LES MÉTIERS DITS « VERTS ET VERDISSANTS » PEUVENT INTRIGUER.
L’annonce de 10 000 formations à ces métiers dans les deux ans à venir s’inscrit dans le cadre du Plan d’Investissement dans les compétences dénommé « 10Kverts ». Deux types de métiers :
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Les « professions vertes » qui ont une finalité environnementale directe[1] (moins de 500 000 emplois).
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Les « professions verdissantes» qui prennent en compte des « préoccupations environnementales » mais relèvent de métiers bien connus (3 500 000 emplois).
Cette approche est conçue de manière assez large pour permettre d’annoncer qu’elles concernent 4 millions d’emplois.
Derrière les discours « écolos » ou de « transition écologique », se cachent certains changements d’habitudes ou de priorités, qui se défendent tout à fait. Mais la sophistication du discours prête bien souvent à en sourire[2].
IL est vrai qu’un programme intitulé « les chiffonniers » a été prohibé et pourtant, il y a bien là une fonction à assurer d’autant plus que les produits à recycler deviennent effectivement plus nombreux et que le potentiel augmente.
UN NOUVEAU PROGRAMME DE FORMATIONS VERTES A ÉTÉ ENGAGÉ
Pôle emploi s’est vu confier comme objectif de cofinancer 10 000 formations aux « emplois de la transition écologique » dans le cadre des « préparations opérationnelles aux emplois de la transition écologique ». Cette initiative prend la place de programmes antérieurs.
Ce programme de formations vise des jeunes non qualifiés et des demandeurs d’emploi[3] qui ne le sont guère davantage.
Il vise « la formation des salariés en insertion par l’activité économique », « notamment dans le champ du recyclage, de l’économie circulaire et des ressourceries[4] ».
Les secteurs visés sont le bâtiment, les travaux publics, la logistique, la valorisation des déchets, le recyclage, etc.[5]
L’IMPACT DE CETTE INITIATIVE RESTE INCERTAIN.
L’intention est globalement bonne, mais la démarche semble volontairement trop floue pour être lisible et reconnue. Cette absence de parler-vrai porte atteinte à la clarté d’une démarche constructive.
Par exemple : les « nouveaux gestes des terrassiers, pour préserver la biodiversité ou économiser les matériaux non renouvelables » font sourire dans le monde des travaux publics. Le discours sur « les nouveaux gestes de terrassiers » rappelle davantage la pièce : « Les précieuses ridicules » qu’autre chose.
La création des titres comme « chargé d’affaires en rénovation énergétique du bâtiment » ou « technicien de maintenance d’équipements de chauffage, climatisation et énergie renouvelables » est une bonne idée, mais ils se contentent de prendre en compte l’évolution naturelle de ces métiers existants dans le bâtiment, sans en créer réellement d’autres.
Juste une illusion.
En conclusion, l’idée en soi de « 10Kverts » apparait a priori bonne, mais sa présentation est verbeuse[6] et son impact direct a toute chance de rester assez limité quant au nombre de formations, à leur nature et à leur efficacité pour intégrer un emploi.
[1] « Les éco-activités et l’emploi environnemental au sens strict représentent près de 2% de la population active : 456 000 emplois. »
[2] Exemple du discours : « L’invention d’un nouveau modèle productif et social plus respectueux de l’environnement est une nécessité. Il s’agit de renouveler nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble, pour répondre aux grands enjeux du changement climatique. »
[3] Sous le contrôle du « haut-commissaire à la transformation des compétences ». L’intitulé mérite un grand bravo.
Le discours prône : « l’invention d’un nouveau modèle productif et social plus respectueux de l’environnement est une nécessité. Il s’agit de renouveler nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble, pour répondre aux grands enjeux du changement climatique. »
et précise que
« La transition écologique est aussi une question d’emploi et de compétences ».
[4] C’est-à-dire les « lieux où sont collectés les objets dont les propriétaires n’ont plus besoin. Ils sont remis en état, recyclés, transformés… Cela permet de donner une seconde vie aux objets et réduit les déchets ».
[5] « Les compétences concernées sont notamment : Tri des déchets pour des activités professionnelles et chantiers propres et l’économie circulaire ; Utilisation de produits plus respectueux de l’environnement, utilisation de biomatériaux dans le bâtiment ; Entretien, maintenance et recyclage dans le secteur automobile ; Agriculteurs qui se lancent dans la méthanisation de la biomasse ;Installation de nouveaux matériels performants : chaudière à condensation, pompes à chaleur, outils de comptage intelligents… ; Nouveaux gestes des terrassiers, pour préserver la biodiversité ou économiser les matériaux non renouvelables. »
[6] L’intervention de Muriel Pénicaud donne une idée de la valse politique à laquelle se livre le rédacteur de ses discours :
« Les besoins en compétences évoluent de plus en plus vite, chacun doit pouvoir apprendre tout au long de sa vie. Adaptons-nous ! Les emplois verts et verdissants représentent 4 millions d’emploi, nous devons saisir cette opportunité à l’heure où la lutte contre le chômage est notre priorité. Le plan d’investissement dans les compétences, véritable levier pour anticiper et accompagner l’évolution des métiers, permettra de former 10 000 jeunes et demandeurs d’emploi aux métiers verts, dès 2018. Notre enjeu : permettre à chaque actif d’avoir un emploi et de trouver sa voie pour réussir ».
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