La question de l’orientation ne se limite pas au nombre et à la coordination des acteurs. Elle se situe au niveau de la qualité des informations, de leur mode de diffusion et de la formation initiale et permanente des différents personnels.
GÉNÉRALISATION DES SERVICES PUBLICS RÉGIONAUX DE L’ORIENTATION
Depuis le 1er janvier 2015, la généralisation des Services publics régionaux de l’Orientation (SPRO)[1] avance. Le SPRO comprend : les centres d’information et d’orientation (CIO), l’Onisep, les missions locales, les agences de Pôle Emploi[2], le réseau information jeunesse, les organismes collecteurs des fonds de la formation professionnelle, etc.
« Chacun conserve ses rattachements administratifs et hiérarchiques, ses statuts et ses missions propres, mais, ensemble, ils mutualisent compétences et ressources afin de répondre plus efficacement aux besoins et aux attentes du public. » La répartition des rôles semble être la suivante[3] :
- L’Éducation nationale reste maître des questions d’orientation scolaire et supérieure, prises en charge par les Centres d’Information et d’Orientation (CIO)[4]ainsi que les Services communs universitaires d’information, d’orientation et d’insertion professionnelle (SCUIO–‐IP).
- Les Conseils régionaux ont pour mission d’animer et de coordonner les réseaux de l’orientation des adultes.« Elle coordonne les actions des autres organismes participant au Service public régional de l’orientation ainsi que la mise en place du conseil en évolution professionnelle, assure un rôle d’information et met en place un réseau de centres de conseil sur la validation des acquis de l’expérience. La Région reconnaît les organismes participant au SPRO sur le fondement de normes de qualité à partir d’un cahier des charges qu’elle arrête. »[5]
AVENIR DES CIO
Pour beaucoup de personnels de CIO[6], la mise en place du SPRO est vécue comme une intrusion des Régions dans champ de l’Éducation nationale. En effet, c’est aux CREFOP (Comités régionaux de l’emploi, de la formation et l’orientation professionnels) qu’est confiée la coordination des stratégies régionales d’orientation. La présidence des CREFOP est encore en débat dans le cadre des discussions relatives au projet de loi sur l’organisation territoriale.
Les personnels de CIO craignent d’être intégrés, de fait, dans des services régionaux au sein desquels ils pensent perdre leurs spécificités professionnelles de conseillers d’orientation-psychologues (« CoPsys »).
Certains syndicats contestent l’intervention des régions : « Les CIO ne font pas partie du SPRO. Ils y contribuent dans les limites fixées par une convention signée entre le recteur, le préfet et le président de Région ».
Autre problème, sur les 870 CIO, plus de 200 sont gérés par les Départements et non par l’Éducation nationale. Le désengagement financier de plusieurs Conseils généraux (par exemple dans les académies de Lille, Dijon, Grenoble, Versailles, les Lyon et d’Orléans-Tours) a eu pour conséquence des fermetures de CIO.
La perte de compétences des départements en matière éducative prévus par le projet de loi NOTRe aura probablement raison des autres CIO. Les rectorats travaillent donc déjà à une nouvelle carte de l’implantation des CIO.
En 2015, le recrutement externe de conseiller d’orientation psychologue (COP) ne porte que sur 90 postes.
Certains responsables syndicaux craignent une diminution des moyens de l’orientation scolaire du service public, et l’accélération du développement d’un marché du coaching privé marchand qui a déjà commencé.
Les régions, pour leur part, semblent souhaiter un système plus lisible.
C’est-à-dire concrètement que la personne qui accueille l’usager, quel qu’il soit, soit capable de situer sa demande et l’orienter vers un acteur dédié. Les régions critiquent la « profusion » de structures d’orientation sur le terrain qui conduit à une situation peu lisible pour l’usager, chaque acteur de l’orientation restant sur son savoir-faire, sans connaissance du savoir-faire des autres. L’orientation concerne en effet plusieurs ministères : le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, le ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, le ministère de l’Économie, de l’Industrie et du numérique, le ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique et le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Et une réelle diversité des acteurs.
DES ACTEURS EN QUÊTE DE MESSAGES
La question de l’orientation ne se limite pas au nombre et à la coordination des acteurs. Elle se situe plus profondément au niveau de la qualité et l’existence même des contenus d’orientation qui sous-tendent le conseil en orientation, de leur mode de diffusion auprès des personnes concernées et de la formation initiale et permanente des personnels des différents acteurs.
[1] « Créé par la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale (art.22), le Service public régional de l’orientation – SPRO- a deux grands objectifs :
- mieux articuler les actions entre les différents acteurs de l’orientation, de la formation professionnelle et de l’emploi
- renforcer la compétence des Régions en matière de formation professionnelle et d’apprentissage et leur confier de nouvelles missions en matière d’orientation et de prise en charge des jeunes sortant du système de formation initiale sans diplôme ni qualification. »
[2] Anciens personnels en charge de l’orientation de l’AFPA transféré à Pôle Emploi.
[3] Accord-cadre Relatif à la mise en œuvre du service public régional d’orientation tout au long de la vie (SPRO) et à la prise en charge des jeunes sortants du système de formation initiale sans un diplôme national ou une certification professionnelle (novembre 2014)
[4] La loi du 5 mars 2014 a réaffirmé la place des conseillers de CIO au sein de l’Éducation nationale.
[5] Accord-cadre Relatif à la mise en œuvre du service public régional d’orientation (novembre 2014).
[6]
Les centres d’information et d’orientation (CIO) dépendent du ministère de l’éducation nationale. Ils sont implantés sur l’ensemble du territoire. Leur rôle consiste à favoriser : l’accueil de tout public et en priorité des jeunes scolarisés et de leur famille, l’information sur les études, les formations professionnelles, les qualifications et les professions, le conseil individuel, l’observation, l’analyse des transformations locales du système éducatif et des évolutions du marché du travail et la production de documents de synthèse à destination des équipes éducatives ou des élèves, l’animation des échanges et des réflexions entre les partenaires du système éducatif, les parents, les jeunes, les décideurs locaux et les responsables économiques. Chaque CIO possède un fonds documentaire sur les enseignements et les professions et un service d’auto-documentation permettant à toute personne accueillie au CIO de consulter des documents à partir de ses intérêts et de son niveau scolaire. Les personnels qui travaillent dans les CIO sont des directeurs de CIO, des conseillers d’orientation-psychologues et des personnels administratifs.
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