LA COURSE D’ORIENTATION APB 2015 A COMMENCE.
Les inscriptions de 700 000 lycéens ou étudiants en réorientation, sur le système Admission Post Bac (APB) donnent lieu à une diffusion massive d’informations.
- Les premières informations concernent le fonctionnement de la procédure d’inscription et l’expression des vœux selon la version 2015 du logiciel[1].
- Viennent ensuite des informations concernant les études jusqu’à l’obtention du diplôme et prenant en compte la réussite selon les profils des candidats.
- Enfin, des informations sont affichées sur les débouchés par métiers, par filières, par diplôme.
Les deux premiers ensembles de données ont une nature objective. La question est de savoir comment les jeunes comprennent les informations qui leur sont données et comment ils jouent leur chance avec APB. En fait, il faut que chaque jeune sache s’il convient de viser une formation très demandée ou, plus modestement, une formation universitaire généraliste dès le départ. Ce choix nécessite également d’avoir un projet, ce qui n’est pas de toute évidence le cas général.
La troisième part des informations porte sur les débouchés et est d’une valeur beaucoup plus relative. La présentation des débouchés est contestable et contestée. Les bonnes informations pour juger des débouchés de 2013 ou 2014 n’existent pas vraiment. Le contexte actuel de crise pèse beaucoup sur la situation. Il est difficile de faire de la prospective sur les débouchés à cinq ans.
Certains constats sur les débouchés sont probables en ce qui concerne les filières sélectives de l’enseignement supérieur (grandes écoles, santé, etc.) et des filières menant aux concours des fonctions publiques[2], soit une centaine de milliers de postes chaque année.
LES PRÉVISIONS SUR LES DÉBOUCHÉS À CINQ ANS SONT TRÈS RELATIVES.
Compte tenu des remarques précédentes, les articles sur « les métiers qui recrutent », produits par les médias, doivent être considérés avec prudence.
Le croisement, même sérieux, d’informations de sources et de nature diverses conduisent à affirmer que l’on sait alors que le doute règne pour une bonne part. Certes, il y a bien des tendances, des métiers qui disparaissent, des secteurs qui maintiennent un bon développement. Les métiers de la vente, de l’informatique et le web, du conseil, etc. recruteront sans doute dans cinq ans (la durée d’obtention d’un master2), par contre il est difficile de savoir quelles seront les conditions de recrutement dans ces fonctions : salaires, contrats, etc. Il est possible que la construction et l’industrie recrutent comme l’annoncent les branches professionnelles et leurs établissements de formation. Mais, la chute des effectifs est régulière dans ces secteurs depuis des années. Dans des sous-secteurs précis de l’industrie (aéronautique ou autre), des recrutements auront lieu, mais cela ne sera probablement pas général.
La communication de recrutement de certaines branches professionnelles est en mesure d’induire en erreur des jeunes.
Elle semble parfois obéir à des logiques internes à ces secteurs d’activités. Cette communication permet d’annoncer le maintien de l’emploi ou des projets de développement. Et porte plus sur l’image que sur la réalité[3].
L’évocation par certains journalistes des flux de départ en retraite par exemple est assez fallacieuse.
Un départ en retraite ne déclenche généralement pas un recrutement. Ces départs apportent à une entreprise un degré de souplesse dans l’organisation voire un moyen de réduction de la masse salariale dans une période peu porteuse. Les promesses de recrutement massif, suite aux départs en retraite de la génération du baby boum, ont fait long feu depuis des années.
Enfin, l’annonce de nombreux recrutements par les grandes entreprises est très souvent illusoire.
Les médias font une liste de 50, 100 ou 300 entreprises qui ont répondu à la question « quels seront vos recrutements en 2015 ? ». Il suffit de mettre les données en tableau et de faire une somme. Sauf que les chiffres annoncés correspondent très rarement à une réalité précise et sont tout au plus une estimation. Sur ce chiffre, la motivation externe est centrale, une entreprise qui recrute est une entreprise qui se porte bien et à qui l’on peut faire confiance. Au total, les annonces de 300 entreprises, même si elles étaient exactes, représentent une faible partie des recrutements de l’année en cours.
Ces réserves sur les discours sur les débouchés et les recrutements sont nécessaires pour mettre en évidence la nécessité de réaliser des progrès dans le domaine de l’information à même de nourrir les processus d’orientation.
[1] Les défauts de la procédure APB persistent. En particulier, le choix du calendrier ne permet pas de tenir compte du résultat au bac et de la mention obtenue. La mention semble pourtant essentielle pour la suite des études car elle « juge » mieux les capacités du jeune que le contrôle continu lié à la classe et à l’établissement ne le fait. On sait, par exemple, qu’environ 90% des jeunes qui réussissent à passer en seconde année d’études de santé ont eu un bac mention bien ou très bien. Cet élément de jugement dépend des résultats du bac…
[2] Dont les concours enseignants dont le recrutement demeurera massif quelque doit les politiques menées.
[3] La 5ème édition de la Semaine de l’industrie se déroulera du 30 mars au 5 avril 2015.
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