Dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences (PIC), le gouvernement a lancé un programme de 10 000 formations aux métiers du numérique qui devraient être proposées sur une période de deux ans. Il s’agit donc d’un objectif quantitativement limité.
Le programme a été intitulé « 10 KNUM | 10 000 formations au numérique ».
Ce programme cible, des jeunes de moins de 26 ans et des demandeurs d’emploi, peu qualifiés pour se former « au numérique ». Un quota de 80% de personnes ne disposant pas du baccalauréat a été fixé.
Ce choix est évidemment discutable. Il existe, en particulier, un public nombreux de jeunes « décrocheurs universitaires[1] » de toutes filières, qui auraient pu être positionnés avec pertinence sur de telles opportunités de formation.
LE PROGRAMME « 10 000 FORMATIONS AU NUMÉRIQUE » EST MIS EN ŒUVRE PAR POLE EMPLOI.
Pôle emploi s’appuie sur le réseau de la « La Grande École du Numérique »[2] pour proposer des parcours longs de formations opérationnelles (800h) leur permettant d’atteindre un niveau de qualification type technicien supérieur (Bac +2), mais non diplômantes, les métiers visés concernent la maintenance des matériels, l’exploitation, la sécurité, le développement web…
Ces formations sont entièrement prises en charge par Pôle emploi[3]. Pour les entreprises, elles ouvrent le droit à une nouvelle « Aide au Projet d’Inclusion de Compétences Numériques (APICN) » avec une prise en charge du coût de la formation jusqu’à 8€/heure et la rémunération du demandeur d’emploi.
Les Missions Locales ne sont pas les acteurs de cette application du PIC.
LE CONTEXTE DES EMPLOIS NUMÉRIQUE EST COMPLEXE
Le marché de l’emploi du secteur du numérique est sans aucun doute globalement porteur[4], mais, dans le détail des postes et qualifications requises, il est assez complexe à bien connaitre à un moment donné et à prévoir dans ses évolutions.
D’un côté, la demande des recruteurs est forte et, de l’autre, le stock de demandeurs d’emploi dans ces spécialités de diminue pas[5]. Pour résumer, il apparait que les entreprises du secteur privilégient l’embauche de jeunes plutôt que des personnes confirmées de plus de 45 ans. Les débats sur les réseaux sociaux, à ce propos, sont assez vifs. Quand on lit les messages des « vieux informaticiens », on constate que cela constitue un réel problème.
Par ailleurs, les métiers sur lesquels les entreprises du secteur recrutent évoluent vite, certains disparaissent, comme cela a été le cas avec des délocalisations de certains profils d’emploi, et d’autres apparaissent, au moins pour une période.
Le besoin en formation professionnelle « de haut niveau » est plus critique que dans d’autres domaines. Elle doit s’adresser à des personnels diplômés à bac+2, licence, master à des cadres ayant bénéficié de promotion interne et au-delà. Le niveau des postes et des qualifications est globalement plus élevé que dans la plupart des autres secteurs.
Dans ce contexte, le positionnement et le devenir de jeunes non qualifiés, ayant bénéficié de ces formations professionnelles, a priori non diplômantes, sera à observer.
LA PLACE DE L’ÉDUCATION NATIONALE DANS LA FORMATION AUX MÉTIERS DU NUMÉRIQUE DOIT ETRE AFFIRMÉ.
Le choix d’avoir recours à des organismes de formation professionnelle variés, en dehors de l’éducation nationale, pour des jeunes, a répondu à une solution d’urgence. Mais l’intégration dans une formation initiale apparait sans aucun doute comme la meilleure voie pour des jeunes non qualifiés. Si une formation « 10 KNUM » permet de raccrocher un cycle diplômant, les choses seront au mieux.
L’ambition affichée par le gouvernement sur ces formations est positive, au profil près des publics ciblés[6]. Il faudra apprécier le bilan réel de l’opération dans trois ans en considérant le taux des formations ayant abouties et le pourcentage de personnes ayant débouchés sur une embauche en CDI.
[1] Il s’agit de jeunes disposant d’un bac mais n’ayant obtenu aucun diplôme du supérieur.
[2] La « Grande Ecole du Numérique » est un réseau de plus de 400 formations labellisées aux métiers du numérique. Elle répond aux besoins des recruteurs en compétences numériques. Les formations portent sur la programmation et développement, la conception et gestion de projets, la communication et marketing ou encore l’analyse des données et cybersécurité (www.grandeecolenumerique.fr)
[3] Les réunions d’informations ont débuté dans les agences de Pôle emploi le 22 mai. Les inscriptions en ligne sont possibles.
[4] Les organisations professionnelles estiment, sur ces 10 dernières années, à 4% par an la croissance de la demande des professionnels des technologies numériques. Le chiffrage à « 80 000 emplois non pourvus », faute de profils adaptés (Conseil d’orientation pour l’emploi – 2017) apparait très largement excessif. Les modes de recrutements des entreprises du secteur expliquent largement les difficultés, c’est-à-dire les délais, de recrutement du secteur.
[5] Le stock d’informaticiens inscrits à pôle emploi ne diminue pas.
[6] « Pour les entreprises : les 10 000 formations au numérique, permettront de former un futur collaborateur en développant ses compétences avec l’opportunité de le recruter à l’issue de sa formation. Une démarche gagnant-gagnant pour les entreprises et les demandeurs d’emploi ! » http://travail-emploi.gouv.fr/grands-dossiers/plan-d-investissement-competences/article/10-knum-10-000-formations-au-numerique
Pas de commentaire sur “La cible des bénéficiaires des « 10 000 formations au numérique » gagnerait à être élargie.”