Le raisonnement qui prévaut au niveau du ministère du Travail semble purement budgétaire. Il ne prend apparemment pas en compte les missions de l’établissement et la réalité du chômage de masse.

POLE EMPLOI POURSUIT LA DIMINUTION ENGAGÉE DE SES EFFECTIFS

La récente annonce par la Direction d’une possible poursuite de la réduction du nombre de postes à Pôle emploi n’a rien d’étonnant.

Elle constitue une première illustration de la politique d’économie qui se profile au niveau de l’assurance chômage, qui va devenir un service d’indemnisation chômage étroitement contrôlé par l’État, comme le permet les dispositions du projet de loi « avenir professionnel ».

Cette information fait suite à des réductions des effectifs de Pôle emploi en 2018,

• D’une part, de 1 380 contrats aidés (contrats en CUI CAE non renouvelés) et,

• D’autre part, de 297 postes en Équivalents Temps Plein (ETP).

En effet, dans le cadre de la loi de finances 2018[1], l’État a baissé de 50 millions d’euros sa subvention à Pôle emploi.

Le Directeur général de Pôle emploi a évoqué le fait que 4 000 postes pourraient disparaître d’ici à trois ans grâce au non-renouvellement des salariés partant en retraite et des démissionnaires. Les départs se situent actuellement autour de 2,5% chaque année (soit environ 1 300 salariés).

Cette annonce peut étonner dans la mesure où :

• le nombre d’inscrits à Pôle emploi a continué à grossir[2] selon les derniers chiffres : près de 6 millions de demandeurs d’emploi sont tenus à une recherche active, soit +2,1% sur un an et +121 000 personnes à fin mars 2018.
  

• les missions données à l’établissement, en particulier de contrôle des demandeurs d’emploi (qui devrait mobiliser 1 000 agents à terme), semblent devoir s’accroitre.

Les effectifs de Pôle Emploi devraient ainsi repasser nettement en dessous de la barre de 50 000.

POLE EMPLOI COMPTE SUR DES JEUNES EN SERVICE CIVIQUE POUR ASSURER DES MISSIONS

Pour assurer la diminution des effectifs et l’augmentation des missions, il serait entre autres[3] question de faire appel à des jeunes en service civique !

Très cyniquement, la direction de Pôle emploi semble envisager, de plus ou moins, remplacer les personnes qui étaient sous contrats de travail aidés par de jeunes volontaires en service civique.

Pour un organisme public en charge de l’emploi, cela semble scandaleux, ou plus simplement bête, car les requalifications en contrat de travail de ces missions des jeunes en service civique vont abonder avec le soutien de tous les syndicats de Pôle emploi…

Pour aller au bout du raisonnement de la Direction et de l’État, le mieux ne serait-il pas alors de demander à des chômeurs indemnisés de travailler à Pôle Emploi et de remplacer l’ensemble des personnels ? L’économie serait substantielle ?

Le gouvernement prend le contrôle de l’indemnisation chômage pour limiter son budget. https://bit.ly/2HrdwdC

LA NOUVELLE CONVENTION TRIPARTITE DE POLE EMPLOI POUR 2019 – 2021 DEVRAIT ENCORE RÉDUIRE LE PÉRIMÈTRE DE L’ÉTABLISSEMENT

Une nouvelle convention tripartite de Pôle emploi, pour 2019 – 2021, va être négociée en septembre 2018, soit après l’adoption de la loi « avenir professionnel ».

Il est probable que la nouvelle convention réservera des surprises et, très concrètement, une réduction des financements attribués à l’établissement.

[1] La mission « Travail » de la loi de Finances 2018 a déjà perdu 1,5 milliards d’euros de crédit par rapport à 2017. Sur la trajectoire 2018-2022, la réduction budgétaire prévue est de l’ordre de 4 milliards d’euros…

[2] Le chômage de masse persiste. Près de 6 millions de demandeurs d’emploi sont tenus à une recherche active, soit +2,1% sur un an et +121 000 personnes à fin mars 2018. Pôle emploi compte 6,6 millions d’inscrits à fin mars 2018. https://bit.ly/2HPHEjk

[3] Solution classique : il est question de redéployer les postes, notamment au sein des plateformes téléphoniques, et de réorganiser les personnels en développant les services en ligne ; cela revient concrètement vis-à-vis de personnes sans emploi en difficulté à une grave réduction du service rendu. Cela s’appelle : « accroître les gains de productivité grâce à la dématérialisation ».