LES CHÔMEURS SONT BIEN RESPONSABLES DE LEUR CHÔMAGE !
Les libres propos du président de la République, tenus à un jeune au chômage, à l’occasion des Journées du patrimoine dans les jardins de l’Élysée, sont révélateurs de l’état d’esprit du chef de l’État sur les questions de chômage et d’emploi et de son faible degré de connaissance en ce domaine.
Dire : « Je traverse la rue et je vous trouve un travail« [1], signifie qu’il suppose que le chercheur d’emploi type n’en recherche pas vraiment et que les acteurs de l’accompagnement, Pôle emploi, missions locales ou autres, ne font pas leur travail en ce qui concerne la recherche ou l’organisation de la mobilité professionnelle.
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Le président parle, sans gêne, de ce qu’il ignore : en l’occurrence les débouchés dans l’horticulture, qui est la formation du jeune auquel il répond.
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Il reste sur le fantasme des « emplois inoccupés », mis en avant dans son discours politique par la ministre du Travail, pour rassurer l’opinion quant à la baisse du chômage d’ici à 2022. Ce stock d’emploi reste très limité, même si certains recrutements demandent parfois du temps.
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Il semble ignorer qu’un emploi dans le Bâtiment demande des qualifications (un apprentissage, des études, des diplômes, etc.). Il a d’ailleurs déjà fait des déclarations en ce sens, remettant en cause le fait que l’emploi soit lié aux qualifications dans les secteurs professionnels (voir les débats sur la loi Macron).
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Enfin, il ne doit pas savoir que le gouvernement souhaite mettre en place des dispositions pour réduire les contrats courts (cadrage de la négociation sur l’indemnisation chômage). Renvoyer un jeune vers l’hôtellerie, les cafés ou la restauration fait sourire. Car cela ne parait pas très cohérent de mettre en avant ces emplois, alors que l’on se prépare à les restreindre par des mesures publiques de malus.
Les propos du Président me font penser, sans doute à tort, à celui d’un grand bourgeois du XIXe siècle à l’égard des pauvres.
Tout cela traduit une grande incompréhension de la réalité économique et sociale, ce qui ne peut qu’inquiéter quant à la politique de l’emploi à venir.
[1] Les principales répliques du président est la suivante :
« Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie, les cafés, la restauration, dans le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais où ne me dit pas qu’on cherche des gens (…) Hôtels, cafés, restaurants… Je traverse la rue et je vous en trouve. »
« Ils veulent simplement des gens qui sont prêts à travailler, avec les contraintes du métier. Vous allez à Montparnasse, vous faites une rue avec tous les cafés et les restaurants, franchement, je suis sûr qu’il y en a un sur deux qui recrute en ce moment ».
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