Les missions locales interviennent positivement en faveur de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes non ou peu qualifiés par un accompagnement personnalisé. Elles constituent une réponse associative adaptées aux territoires qui s’est construite progressivement.
La couverture et l’homogénéité des services rendus par les ML pourrait être améliorée, en particulier l’identification des « invisibles »[1]. Mais en dehors de ces aspects, les prestations sont de bonne qualité et l’efficacité en matière d’insertion sociale et professionnelle des jeunes, éloignés de l’emploi, est certaine, à condition que des outils soient donnés aux missions locales. Ces outils dépendent de la politique du ministère du Travail et de son budget.
Par exemple, la perte depuis 2017 d’un nombre important de contrats aidés ouvert aux jeunes ou l’attribution de la compétence formation à Pole Emploi dans le cadre du Plan d’investissement Compétences (PIC), obèrent à court terme en partie au moins les résultats des missions locales sur le programme central de la « Garantie Jeune ».
Les « parcours emploi compétences (PEC) » (nouveaux emplois aidés) ne sont pas ciblés sur les jeunes, mais sur des demandeurs d’emploi de très longue durée, des seniors, des résidents de quartiers « politique de la ville », des travailleurs handicapés …
La vision politique du ministère consiste à renvoyer les jeunes vers la seule solution de l’apprentissage, à ceci près que l’offre dans ce domaine ne progresse pas parallèlement…
UNE RÉORGANISATION DE POLE EMPLOI SE PRÉPARE
La réorganisation de Pole Emploi est inscrite au programme[2] et étroitement liée à la « transformation » de l’indemnisation chômage. D’après les choix prévisibles en continuité avec les mesures prises, deux éléments vont conduire les décisions : un budget probablement réduit et un souhait d’un contrôle étatique plus fort.
Au-delà des considérations budgétaires, les conseillers emploi, membres des cabinets ministériels et de la ministre, semble considérer une certaine inutilité des politiques de l’emploi et de leurs opérateurs sur le marché du travail[3]. C’est ce qui explique les réductions budgétaires adoptées en 2018 (disparition de la prime d’embauche aux TPE PME courant 2017 et la forte réduction du nombre des emplois aidés).
Le même raisonnement de diminution des moyens de la politique de l’emploi risque de s’appliquer en 2019, sauf surprise.
LES MISSIONS LOCALES SE TROUVENT MENACÉES SUR PLUSIEURS PLANS
Les missions locales se trouvent menacées sur plusieurs plans : budgétairement, sur leur gestion des outils et sur un risque d’absorption par Pôle Emploi.
Sur ce dernier point, le gouvernement envisagerait que des collectivités locales « volontaires » puissent expérimenter l’intégration de leur mission locale dans Pôle emploi dans le cadre d’« une gouvernance adaptée »[4]. Faute de moyens financiers, certains conseils départementaux en particulier pourraient opportunément se saisir de l’occasion…
L’Union Nationale des Missions Locales (UNML) réunit un bureau exceptionnel fin août 2018, « pour prendre les initiatives qui s’imposent pour garantir l’unité du réseau des Missions Locales et la qualité de ses interventions comme l’acteur central de l’accompagnement des jeunes vers l’emploi mais aussi l’autonomie. »
[1] Le terme « Invisible » désigne des jeunes qui ne sont suivis par aucun acteur de l’insertion à leur sortie du système éducatif ou dans les années qui suivent…
[2] La prochaine convention tripartite Etat-Pôle emploi-Unédic sera bouclée à la fin de l’année 2018.
[3] L’optique statistique de certains experts, issue de leurs travaux de recherche antérieurs, l’emporte sur une observation globale de l’accompagnement des parcours et de la dimension sociale de l’action des missions locales. Ces conseillers jouent en faveur d’une lecture passive des politiques emplois vis-à-vis du marché du travail.
[4] L’UNML a exprimé son incompréhension totale face au communiqué et à la déclaration surprise du Premier ministre mercredi 18 juillet concernant « la coordination du service public de l’emploi » avec des expérimentations pour « fusionner les structures de la mission locale au sein de Pôle emploi avec une gouvernance adaptée ». Cette décision n’a fait l’objet d’aucune concertation. Cette déclaration est en complète contradiction avec les assurances que la ministre a données sur la pérennité du fonctionnement et sur l’identité du réseau des Missions Locales. https://bit.ly/2P4uLCM
3 commentaires to “Pourquoi les missions locales seront-elles menacées en 2019 ?”
1 septembre 2018
El BachiriBonjour, si l’approche globale préconisé par Monsieur Martin Hirsh n’est plus d’actualité, pensez vous que la mutation de l’outil M locale va se traduire par une disparition des structures pour et simple (quid du personnel ml) ? L’absorption potentielle de ml par pôle emploi avec gouvernance partagée est elle politiquement possible vu la disparité des financements sur le territoire.
N’est il pas question d’une implosion des missions portées par les ML. Tout le volet emploi et garanti jeunes récupérés par pôle emploi. Et tout ce qui est du ressort du social, des freins périphériques (santé, logement, loisirs.. ) récupérés par les collectivités territoriales (conseils départementaux, politiques locales communes, EPCI…) Merci
3 septembre 2018
El BachiriCorrection monsieur Bertrand Schwartz et non Hirsh.
Cordialement
4 septembre 2018
El BachiriBonjour, merci pour votre réponse. Il serait donc question de faire porter les ML par pôle emploi comme une appendice de son activité dans les intégrer à l’établissement ? Quid de la place du pôle emploi au sein du conseil d’administration de la ML, quid des orientations du plan d’action des ML ?