Dans la situation présente, la question de la création d’emplois devrait rester prioritaire par rapport à celle du pouvoir d’achat. Ce propos qui peut sembler provocateur s’explique …
PARADOXALEMENT, LES MODIFICATIONS DES RÈGLES DU TRAVAIL JOUENT SOUVENT CONTRE L’EMPLOI.
Au moment, où le contexte de crise politique et sociale conduit à rouvrir de nombreux débats sur le « travail », je pense indispensable de considérer l’emploi comme un critère transversal pour apprécier les évolutions et/ou les tournants à prendre, d’autant que je constate que cela ne me semble pas être le cas…
Les projets de modification des règles du travail se révèlent souvent, même si cela apparait paradoxal, en déphasage avec la cause de l’emploi.
Exception : il existe certes une convergence entre les deux puisque la diminution des effectifs au chômage pourrait diminuer l’effort de solidarité des travailleurs (CSG) et des entreprises (cotisations) et permettre d’élever les salaires. De plus les salariés restent favorables à un système d’indemnisation chômage, au cas où… Mais cela apparait la seule…
Par contre; les mesures, évoquées à droite comme à gauche, concernant l’évolution du droit du travail jouent, selon les cas, dans l’intérêt des employeurs et/ou dans celui des salariés en poste, mais pas dans celui de la création de nouveaux emplois.
Des accords d’entreprise jouent parfois dans le sens de la sauvegarde de l’emploi ou de nouveaux acquis (augmentations, etc.), il est bien rare qu’ils concernent le développement des effectifs.
Pour résumer, l’objectif des partenaires sociaux apparait d’avoir des salariés mieux payés et moins nombreux, en ne conservant que les « meilleurs », du moins à un moment à un moment donné. Ces éléments expliquent en partie la concentration de l’emploi sur une classe d’âge et le faible taux d’emploi des jeunes et des séniors.
QUELQUES EXEMPLES ILLUSTRENT LES CONTRADICTIONS ENTRE TRAVAIL ET EMPLOI.
Les exemples qui suivent illustrent le propos, mais il y en a d’autres.
La hausse du salaire minimum, au-delà d’une évolution raisonnée, conduirait à des suppressions de postes. Les hausses de salaire sont nécessaires, mais doivent d’abord favoriser la promotion interne aux entreprises, et à la situation de chacune d’entre elles. Un salaire minimum trop élevé présente un frein à l’embauche, en particulier de débutants.
L’encouragement des heures supplémentaires (désocialisation et défiscalisation) est intéressant pour certains salariés dans certaines entreprises, mais elle permet d’éviter d’embaucher ou d’avoir recours à l’intérim ou des CDD voire des CDI.
La contestation des 35 heures est dépassée[1] ; augmenter les horaires par obligation conduirait à une réduction soit des embauches et soit des emplois, l’avenir semble davantage être à une souplesse des horaires en fonction des secteurs et des entreprises.
La suppression des contrats aidés, en grande partie, a conduit à des suppressions de postes en 2017[2], mais plus encore en 2018 et 2019. Ne vaut-il pas mieux financer partiellement un emploi que de verser la même somme à une personne sans emploi bénéficiaire d’une aide sociale, la question se pose.
La charge actuelle contre les contrats très courts et répétés et les sanctions (malus) qui s’annoncent pourront-elles sérieusement conduire à la création de CDI ? Et non à la diminution du nombre de contrats ?
IL FAUT AUGMENTER DE 10% LE NOMBRE DES SALARIES DU PRIVE POUR RÉTABLIR L’ÉQUILIBRE
Pour résoudre le déséquilibre actuel entre le nombre des actifs en France et celui des autres catégories (jeunes, chômeurs, sans emploi, retraités), il faut envisager d’augmenter de l’ordre de 10% le nombre des emplois dans le secteur privé marchand et associatif. C’est-à-dire de créer au moins 2 millions d’emplois dans un délai court.
C’est le seul objectif qui vaille, car sa réussite permettrait de résoudre les questions économiques et sociales qui se posent.
Les mesures qui vont être prises doivent être tout passées au crible de leur impact sur les suppressions ou créations d’emplois.
[1] Quand la mesure de mise en œuvre des 35 heures, l’opposition à cette mesure avait un sens, mais des décennies plus tard, la question ne se pose plus vraiment car les employeurs ont adapté les structures et les salaires. Le bilan de cette réforme en termes de création d’emploi reste encore flou. La raison en est que le pragmatisme amène à moduler tout nouveau système. Rien ne se passe exactement comme prévu.
[2] Le chiffre officiel pour 2017 serait de 77 000 suppressions d’emploi suite à la diminution de contrats aidés, celui de 2018 sera plus important.
Pas de commentaire sur “Pourquoi l’emploi devrait être un critère transversal prioritaire dans les réformes ?”