec précaution car il est calculé sur le nombre de personnes potentiellement actives à une date donnée qui relève d’une estimation. Ce n’est qu’un indicateur, intéressant dans son évolution.
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