Les données statistiques, concernant la croissance et l’emploi, qui sont rendues publiques diffèrent selon les émetteurs et dans le temps, selon les hypothèses retenues.
Ces derniers temps certaines annonces tendent à « donner le moral », aux particuliers comme aux entreprises, en insistant sur un chiffre plutôt qu’un autre et en évitant de présenter les perspectives de manière générale.
En particulier, les améliorations conjoncturelles annoncées, par ailleurs restant à confirmer, ne peuvent gommer les problèmes structurels existants en France.
Le jeu des annonces ne produit son effet qu’un temps…
L’UNEDIC A UNE APPROCHE INTÉRESSANTE DES QUESTIONS D’EMPLOI
L’Unedic vient de donner des prévisions financières de l’Assurance chômage pour la période de 2017 à 2020[1]. Elle repose sur des hypothèses sur le nombre des emplois et celui des chômeurs des années à venir.
Son approche est unique, car l’Unédic doit tenir compte simultanément :
- du nombre des salariés affiliés (prévision des recettes des cotisations)[2],
- du nombre des chômeurs, dont une part est bénéficiaire de l’allocation chômage (prévision des dépenses d’allocation).
Les autres prévisions officielles concernent séparément les deux données : d’une part, le nombre des emplois occupés (Acoss) et, d’autre part, le nombre des demandeurs d’emploi (Pôle Emploi, DARES). Seul l’Insee pourrait avoir une approche globale (actifs, chômeurs, en emploi).
L’UNEDIC MISE SUR LA CRÉATION DE 500 000 EMPLOIS ENTRE 2017 ET 2020
L’Unedic mise sur une croissance de 1,5% pour 2017[3]. Ce taux a été récemment revu à la hausse par l’Insee à 1,6%, mais on sait combien ces prévisions mêmes à court terme sont fragiles
La croissance du nombre de salariés prise en compte conduit aux chiffres suivants :
- Pour 2017 : 180 000 emplois affiliés à l’Unedic[4]
- Pour 2018 : 118 000 emplois,
- Pour 2019 : 99 000 emplois et
- Pour 2020 : 100 000 emplois.
Ces chiffres sont évidemment calculés « sous réserve des politiques publiques qui pourraient être définies dans les prochains mois ».
Il est vrai que la nouvelle politique de l’emploi reste encore incertaine pour les années à venir et que, faute de moyens budgétaires affectés[5], elle devrait voir son impact réduit, dès le second semestre 2017.
Parallèlement, l’Unédic table sur une réduction du chômage[6], donc de ses dépenses.
Le nombre des demandeurs d’emploi augmenterait encore légèrement en 2017, puis diminuerait dès mi-2018, d’où une réduction des dépenses d’allocations chômage « de -0,5 % en 2019 et -0,4 % en 2020 ».
La baisse du nombre de chômeurs indemnisés serait plus progressive que celle du nombre global des chômeurs en raison du nombre des reprises partielles d’activité.
LE REDRESSEMENT DE L’ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE ANNUEL DE L’UNEDIC NE RÉSOUT PAS LE PROBLÈME DE SA DETTE
Cette hypothèse de 500 000 créations d’emploi dans les 4 ans (soit +2,6% des effectifs à fin 2020) permet d’annoncer une diminution progressive du déficit annuel de l’Unedic d’ici à 2020.
Elle conduit à estimer une dette de l’ordre d’une année de cotisations Unedic en 2020.[7]
Les prévisions de l’Unedic sur l’emploi portent sur une amélioration progressive, mais légère, de la situation avec le maintien d’un taux de chômage à 8,7% à fin 2020. C’est-à-dire le maintien d’une situation de chômage de masse.
Observation :
L’Unédic ne commente pas les propositions politiques annoncées à son propos (nationalisation élargissement des publics indemnisés, etc.). Une réflexion est pourtant programmée par le gouvernement pour le mois de septembre 2017 afin de déposer un projet de loi en 2018.
Lire le billet « Pourquoi le projet de M. Macron concernant l’indemnisation-chômage n’est pas crédible ? » http://bit.ly/2mjUOL2
[1] Communiqué de presse de l’Unédic du 21 juin 2017
[2] Ses prévisions s’appuient sur des hypothèses dont le nombre de salariés cotisants et une hausse des salaires, donc des cotisations chômage.
[3] « Après avoir atteint 1,1 % en 2016, la croissance de l’économie française accélèrerait en 2017 pour s’établir à 1,5 % à partir de 2018, selon le Consensus des économistes. » Communiqué Unédic.
[4] L’Insee parie sur une progression du nombre global des emplois de 222 000 en 2017. Cela sera inférieur au 255 000 de 2016, car elle tient compte de la diminution du nombre des contrats aidés.
[5] Aucun collectif budgétaire n’est prévu pour 2017.
[6] « Le taux de chômage au sens du BIT se stabiliserait à 9,3 % en 2017 puis baisserait de façon continue jusqu’à atteindre 8,7 % fin 2020 sous l’effet de la conjoncture économique et de la moindre augmentation de la population active. » Communiqué Unédic.
[7] « Sous l’effet combiné de l’impact de la nouvelle convention d’assurance chômage et d’une conjoncture économique qui s’améliorerait, le déficit de l’Assurance chômage diminuerait, passant de plus de 4 Mds d’€ en 2016 à moins d’1 Md d’€ en 2020 » (850 000 € pour être précis) « A cet horizon, la dette se stabiliserait en atteignant une année de recettes du régime, soit 39,1 Mds d’€. » Communiqué Unédic.
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