La mobilisation de la formation professionnelle en faveur de demandeurs d’emploi leur permettant d’accéder à des postes vacants est une préoccupation permanente et bien légitime de la politique de l’emploi.
Actuellement, c’est le Plan d’Investissement Compétences (PIC)[1] qui a pour objectif de faciliter l’accès à l’emploi par un passage en formation de « 1 million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés » sur cinq ans. Il prend la suite des dispositifs précédents. Il parait davantage ciblé sur les publics peu qualifiés et sur certains programmes de formation (numérique, etc.), il faudra voir ses résultats.
L’AUGMENTATION EXCEPTIONNELLE DU NOMBRE DE FORMATIONS OFFERTES AUX CHÔMEURS EN 2016 ET 2017 EST QUANTIFIÉE
Le plan « 500 000 formations supplémentaires » pour des demandeurs d’emploi, mis en place par le précédent gouvernement, a conduit à une forte hausse du nombre des entrées en formation professionnelle sur 2016 et 2017[2].
Ces formations sont venues s’ajouter aux formations proposées habituellement.
Le cap du million a ainsi été dépassé en 2016[3] (1 014 000).
Au total, le nombre d’entrées en formation de demandeurs d’emploi a augmenté de 456 000 si l’on cumule ces deux années (proche des 500 000 visées).
Ces formations ont été prise en charge principalement par Pôle emploi (49% des formations en 2016) et les Conseils régionaux (41%)[4]. L’effort a été porté principalement par Pôle emploi avec +389 000 formations pour +77 000 pour les régions. Mais la durée des formations réalisées diffère selon les acteurs. Les Régions organisent des formations plus longues que celles de Pôle emploient. En 2017, le nombre d’heures des formations commandées par les Régions a une durée moyenne près de trois fois supérieure[5].
En 2017, près de 13% des demandeurs d’emploi ont accédé à une formation dans l’année[6]. Ce taux varie selon la tranche d’âge et la qualification[7]. Il est plus élevé pour les jeunes non qualifiés (23%) que pour les 45 ans et plus (moins de 9%).
Cette augmentation des demandeurs d’emploi en formation a permis de baisser les chiffres des catégories en recherche active d’emploi (A) dans le cadre du classement de Pôle emploi et de faire monter les effectifs en catégorie D.
LA RELATION, DIRECTE OU INDIRECTE, ENTRE LA FORMATION D’UN CHÔMEUR ET SON EMBAUCHE RESTE INCERTAINE.
Ces données statistiques permettent de situer l’effort quantitatif des politiques publiques concernant la formation des chômeurs. Elles ne présument pas des résultats obtenus en termes d’accès à l’emploi.
Le choix même d’une formation pour un chômeur se présente souvent comme un exercice complexe tant pour le conseiller qui la prescrit que pour le bénéficiaire.
Une formation peut avoir des apports différents.
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Une formation, si elle est suivie et validée[8], participe réellement à la mobilisation des chômeurs dans leur démarche générale de recherche d’emploi.
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La pertinence, la durée et la qualité des formations suivies, ainsi que leur adéquation par rapport à chacun des profils de demandeurs d’emploi, sont un second élément (compétences dans son métier ou ouverture à une possible mobilité professionnelle, etc.).
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La relation entre la formation avec une ou des offres d’emploi existantes sur le bassin d’emploi est l’entrée en emploi
La relation, directe ou indirecte, entre la formation des chômeurs et leur embauche reste peu documentée, ce qui est normal puisque le lien est souvent difficile à mettre en évidence avec précision.
Les résultats du Plan d’Investissement Compétences (PIC) pour 2018 sont attendus.
[1] Le Plan d’investissement dans les compétences, piloté par le ministère du Travail, se fixe les ambitions suivantes : former 1 million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et 1 million de jeunes éloignés du marché du travail ; répondre aux besoins des métiers en tension dans une économie en croissance ; contribuer à la transformation des compétences, notamment liée à la transition écologique et à la transition numérique. Il s’articule autour de trois axes d’intervention. Axe 1 | Mieux analyser les besoins de compétences pour mieux orienter les politiques de formation et les personnes ; Axe 2 | Financer de nouveaux parcours de formation et d’accompagnement vers l’emploi durable ; Axe 3 | Innover et transformer par l’expérimentation, dans le cadre d’appels à projets.
[2] Source : Dares Résultats – La formation professionnelle des personnes en recherche d’emploi en 2016 et 2017 – 12/02/19
[3] Augmentation du nombre des entrées en formation de demandeurs d’emploi en 2016 et 2017.
Année | Nombre d’entrées en formation de DE | Evolution par rapport à 2015 | Evolution En % |
2015 | 681 990 | ||
2016 | 1 013 960 | +331 970 | +49% |
2017 | 805 840 | +123 850 | +18% |
Effectifs supplémentaires | +455 820 |
[4] Les autres acteurs de ces formations ont été l’Etat, les Opca et l’AGEFIPH à hauteur d’environ 3% chacun.
[5] Durée moyenne de 729 heures pour les Régions contre 274 heures pour Pôle emploi, en 2017.
[6] Ce taux d’accès représente le nombre de personnes en recherche d’emploi entrées en formation, rapporté au nombre de personnes ayant connu au moins un mois principalement au chômage dans l’année.
[7] Taux d’accès annuel à la formation des personnes en recherche d’emploi en 2017)
Taux d’accès 2017 | Moins de 26 ans | 26-44 ans | 45 ans et plus | Total |
Peu ou pas diplômé | 22,7% | 14,3% | 7,7% | 13,3% |
CAP BEP | 17,3% | 17,5% | 10,9% | 14,9% |
Bac ou plus | 14,3% | 10,6% | 9,5% | 11,2% |
Total | 17,2% | 13,5% | 8,7% | 12,7% |
[8] Ce n’est pas toujours le cas. Ce que ne fait pas ressortir le comptage des seules « entrées en formation » proposé par la DARES…
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