En matière de retraites, l’OCDE estime qu’il faudra « travailler plus et cotiser plus »[1]. Les propositions évoquées passent, par exemple, par un relèvement de l’âge légal de la retraite, une augmentation des prélèvements sur les pensions et les cotisations de retraite, un gel ou une suspension de l’indexation ou une réduction des pensions de retraites versées, etc. Ces propos viennent à l’appui des discours récurrents, en particulier celui concernant le relèvement de l’âge de la retraite à 65, 67 ou 70 ans.
Les prévisions chiffrées reposent sur des constats démographiques.
Le rapport entre le nombre des actifs et celui des retraités. L’augmentation du nombre annuel des départs en retraite et l’élévation régulière de l’espérance de vie conduit à verser des montants plus importants. Le maintien des systèmes actuels de retraites pose assurément problème mais il ne peut être traité indépendamment d’autres questions.
Prenons l’exemple récent du passage de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans a permis de réduire les dépenses de la Caisse : plus de pension à verser entre 60 et 62 ans égal économie (sauf à de rares exceptions).
MAIS, l’élévation de l’âge de la retraite pour les personnes de 60 à 62 ans a eu des conséquences financières directes.
- Des personnes sans emploi se sont trouvées au chômage indemnisé avec une allocation chômage d’un montant supérieur à celui de leur future pension (tant mieux) et en continuant à acquérir des trimestres supplémentaires. Il y a eu de fait un transfert de charges de la Caisse de retraite vers l’assurance chômage sans élévation des cotisations chômage.
- Les 60-62 ans sans emploi et sans indemnités chômage sont venus grossir les rangs des bénéficiaires des aides de solidarité comme le RSA, etc., ce qui explique en partie la croissance du nombre de bénéficiaires et celle des dépenses de la CNAF. Il y a eu un transfert de charges de la Caisse de retraite vers la CNAF.
- Des actifs ont prolongé leur carrière de deux ans freinant le recrutement des jeunes et de moins jeunes, compte tenu de la diminution du nombre net d’emplois en France durant toute cette période. Les personnes qui n’ont pas pris ces postes, ou leurs équivalents, ont pour une part au moins bénéficié de l’allocation chômage.
Ces transferts de charges étaient prévisibles mais n’ont, volontairement, pas été pris en compte lors de la dernière réforme des retraites.
La question des retraites fait partie d’un ensemble complexe et ne peut être traitée sans prendre en compte les conséquences de chaque élément en tenant compte du contexte de crise, marqué par un chômage de masse et les destructions d’emploi.
Le raisonnement et les décisions à prendre seraient différents dans un autre contexte ; il n’y a pas une solution type au problème posé.
Que veut dire « travailler plus » quand il n’y a pas suffisamment d’activités pour tous, avec une population de 5 à 6 millions de personnes qui cherchent un travail.
Les comparaisons de l’OCDE entre pays occultent les différences de systèmes sociaux, de situation de l’emploi, de démographie, etc. dans chacun des pays concernés, pour ne parler que de retraite de manière isolée et comparer l’incomparable.
Bien entendu, il est facile de constater les solutions déjà engagées pour équilibrer les régimes de retraites : la hausse du nombre des trimestres requis pour une pension pleine sera la clé de la diminution des pensions pour des personnes n’ayant pas tous leurs trimestres et qui donc toucheront une pension réduite. La manœuvre a déjà été engagée. Mais, on peut convenir que cela n’est pas une solution satisfaisante ; le gel des retraites, etc.
Le nombre de personnes en emploi constitue la seule solution du retour à l’équilibre du système des retraites, comme des autres régimes sociaux.
Oui, il faut développer l’emploi pour les actifs pour atteindre deux à trois millions de cotisants supplémentaires, à court ou moyen terme. Il n’y a pas vraiment d’autre solution acceptable.
Le retour à l’équilibre du système des retraites est avant tout conditionné par les résultats des politiques en faveur de l’emploi.
[1] Panorama des pensions 2013 – Les indicateurs de l’OCDE et du G20 – http://fr.slideshare.net/OECD_ELS/panorama-des-pensions-2013-francais
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