UN RECRUTEMENT DE PRES DE 25 000 ENSEIGNANTS EN 2015
24 735 postes sont proposés aux concours de recrutement des enseignants des premiers et seconds degrés de l’enseignement public pour l’année 2015.
- pour le premier degré public : 11 726 postes, dont 11 279 en concours externe,
- pour le second degré public : 13 009 postes, dont 12 800 en concours externe.
Pour le premier degré, on note un fort recrutement pour des académies où les besoins sont forts comme l’académie de Créteil avec 1 540 postes et celle de Versailles avec 1 430 postes. Pour le second degré les postes externes se répartissent comme suit :
- Agrégation 1 940
- CAPES[1] 7 200
- CAPET[2] 610
- CAPLP[3] 1 850
- CAPEPS[4] 800
- CPE[5] 310
- COP[6] 90
Les postes au CAPES concernent pour 68% trois disciplines :
- Mathématiques (1 440 postes),
- Lettres (modernes : 1 310 et classiques : 230) et
- Anglais (1 225 postes).
Les autres disciplines ayant un nombre de postes significatif (plus de 100 postes) sont les Sciences de la vie et de la Terre, Espagnol, Allemand, Physique-Chimie, Arts plastiques, Documentation, Éducation musicale et chant choral, Sciences économiques et sociales et Philosophie représentent 31% des recrutements.
71 000 CANDIDATS AUX POSTES ENSEIGNANTS DU PREMIER DEGRÉ ET 89 000 POUR LE SECOND DEGRÉ
Ces dernières années, le nombre de candidats est resté faible par rapport au nombre des places disponibles, en particulier, quand on le compare au nombre de candidature par poste dans la plupart des concours des fonctions publiques (voir article sur les recrutements 2014). D’une manière générale on compte en moyenne entre 6 et 7 candidats par poste (le nombre de candidats par discipline dans le second degré est marqué par des forts écarts). Ce relativement faible nombre de candidats a pour origine la décision d’élever le niveau de diplôme requis pour passer les concours, de la Licence au Master2. Dans certaines disciplines du second degré, des places ne sont pas pourvues, faute de candidats au niveau souhaité par les jurys.
Le nombre de candidats inscrits aux concours 2015 a été communiqué par le Ministère à la mi-novembre 2014 (et ont fait l’objet de réserve de certains syndicats). On constate une augmentation d’un peu plus de 10%.
Dans le premier degré le nombre de candidat augmente de 11,8% entre 2014 et 2015, Dans le second degré, il augmente de 12,6% entre 2014 et 2015.
La croissance annoncée du nombre de candidats entre 2014 et 2015 apparaît forte en Mathématiques (+47%), Anglais (+21%) et Lettres modernes (+17%) .
UNE CAMPAGNE DE RECRUTEMENT DANS UN CONTEXTE DIFFICILE
La campagne de recrutement 2015 du Ministère qui se déroule actuellement a pris pour slogan : »L’école change avec vous »[7]. Elle comprend un spot publicitaire, des annonces dans la presse écrite et des affichages, un site dédié, etc.
Cette campagne intervient après que les candidatures aient été déposées. L’enjeu immédiat est de convaincre les candidats à ces concours d’aller jusqu’au bout de leur démarche et, éventuellement, de préparer les esprits pour les années futures.
Les échos des cas de contestations de l’autorité des professeurs à l’occasion des attaques terroristes de ce mois de janvier jouent plutôt en faveur d’une démobilisation des candidats. La gestion de certaines classes, en particulier dans le second degré, apparaît difficile et l’enseignement de la laïcité ne parait pas évident en particulier dans le cas de certaines disciplines comme les lettres, la philosophie ou l’histoire[8] face à des jeunes exprimant une opposition idéologico-religieuse frontale.
Les argumentaires sur le sujet et la formalisation des principes ont été préparés depuis 2013[9] dans le cadre de la « Charte de la laïcité à l’école ». Celle-ci affirme l’un des rôles de l’école :
« La nation confie à l’école la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. ».
Les textes sont bien formulés, même si chacun peut en discuter les termes en fonction de sa propre vision des choses. Bref, l’intention et les outils sont bien là, mais les méthodes restent à trouver au-delà des circulaires et des déclarations d’intention. En particulier, si la formulation positive de la laïcité (dans la Charte) existe, la description des comportements posant problème, par rapport à la laïcité, n’est pas explicite.
La question du rapport entre enseignants et certains élèves qui contestent leur légitimité (et leur autorité) et qui mettent en cause des connaissances objectives sur des bases culturelles ou prétendument religieuses, n’est pas un phénomène récent. Il a été identifié par plusieurs rapports depuis plus de vingt ans[10].
Des faits ponctuels ont fait l’objet de rapports à la hiérarchie académique. Mais, les instructions du niveau national n’ont pas pleinement portées leurs fruits sur le terrain pour diverses raisons (sans commentaire). Il faut reconnaître que le discours officiel se refuse à désigner clairement les problèmes rencontrés concrètement sur le terrain, ce qui ne facilite pas la réponse à apporter. Par exemple, en novembre dernier, la Ministre de l’éducation nationale abordait bien les « phénomènes de radicalisation » mais d’une manière trop imprécise[11].
Le refus de certains jeunes de respecter la minute de silence en mémoire des victimes des fondamentalistes musulmans, dans le cadre de la journée de deuil national, décidé par le Président de la République, vient de jouer le rôle de détonateur vis-à-vis des médias puis de l’opinion et enfin de certains politiques. La parole s’est libéré et amène à la connaissance de l’opinion un problème beaucoup plus général qui reste à traiter.
Les enseignants se trouvent en première ligne face à certains publics jeunes qui expriment leur désaccord avec les valeurs de la République.
Les témoignages sur la situation au sein de certaines écoles, collèges ou lycées peuvent influer sur le choix des inscrits aux concours d’enseignement. Cet impact sera mesuré par le nombre de candidats présents aux concours 2015.
Le nombre des présents à ces concours de l’éducation nationale est habituellement nettement inférieur à celui des inscrits. Il faudra être attentif à l’évolution de cet écart entre inscrits et présents en 2015.
[1] Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire (CAPES)
[2] Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique (CAPET)
[3] Certificat d’aptitude au professorat de lycée professionnel (CAPLP)
[4] Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement physique et sportif (CAPEPS)
[5] Conseiller principal d’éducation (CPE)
[6] Conseiller d’orientation psychologue (COP)
[7] http://www.lecolechangeavecvous.fr/
[8] Incidents survenus dans les écoles, collèges et lycées en lien avec les attentats qui ont touché la France – Communiqué de presse – Najat Vallaud-Belkacem – 14/01/2015
La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a demandé, dès le 8 janvier 2015, aux rectorats de l’informer précisément des incidents qui se sont produits dans les écoles, collèges et lycées, à l’occasion de la minute de silence observée en hommage aux victimes de l’attentat survenu la veille. À ce jour, les services académiques ont porté à notre connaissance une centaine d’incidents directement liés à cette minute de silence. À la demande du ministère, les jours suivant les événements ont également fait l’objet d’une vigilance particulière et d’une demande de remontée d’informations qui complète aujourd’hui ce panorama d’une centaine d’autres incidents signalés. Ces données sont déclaratives et ne concernent que les incidents qui n’ont pu être réglés par les enseignants dans le cadre de la classe. Ils ne constituent donc pas un recensement exhaustif de l’ensemble des difficultés qu’ont pu rencontrer les équipes éducatives.
Conformément aux instructions de fermeté données par la ministre, toutes les difficultés rencontrées ont été traitées localement, de manière proportionnée à la gravité des faits, par les équipes éducatives et pédagogiques, entre dialogue éducatif et sanctions disciplinaires, allant du rappel à l’ordre en présence de l’élève et de ses parents à la convocation de conseil de discipline. Une quarantaine de situations ont été transmises aux services de police, de gendarmerie ou aux parquets. Comme la ministre l’a rappelé mardi 13 janvier aux recteurs et à l’ensemble des responsables académiques, l’éducation nationale ne laissera prospérer aucun comportement contraire aux valeurs de la République. Pour accompagner les personnels dans la gestion de ces événements et ne laisser aucun enseignant démuni ou isolé, la ministre a donné instructions aux recteurs de dépêcher, dès cette semaine, dans chaque établissement qui en exprime le besoin, des inspecteurs pédagogiques habilités à les assister dans leur mission.
[9] Charte de la laïcité à l’école – 15 articles.
[10] Pour citer une anecdote, le lendemain du 11 septembre 2011, une cinquantaine de lycéens d’un Lycée de la Courneuve manifestaient bruyamment dans la cour de leur établissement leur joie d’apprendre la destruction des tours jumelles en brandissant des drapeaux palestiniens…
[11] Communiqué de presse – Najat Vallaud-Belkacem – 24/11/2014 extrait : « Bien que peu développés en milieu scolaire, les phénomènes de radicalisation constituent une dérive sectaire qui exige des réponses fortes, s’appuyant sur la mobilisation des responsables académiques et des personnels de terrain. C’est pourquoi, dès le début de l’année scolaire, une première information a été donnée à l’ensemble des directeurs de cabinet des recteurs afin d’accompagner les personnels éducatifs lorsque des inquiétudes sont exprimées. » (…) « Dans l’attente des éléments nationaux de formation qui seront opérationnels dans quelques semaines, des dispositions ont été prises pour veiller à ce qu’aucune initiative ne puisse à l’avenir créer de confusion sur les moyens de lutter contre les phénomènes de radicalisation, qui ne peuvent être confondus avec aucune pratique religieuse. »
Pas de commentaire sur “Un recrutement massif d’enseignants dans un contexte difficile.”