LE PIB AURA PROGRESSÉ MOINS QUE PRÉVU EN 2016
En 2016, le PIB a progressé de 1,1%[1], suite à une progression de +1,2% en 2015.
Ce résultat est inférieur aux prévisions initiales de l’Insee et très nettement inférieur aux prévisions du gouvernement, même celle révisée en novembre prévoyait une hausse de 1,4%.
- Ce chiffre illustre, d’une part, la grande difficulté à prévoir et, d’autre part, l’importance des évolutions trimestrielles des évolutions[2].
- Ce chiffre a un impact économique et budgétaire sur les comptes de la France.
- Il a aussi des conséquences dans le domaine de l’emploi. De nombreux économistes établissent une relation entre la croissance du PIB et le nombre de créations d’emplois. Le chiffre clé de 1,5% de croissance est souvent évoqué, même s’il ne fait pas l’unanimité.
Ce chiffre présente enfin un enjeu politique. Ainsi, le ministre de l’Économie et des Finances vient de tenir des propos enthousiastes :
- « C’est le signe d’une reprise qui s’installe durablement »
- « Avec 1,1% de croissance en 2016, nous avons créé beaucoup d’emplois en France »
- « La quête d’une croissance toujours plus forte n’est pas forcément la bonne méthode, y compris pour créer de l’emploi ». « La quête des 2,5 à 3% de croissance n’a plus de sens ».
Sans les commenter dans le détail, ces affirmations politiques semblent appartenir à la « langue de bois », et tourner le dos au fonctionnement de l’économie réelle.
LA PRÉVISION D’UNE CROISSANCE 2017 A HAUTEUR DE 1,5% SEMBLE INCERTAINE
Le bon résultat constaté au quatrième trimestre (+0,4%) n’assure pas une croissance du même ordre pour les prochains mois. Il suffit de voir le déroulement de l’année 2016 pour rester prudent. Des données disponibles sont encourageantes, mais les incertitudes sont nombreuses, à la fois :
- économiques (hausse des taux d’intérêts, hausse du cours du pétrole, retour de l’inflation, etc.) et
- politiques (politique protectionniste américaine, anticipation du Brexit, instabilité internationale, etc.).
La demande intérieure pourra probablement tirer la croissance, mais parallèlement le déséquilibre du commerce extérieur continuera sans doute à peser.
La faiblesse du commerce extérieur continue à handicaper profondément l’économie nationale. En 2016, la croissance aurait pu atteindre 2 % si l’impact du commerce extérieur sur l’activité avait été neutre.
Les produits français sont considérés comme trop chers par une grande part des pays étrangers. La faute en revient pour une grande part aux choix politiques français en matière d’impôts, de taxes et de contraintes pesant sur les entreprises. Ces conditions entretiennent des freins à la conquête de marchés extérieurs.
Les incertitudes mondiales et la faiblesse de la reprise semblent devoir conduire à une hausse modérée du PIB. Ceci explique que des observations aient été émises sur les hypothèses de la loi de finances 2017[3] par le Conseil constitutionnel.
L’AUGMENTATION PRÉVUE DU NOMBRE D’EMPLOIS AU 1er SEMESTRE 2017 RESTERAIT LIMITÉE
Dans sa note de conjoncture de décembre[4], l’Insee a publié ses prévisions sur l’évolution du marché de l’emploi en 2017.
- « Dans les enquêtes de conjoncture, les perspectives en termes d’effectifs restent élevées, même si elles se tassent un peu dans l’intérim, et l’emploi salarié marchand retrouverait son rythme du premier semestre d’ici mi-2017 (en moyenne +30 000 par trimestre). »
- « Dans les branches non marchandes, l’emploi augmenterait de nouveau modérément au premier semestre 2017 (+8 000, comme au second semestre 2016), essentiellement grâce à sa composante privée : le nombre de bénéficiaires de contrats aidés se stabiliserait quasiment, celui de fonctionnaires baisserait de nouveau légèrement, notamment dans les collectivités locales. »
- « Par ailleurs, l’emploi des non-salariés et celui des salariés agricoles seraient quasi stables ».
Au premier semestre 2017, le nombre global d’emplois progresserait de 70 000 postes, après une progression de +88 000 au second semestre 2016 (chiffre tout à fait provisoire qui reste à valider prochainement).
Le chômage diminuerait légèrement d’ici mi-2017[5], car la hausse attendue du nombre des emplois serait légèrement supérieure à celle de la population active, et le nombre de chômeurs diminuerait légèrement.
Ces prévisions de très légère diminution, après une longue période de hausse, puis une courte séquence de stagnation du nombre des chômeurs, restent évidemment à confirmer dans les mois qui viennent.
[1] Source : INSEE – Informations rapides – No 27 – Paru le : 31/01/2017 – https://www.insee.fr/fr/statistiques/2570745
[2] « Au quatrième trimestre 2016, le produit intérieur brut (PIB) en volume accélère : +0,4 %, après +0,2 % au troisième trimestre ». (Insee)
2016 | T1 | T2 | T3 | T4 |
Evolution PIB | +0,6% | -0,1% | +0,2% | +0,4% |
[3] L’avis du Conseil constitutionnel concernant le projet de loi de finances 2017, et la loi rectificative pour 2016, précise ainsi que « les hypothèses retenues pour 2016 et 2017 peuvent être regardées comme optimistes, particulièrement en ce qui concerne le déficit pour 2017 ».
[4] INSEE – La croissance à l’épreuve des incertitudes – Note de conjoncture – décembre 2016 – https://www.insee.fr/fr/statistiques/2531680?sommaire=2531694 – Vladimir Passeron – Dorian Roucher – Vincent Dortet-Bernadet – Pauline Meinzel
« En France, la demande interne tirerait la croissance du PIB qui s’élèverait à +0,4 % au dernier trimestre 2016 puis resterait presque sur ce rythme au premier semestre 2017. L’acquis de croissance pour 2017 s’élèverait à +1,0 % à mi-année, comme un an plus tôt. Le commerce extérieur cesserait quasiment de peser sur la croissance au premier semestre 2017. L’emploi total progresserait de presque 190 000 postes en 2016 puis de 70 000 postes au premier semestre 2017 et le taux de chômage baisserait à nouveau légèrement, pour atteindre 9,8 % mi-2017, contre 10,0 % à l’été 2016. »
[5] « Le chômage diminuerait à nouveau légèrement d’ici mi-2017. Avec le dynamisme de l’emploi, le taux de chômage a légèrement baissé entre le premier et le troisième trimestre (–0,2 point à 10,0 %). Au cours des trimestres suivants, la hausse attendue de l’emploi serait légèrement supérieure à celle de la population active, et le nombre de chômeurs diminuerait à nouveau progressivement. Le taux de chômage s’élèverait à 9,8 % mi-2017 (9,5 % en France métropolitaine). »
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