805 000 jeunes de moins de 25 ans sont inscrits à Pole Emploi, mais de nombreux jeunes sans-emploi ne s’inscrivent pas à Pôle Emploi, d’autres ne sont pas comptabilisés, car ils rentrent dans des dispositifs d’accompagnement, et, enfin, la mesure du chômage des jeunes ne concerne pas les jeunes de 25 à 29 ans.
LE NOMBRE DES JEUNES DE MOINS DE 25 ANS INSCRITS À POLE EMPLOI OU EN CIVIS EST DE 1 MILLION.
En France métropolitaine, les demandeurs d’emploi de moins de 25 ans, tenus à des actes positifs de recherche d’emploi, sont plus de 805 000 à fin avril 2015. La progression sur un an est de 4,6%. La part des moins de 25 ans est de 15% des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi.
Ce chiffre ne décrit pas la situation dans son ensemble en raison de :
- la non-inscription à Pôle Emploi de très nombreux jeunes, soit plus ou moins en études, soit jeunes diplômés en recherche d’un premier emploi, car ils ne bénéficient d’aucune indemnisation chômage ni d’une offre d’accompagnement proposée par Pôle Emploi. Pôle Emploi ne réalise pas vraiment de communication à destination des jeunes pour leur présenter leurs droits…
- L’intégration de nombreux jeunes dans le Contrat d’Insertion dans la VIe Sociale (CIVIS)[1], qui vise à accompagner les jeunes en difficulté vers l’emploi durable, mis en œuvre par le réseau des missions locales. Les bénéficiaires de cet accompagnement ne sont pas comptabilisés en catégorie A, B ou C, mais considérés comme en accompagnement, mais non comptabilisés. Au 31 mars 2014, plus de 195 000 jeunes étaient en CIVIS[2].
Le total des jeunes demandeurs d’emploi et jeunes en CIVIS atteint le chiffre symbolique de 1 000 000 de jeunes. Le chiffre du chômage des jeunes est un indicateur, mais il ne traduit pas la réalité globale du phénomène. La prolongation des études fait que de nombreux jeunes arrivent en fait sur le marché du travail à 25 ans ou même plus âgé. Le nombre de ces primo demandeurs d’emploi n’est pas pris en compte par les chiffres publiés par Pôle emploi ou la DARES.
Ces mesures ne tiennent pas compte de l’allongement de la durée des études supérieures. Des millions de jeunes n’ont pas terminé leur formation initiale à 24 ans. Peu de jeunes titulaires de master arrivent sur le marché du travail avant 25 ans. En conséquence, ils ne figurent pas sur les statistiques qui laissent apparaitre un taux de chômage important des jeunes sans qualification ou des qualifications faibles entrés sur le marché de l’emploi ou tentant de la faire depuis 18 à 20 ans.
La mesure du chômage déforme la lecture de la réalité de l’insertion professionnelle des jeunes. Le bornage de la population jeune à 24 ans fausse profondément l’analyse et occulte les difficultés des sortants de l’enseignement supérieur, surtout de ceux qui en sortent sans réelle qualification professionnelle : interruption des études sans validation du diplôme visé, échec aux concours administratifs et surtout d’enseignement, diplômes généralistes jamais demandés dans une offre d’emploi, etc.
LES POLITIQUES PUBLIQUES DE L’EMPLOI CONCERNENT ENVIRON 700 000 JEUNES SOUS CONTRAT DE TRAVAIL
Parallèlement à ces chiffres, citons ceux des jeunes bénéficiant, à fin 2014[3], des politiques publiques, c’est à dire : 556 000 jeunes en alternance (dont 400 000 contrats d’apprentissage et 150 000 contrats de professionnalisation) et 140 000 jeunes en emplois aidés (dont 32 000 CUI ou 108 000 emplois d’avenir).
Les 100 000 nouveaux contrats aidés qui ont été annoncés début juin seront ciblés, en priorité sur les jeunes et le secteur non marchand. La répartition serait de 30 000 emplois d’avenir pour 70 000 contrats d’accompagnement vers l’emploi (CUI-CAE). Ce nouvel objectif permettra de maintenir ainsi au second semestre 2015 le même flux qu’au premier semestre 2015. Le stock de bénéficiaires contrats aidés, véritable outil de mesure pertinent de l’intensité du traitement social du chômage, ne changera pas. Le nombre actuel de contrats aidés pour les jeunes devraient être maintenus alors que le gouvernement avait initialement envisagé une baisse courant 2015.
La population des jeunes de 18 a 25 ans est de 7 271 000 personnes. Plus de 10% bénéficient des politiques publiques en l’emploi en comptant le CIVIS.
Les données communiquées par la DARES[4] sur l’année 2014 permettent de faire un point de situation sur la situation des jeunes en emploi ou sans emploi. Les jeunes de plus de 25 ans ne sont pas couverts par les statistiques qui suivent, selon les règles en vigueur à la DARES, même si, aujourd’hui, une proportion notable des jeunes terminent leurs études à 25 ans et plus.
LE TAUX D’EMPLOI DES JEUNES DE 15 A 25 ANS EN FRANCE EST TRÈS FAIBLE
Le taux d’emploi[5] des jeunes de 15 à 25 ans en France est de 25,4%[6], il est inférieur à la moyenne du taux d’emploi des pays de l’Union européenne est de 31%[7]. On constate le net décrochage de la France en matière d’emploi des jeunes.
Parmi ces jeunes en emploi, 28,5% sont en contrat d’alternance ou en emploi aidé. La situation des jeunes en alternance peut être considérée comme une période de formation professionnelle ou comme un emploi dans la mesure où il y a contrat de travail. Ces deux lectures sont possibles. La DARES a choisi de ranger les jeunes en alternance, comme étant en en emploi.
LA PROPORTION DE JEUNES DE 15 A 24 ANS AU CHÔMAGE EST SOUS ESTIME
Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans[8] est de 23,7%[9], soit +1 point de 2013 à 2014. Il est calculé par rapport au total des actifs (ou déclaré comme tels) et non sur l’ensemble des jeunes. Sur l’ensemble des jeunes de moins de 25 ans, environ 10% sont au chômage.
Sur les jeunes de moins de 25 ans, ayant terminé leur formation initiale :
- 60% travaillent,
- 20% sont au chômage,
- 17% sont sans activité et
- 3% ont repris des études.
Les « 17% » de jeunes « sans activité » comprennent des jeunes non-inscrits à Pôle Emploi pour des raisons diverses, sans étude en cours, ni emploi
[1] Source : « Le Civis et l’accompagnement des jeunes par les missions locales » [Politiques d’emploi et accompagnement des jeunes] (6 novembre 2014) 0020
[2] Le turn over annuel des jeunes en CIVIS est de l’ordre de 45 000 jeunes entrant / sortant
[3] Ces chiffres incluent des jeunes ayant 25 ans, ceux-ci représentent néanmoins une faible proportion des alternants et même des emplois d’avenir et CAE.
[4] Tableau de bord – DARES – avril 2015 – Activité des jeunes et politiques de l’emploi
[5] Taux d’emploi : actifs occupés au sens du BIT rapporté à la population totale des jeunes de 15-24 ans (âge à la date de l’enquête)
[6] Source EUROSTAT – enquête sur les forces de travail. Ces chiffres concernent les 15/25 ans et non pas les 18/25 ans.
[7] Quelques taux d’emploi des jeunes de 15 à 25 ans selon les pays de l’Union Européenne :
Pays | Taux d’emploi |
Pays-Bas | 62,2% |
Grande-Bretagne | 48,8% |
Allemagne | 45,0% |
France | 25,4% |
Espagne | 16,3% |
Grèce | 11,2% |
[8] Source INSEE
[9] Cette proportion explique que sur certains territoires le taux de chômage dépasse les 25% ce qui leur permet de bénéficier d’aides européennes ; le seuil est en effet fixé à 25% de chômage des jeunes.
Un commentaire to “La mesure du chômage des jeunes donne une idée incomplète de la réalité sociale.”
12 juin 2015
Les jeunes inactifs viennent s’ajouter au...[…] Les « 17% » de jeunes « sans activité » comprennent des jeunes non-inscrits à Pôle Emploi pour des raisons diverses, sans étude en cours ni emploi… […]