LA ROUTE DE L’ORIENTATION EST TORTUEUSE : L’EXEMPLE DES TRAVAUX PUBLICS.
La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) vient de lancer une nouvelle campagne de communication pour convaincre des jeunes de rejoindre le secteur des travaux publics. La campagne se fait sur le slogan « Franchement respect »[1] ; elle contient une vidéo, sur un air de rap, etc. Pas question ici de commenter l’esprit contestable de cette publicité…
Les ministres de l’Éducation nationale et du Travail viennent de signer avec la FNTP une convention sur la découverte des métiers des TP et sur l’insertion professionnelle des jeunes. Elle porte sur deux-points
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16 000 collégiens en classe de 3e devraient être accueillis en stage d’observation en 2018-2019,
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Les effectifs d’apprentis du secteur devraient augmenter de 50% d’ici 2023 pour atteindre le seuil des 12 000 apprentis (contre 8 000 aujourd’hui).
Cette intervention visant à améliorer l’attractivité des métiers des travaux publics auprès des jeunes est bienvenue, mais il faut la remettre dans le contexte des débouchés du secteur.
LA SITUATION DU SECTEUR EST BONNE, MAIS SON AVENIR RESTE INCERTAIN.
La FNTP affirme qu’:
« après des années de crise, l’activité du secteur des Travaux Publics (TP) repart à la hausse. La moitié des entreprises de TP déclare être aujourd’hui limitée dans l’accroissement de leur activité, car elles ne trouvent pas le personnel dont elles ont besoin. On estime ainsi à 200 000 leurs besoins de recrutement dans les cinq prochaines années.[2] »
La réalité est qu’effectivement il y a un léger mieux en 2017 et 2018 au niveau des activités, mais que la suite n’est pas assurée. Certes, il y a des éléments de contexte exceptionnel favorable, comme le « Grand Paris » ou des chantiers d’équipements des JO de 2024, selon le rythme de déblocage des financements, encore en suspens. Mais il existe un contexte général de baisse des investissements, avec une profession de fois ministérielle en faveur de l’entretien de l’existant et un arrêt de construction des grandes infrastructures.
Le président de la FNTP veut pour son secteur :
« augmenter notre attractivité et convaincre un nombre croissant de jeunes de s’orienter vers les métiers des travaux publics« .
Il joue son rôle pour défendre son secteur, mais reste raisonnablement prudent sur les perspectives d’activités :
« Le seul bémol à cette dynamique, c’est le manque de visibilité pour nos entreprises. Il faut que nous ayons des travaux pour embaucher. Mais Bercy nous empêche parfois de déployer toutes nos ambitions ! »
Cet exemple sectoriel illustre la difficulté qui existe à faire le lien entre les formations et les débouchés dans de nombreux secteurs.
UN AUTRE EXEMPLE : LE SECTEUR DU BÂTIMENT
On peut citer comme autre exemple, le secteur du Bâtiment ou la reprise de la construction s’essouffle : l’effet de recul pour 2019 et 2020 semble aujourd’hui assuré pour les professionnels.
En effet, les mesures, politiques et fiscales (sans en dresser la longue liste), ne jouent pas en faveur de la construction. Cela n’a probablement pas été voulu ainsi, mais c’est pourtant ce qui va se passer faute d’avoir pris en compte l’impact de la juxtaposition des politiques sur l’activité et les emplois.
Un regard global sur ce secteur a manqué, au-delà du Budget et du Logement …
Nota : Je précise que porte à ce sujet un intérêt tout particulier, étant de formation initiale d’ingénieur travaux publics (ESTP).
[2] Le chiffre de 200 000 recrutements sur cinq ans correspondrait à une moyenne de 40 000 recrutements par an. Il semble bien élevé et assez aléatoire dans le contexte budgétaire actuel, sachant que l’activité dépend pour la quasi-totalité de la commande publique.
Pas de commentaire sur “Comment les formations prennent en compte la prévision des débouchés ?”