LE PROFIL DES DEMANDEURS D’EMPLOI ENTRES EN FORMATION INCITE A LA RÉFLEXION
Une étude analyse pour la région Ile-de-France[1] le profil des demandeurs d’emploi entrés en formation en 2016, par rapport à celui de l’ensemble des demandeurs d’emploi. Elle met en évidence les spécificités propres à la région.
Les critères examinés sont le sexe, l’âge, le niveau de diplôme et la nationalité des demandeurs d’emploi entrés en formation.
La distinction entre hommes et femmes nécessite un développement complet dans un autre article, dans la mesure où elle fait entrer à la fois les différences de niveau de formation (plus élevés pour les jeunes femmes), le type de formation suivie et les métiers exercés qui restent assez sexués.
Pour les niveaux de formation initiale, les demandeurs d’emploi sont souvent diplômés en Ile-de-France, mais ils bénéficient peu de la formation. L’effort de formation porte davantage sur les diplômés du secondaire[2].
« Ils ne constituent pas la cible prioritaire des politiques publiques, un niveau de formation élevé facilitant les chances de retrouver un emploi »
L’âge joue aussi sur les entrées en formation. En Ile-de-France, les jeunes de moins de 25 ans, non diplômés, sont ceux qui ont le plus fort taux d’accès à la formation[3]. En revanche, pour les plus âgés, la probabilité des non diplômés d’entrer en formation diminue par rapport à ceux ayant réalisé des études supérieures.
La nationalité des stagiaires, critère rarement analysée, apparait comme particulière, comme présenté dans le paragraphe suivant.
LES TRAVAILLEURS ÉTRANGERS CONSTITUENT UN PUBLIC IMPORTANT DE STAGIAIRES EN ÎLE-DE-FRANCE.
Plus de 30% des stagiaires sont de nationalité étrangère, contre 14% pour la France entière. Le nombre de stagiaires et de demandeurs d’emploi de nationalité étrangère est deux fois plus important en Ile-de-France qu’au niveau national
La région Ile-de-France est la première région d’accueil des étrangers. Ils constituent un public spécifique de stagiaires en Ile-de-France, les employeurs de la région font largement appel à eux dans certains métiers peu qualifiés et où ils peinent à recruter.
Par conséquent, ils sont plus représentés dans la région qu’au niveau national tant parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi (25% contre 13%) que parmi les stagiaires (30% contre 14%)[4].
« Pour une région comme l’Ile-de-France, pouvoir identifier les stagiaires de nationalité étrangère revêt un caractère important compte tenu de la particularité de leurs besoins (dans l’apprentissage de la langue française et des connaissances de base). » [5]
Le niveau de formation des travailleurs étrangers est plus bas[6], ce qui explique, en partie, le besoin en formation.
60% des travailleurs étrangers ont des niveaux infra-bac, dont 32% sans formation.
« Ils représentent ainsi une composante importante des stagiaires non diplômés en Ile-de-France (44% contre 19% au niveau national). »
Une part dispose de diplômes du supérieur (22%). Ce point est plus complexe à expliquer car il comprend des étudiants étrangers souvent en échec universitaire et restés sur le territoire au terme de leurs études, mais aussi des détenteurs de diplômes étrangers plus ou moins reconnus..
Les stagiaires de nationalité étrangère sont plus âgés que la moyenne.
Leur âge médian est de 37 ans[7]. Ces stagiaires sont plus souvent âgés de 35 à 49 ans que les autres (45% contre 32%).
LEUR FORMATION SE POLARISE SUR LA MAITRISE DE LA LANGUE FRANÇAISE
La maitrise de la langue apparait comme une condition préalable pour s’insérer sur le marché du travail[8] et plus généralement viser une intégration sociale[9].
Plus largement, il représente une condition pour leur intégration[10].
« On observe ainsi que, parmi les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, les étrangers accèdent davantage à la formation que les autres.[11] »
Deux grandes catégories de formation.
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Les premières formations suivies par les étrangers sont la mise à niveau et le français langues étrangères (FLE)[12].
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Les autres formations suivies par les étrangers sont en lien avec des secteurs suivants : services à la personne, nettoyage, logistique, commerce, hôtellerie-restauration, etc.
Sur certaines formations, les travailleurs étrangers constituent un public majoritaire. C’est le cas, par exemple
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Pour le diplôme d’Etat d’auxiliaire de vie sociale, particulièrement suivi par des femmes de nationalité étrangères : 58% du public de ces formations.
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Pour les formations relatives à l’entretien des locaux est suivie majoritairement (61%) par des stagiaires étrangers, en particulier de femmes.
Cette première synthèse porte sur le profil des stagiaires de la formation des demandeurs d’emploi en Ile de France.
Elle présente un grand intérêt.
L’examen de la suite de cette étude, qui portera sur les caractéristiques des formations suivies, selon le profil des stagiaires franciliens, permettra de réfléchir à la pertinence des choix actuels.
Un débat ouvert sur les priorités semble nécessaire.
[1] Carif-OREF d’Ile-de-France : « Qui sont les demandeurs d’emploi qui se forment en Ile-de-France ? » 06 juin 2019 https://bit.ly/2WzoGWc
[2] « Ainsi, les niveaux CAP-BEP et Bac sont les niveaux de formation les plus représentés parmi les stagiaires franciliens par rapport à l’ensemble des demandeurs d’emploi (respectivement +5 et +3 points). Il s’agit des niveaux ayant la plus forte probabilité d’entrer en formation (à autres caractéristiques individuelles de sexe, âge et nationalité identiques) »
[3] 2,3 fois plus de chances que les diplômés du supérieur.
[4] Tableau 5 – Répartition des stagiaires entrés en formation en 2016 et des demandeurs d’emploi[4] par nationalité.
France | Ile de France | |||
Nationalité | Stagiaires | Demandeurs d’emploi | Stagiaires | Demandeurs d’emploi |
Française | 86,3% | 87,4% | 69,6% | 74,6% |
Etrangère | 13,7% | 12,6% | 30,4% | 25,4% |
Source : FNA (Unédic – Pôle emploi)
- Champ des demandeurs d’emploi (« DE ens ») : demandeurs d’emploi inscrits au moins une journée durant l’année 2016 (échantillon du FNA au 10ème pour le niveau national
[5] Une prochaine note à venir s’intéressera aux caractéristiques des formations suivies selon le profil des stagiaires franciliens.
[6] Répartition des stagiaires franciliens entrés en formation en 2016 par niveau de formation selon leur nationalité
Nationalité | Inf CAP-BEP | CAP-BEP | BAC | BAC+2 | BAC+3 et plus | Total |
Française | 18% | 29% | 23% | 12% | 19% | 100% |
Etrangère | 32% | 29% | 18% | 8% | 14% | 100% |
Source : FNA (Unédic – Pôle emploi)
[7] Contre 33 ans pour les stagiaires de nationalité française.
[8] « Pour les étrangers ne maîtrisant pas les fondamentaux du français, l’apprentissage de la langue constitue une première étape avant leur insertion professionnelle, même si pour certains métiers comme dans le bâtiment la maîtrise de la langue est moins requise que pour les métiers en contact direct avec le public (notamment dans les services à la personne). »
[9] « Former les étrangers leur permet de s’intégrer mais constitue aussi un moyen de répondre aux besoins du marché du travail. »
[10] Selon l’OCDE (2018), pour faciliter l’apprentissage de la langue à ceux ayant des ressources financières limitées, « il est indispensable de leur offrir une formation linguistique financée par des fonds publics ».
[11] « En effet, leur part est plus importante parmi les stagiaires que parmi les demandeurs d’emploi, surtout en Ile-de-France (écart de 5 points contre 1 point au niveau national). En contrôlant les effets d’âge et de niveau de diplôme, ils ont une plus forte probabilité d’entrer en formation que les autres (1,4 fois plus de chances). »
[12] « Compte tenu des spécificités régionales, les collectivités territoriales franciliennes ont mis en place des formations pouvant bénéficier au public migrant en difficulté linguistique. La Région a par exemple ouvert son programme de formation sur les compétences de base pour les personnes n’ayant pas atteint le niveau A1 de français. Les Conseils départementaux proposent de leur côté, au titre de l’insertion ou de l’aide à l’emploi, une offre de formations avec une composante linguistique et à visée professionnelle (Exemples : passerelles linguistiques vers l’emploi de Paris, plateformes linguistiques à visée professionnelle des Hauts-de-Seine, les formations de français langue professionnelle LOLA du Val de Marne…) »
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