Photo par Darthvadrouw — Stade de France
LA MINISTRE DU TRAVAIL VIENT DE COMMUNIQUER SUR L’IMPACT SUR LES EMPLOIS DE L’ORGANISATION DES JEUX OLYMPIQUES DE PARIS EN 2024.
Nul doute que les investissements réalisés sur les infrastructures[1] et que le travail induit par le déroulement des jeux sont de nature à générer des emplois en amont et pendant l’évènement. Elle veut que les JO de Paris 2024 soient « une chance pour l’emploi des jeunes et des demandeurs d’emploi de Seine-Saint-Denis, d’Ile-de-France et de France. »
L’idée d’influer sur les recrutements, en mettant en avant des solutions, semble judicieuse, mais il faut encore parvenir à influer sur le choix des divers acteurs.
Ils souhaitent des embauches sur place, dont la Seine Saint Denis, et des publics éloignés de l’emploi dont des jeunes peu qualifiés.
LES JO NE SONT PAS UNE ACTION EN FAVEUR DE L’EMPLOI.
Les Jeux olympiques et paralympiques sont avant tout une manifestation internationale destinée à promouvoir le sport et l’esprit olympique et l’image de la Paris et de la France.
La communication actuelle réalisée très en amont de l’événement (de 2019 à 2024) répond aux soucis de valoriser par le biais des créations d’emplois un évènementiel qui fait l’objet de diverses critiques dont celles de son cout théorique et du probable dépassement de celui-ci. L’idée est de donner une image de « jeux utiles »[2].
DES PRÉVISIONS DE RECRUTEMENTS ONT ÉTÉ FAITES
Une étude prospective, réalisée par le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges et le consultant Amnyos, présentée par le Comité d’organisation des JO (COJO) pronostiques la mobilisation d’environ 150 000 emplois[3], existants ou à créer, en majorité de 2021 à 2024. Ces emplois seraient, liés à l’organisation de l’événement sont chiffrés dans trois « secteurs ».
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78 300 emplois dans l’événementiel, la sécurité privée, le transport, la gestion des déchets,
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60 000 emplois dans l’hôtellerie et la restauration
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11 700 dans la construction.
Les périodes, le type et la durée des contrats, des qualifications demandées, etc. ne sont pas détaillés. Il ne semble pas significatifs en l’état.
POLE EMPLOI SERA MOBILISÉ
Pôle emploi devrait mettre en place une agence virtuelle dédiée aux Jeux olympiques[4] pour recruter dans tous les secteurs-clés en étant l’interlocuteur pour les entreprises qui cherchent à recruter.
Cette agence alimenterait un site internet d’offres d’emplois spécifiquement liées aux JO. Le message serait : ‘
« Vous êtes passionné de sport, vous voulez travailler dans l’hôtellerie, l’hôtellerie-restauration, la sécurité, les transports, le bâtiment, les travaux publics, voici les emplois liés aux JO. »
De plus, un bus circulerait en Seine-Saint-Denis pour aller au-devant des demandeurs d’emploi des quartiers prioritaires.
PLUSIEURS PISTES SONT ÉVOQUÉES POUR INFLUER SUR LES RECRUTEMENTS, DONT LE DÉVELOPPEMENT DE FORMATIONS DE JEUNES EN AMONT
La ministre du Travail annonce : « Je souhaite tout d’abord des apprentis plutôt que des travailleurs détachés ».
On comprend bien l’idée, mais, dans la pratique, le besoin en personnel confirmé ne peut pas être remplacé par un recrutement d’apprentis. Néanmoins la mise en œuvre en amont de 2024 de formations en alternance ciblées semble une bonne idée[5], même si elle semble assez difficile à réaliser. Des formations devraient être proposées avec un ciblage sur les jeunes sur des métiers où aurait lieu des recrutements de personnel. Un travail a été réalisé pour permettre aux acteurs de l’emploi d’identifier au mieux les besoins en formation.
Le Pacte régional d’investissement dans les compétences (2019-2022) vient d’être signé entre le ministère et la région Île-de-France. Il devrait permettre, entre autres, de financer dès 2019 : « 1 600 formations dans l’hôtellerie-restauration et 1 300 dans le BTP », c’est-à-dire dans des secteurs qui auront des commandes en rapport avec les JO.
Les marchés publics pourraient être assortis de clauses sociales[6].
Le Cojo, qui organise l’événement, n’en a pas fixé a priori pour sa part.
« Paris 2024 » envisagerait de recruter 4 000 personnes à terme. Dès à présent des postes sont à pourvoir dans différents secteurs et la plateforme de recrutement Paris 2024 est lancée : https://www.globalsportsjobs.fr/minisites/paris2024/offres/ Ce site permet de déposer des candidatures. Les offres devraient concerner sept secteurs différents : direction et coordination générale, affaires publiques, relations internationales, techniques et sports, communication et engagement, partenariats et finance et administratif.
Par ailleurs, deux plateformes devraient être créées pour accompagner les entreprises en particulier les TPE-PME et les acteurs de l’ESS :
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« une qui s’appelle Entreprise 2024[7] où seront publiés tous les marchés » à destination des TPE-PME, et
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« une autre qui va spécifiquement accompagner les entreprises de l’économie sociale et solidaire« [8].
LA DISTINCTION ENTRE CE QUI RELÈVE DE L’EMPLOI OU DU BÉNÉVOLAT BÉNÉVOLAT SERA UNE FOIS DE PLUS FLOUE
En marge des emplois, à l’origine du dossier des JO, il a été question de mobiliser 70 000 bénévoles ainsi que 80 000 services civiques.
Ces objectifs quantitatifs seront probablement respectés, mais reste à savoir ce qui distinguera, sur le fond, les missions des bénévoles des emplois proprement dits. Il existe un risque de glissement.
LE PLAN D’INVESTISSEMENT DANS LES COMPÉTENCES (PIC) DEVRAIT ÉGALEMENT SOUTENIR TROIS INITIATIVES « POUR LE SPORT »
Parallèlement, près de 10 millions d’euros devraient être consacrés aux initiatives suivantes qui touchent au domaine du sport, sur cette période :
- « Toutes championnes et tous champions » est portée par la ville de Paris et le territoire de Plaine Commune.
- « Les coachs d’insertion professionnelle par le sport » est menée par l’Agence pour l’éducation par le sport (APELS) et « Fais nous rêver ».
- « Passe décisive » est conduite mené par l’association « Sport dans la Ville » .
[1] En Seine-Saint-Denis, seront construits à partir de 2021 le village olympique, le centre aquatique olympique (Saint-Denis) et le village des médias (Le Bourget). Dans le 12e arrondissement de Paris, un palais omnisports de 8 000 places.
[2] Selon le président du COJO, Il s’agirait « des Jeux plus durables, plus inclusifs et plus solidaires ».
[3] Selon une étude du Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges, les JOP de Paris permettraient la création d’un nombre non négligeable d’emplois : entre 119 000 et 247 000 pour la période 2017-2034, pour un impact économique estimé de 5,3 à 10,7 milliards d’euros.
[4] Cette agence devrait travailler aussi sur la Coupe du monde de rugby (2023).
[5] « L’identification des besoins précis dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, du bâtiment ou encore de la sécurité permettra de former les jeunes nécessaires pour les conduire à l’emploi durable dans des secteurs qui cherchent des compétences. »
[6] La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), l’établissement public qui supervise la construction des équipements pérennes des Jeux, a fixé dans une charte un « objectif globalisé et moyen de 10% des heures travaillées » pour les « publics les plus éloignés de l’emploi« .
[7] Réalisée en collaboration avec le MEDEF.
[8] Le Cojo s’est aussi associé aux Canaux (la Maison des économies sociales et solidaires) et au Centre Yunus Paris, pour accompagner les entreprises de l’ESS.
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