Beaucoup de points de vue ont été donnés concernant le principe des emplois aidés, de nombreuses études ont été publiées depuis fort longtemps. Mais la question reste toujours en suspens. De manière très pragmatique, il semble utile de faire quelques remarques pour remettre ce choix des emplois aidés dans son contexte. Ces éléments qui suivent s’adressent davantage à des personnes hostiles, ou réservées, au principe des emplois aidés. Ils peuvent servir de bases à débats.
LES EMPLOIS AIDES SE TROUVENT AU CROISEMENT DE LA SOLIDARITÉ ET DU TRAVAIL
Les emplois aidés répondent à un besoin social pour des personnes qui n’ont que peu de chance d’accéder a un travail salarié dans une situation de pénurie d’offres d’emploi par rapport à la demande en emplois. C’est le cas aujourd’hui en France.
Les vraies questions auxquelles il faut répondre aujourd’hui restent le ciblage des publics, le nombre de ces contrats, leur durée, leur nombre d’heures, la présence ou non d’une formation professionnelle, l’accompagnement, le montant de l’aide ou des exonérations de charges, etc.
Les réponse à ces questions changeraient, au moins en partie, en période de plein emploi…
Par rapport à des allocataires du chômage ou de bénéficiaires du RSA, il est difficile de mettre en cause simultanément l’assistanat et les emplois aidés, comme le font certains économistes « libéraux ». En effet, ne vaut-il pas mieux verser une aide à l’emploi à l’employeur d’un salarié que de verser la même somme à une personne sans emploi ?
A ce propos, on ne peut que remarquer de manière assez générale que le rapprochement entre les dépenses venant de différents budgets publics sont rarement mis en regard (politique de l’emploi, solidarité et assurance chômage).
Rappelons-nous, par exemple, que l’impact du passage de la retraite de 60 à 62 ans sur les dépenses de l’assurance chômage n’a jamais été sérieusement pris en compte. Or le taux de chômage des seniors étant élevé et leur retour a l’emploi rare, le nombre des allocataires s’est accru naturellement.
LES EMPLOIS AIDÉS CONSTITUENT UNE AIDE À DES EMPLOYEURS
Le financement des emplois aidés constitue une aide à l’employeur qui, sous certaines conditions, lui permet d’avoir recours à des salariés à un cout inférieur au salaire minimum. Le positionnement des emplois aidés apparait bien différent selon la nature des employeurs.
Pour le secteur marchand, le recours pose problème dans la mesure ou l’on pourrait être amené ponctuellement à fausser la concurrence. Mais dans la mesure ou cette aide est liée à une embauche en CDI, elle permet d’encourager des débuts de carrières stables pour des jeunes.
Pour le secteur public, le recours aux emplois aidés entre en concurrence avec d’autres emplois, en particulier de postes de catégorie C qui ont tendance à disparaitre. Cette situation pose un vrai problèmes RH (entre titulaires recrutés sur concours, contractuels vacataires, contrats de droit privé, « stagiaires »…). L’état verse de l’argent à des employeurs publics plutôt que de budgéter des emplois chez ces mêmes employeurs. Cela peut paraitre un peu hypocrite.
Pour le secteur associatif, les emplois aidés apparaissent d’une certaine manière comme une subvention de fonctionnement lié au recours à des salariés peu qualifiés ou en difficulté (personnes handicapées par exemple). Dans un contexte de diminution des subventions publiques engagée suite à la réduction des dotations aux collectivités locales et aux budgets de l’état, les emplois aidés sont recherchés par une part des associations pour faire fonctionner leurs activités. Pour l’état, la participation au financement des emplois apparait parfois (ou pour certains) comme un contrôle a priori des fonds publics délivrés aux associations (ce fut le cas de financement d’« emplois tremplin » par les Conseils régionaux).
LES EMPLOIS AIDÉS DONNENT UNE CHANCE À DES PERSONNES ÉLOIGNÉES DE L’EMPLOI DE TRAVAILLER ET DISPOSER DE RÉFÉRENCES PROFESSIONNELLES.
Dans la mesure où ils sont bien gérés les emplois aides donnent une chance à des personnes en difficulté de rentrer dans le monde de l’emploi. C’est une mesure d’insertion sociale et professionnelle.
« Voir un ami pleurer » chantait Jacques Brel. « Voir un chômeur pleurer » pourrais-je dire en me rappelant cette femme qui après la signature de son contrat de travail en emploi aidé pleura devant moi tant l’émotion était forte pour cette personne qui pensait ne plus jamais avoir l’occasion de travailler de sa vie.
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