LES MUTATIONS DANS LE DOMAINE AUTOMOBILE VONT SE MULTIPLIER
Pour les constructeurs automobiles, le scénario macroéconomique, à court terme, semblerait marqué par :
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Une baisse conséquente du nombre de véhicules vendus[1],
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La chute du nombre de véhicules diesel,
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La nécessité d’une hausse exceptionnelle des investissements, pour fabriquer de nouveaux types de véhicules[2] avec de nouvelles technologies, visant l’énergie et l’automatique.
Ces mouvements vont conduire mécaniquement à une baisse de la rentabilité du secteur (amorcée en 2018 avec moins de 5%). D’autant qu’il apparait qu’il existerait un fort niveau de surcapacité industrielle, en particulier en Chine et aux États-Unis.
Ces prévisions actuelles ne prennent pas en compte tous les aléas commerciaux liés aux échanges mondiaux, en particulier entre Chine et États-Unis, qui pourraient provoquer une forte crise via les droits de douane.
Les conséquences de ces mutations vont être importantes sur l’avenir des entreprises et des emplois directs et indirects
DES FERMETURES DE SITES DE PRODUCTION SONT ANNONCÉES.
La filière automobile est constituée par environ 4 000 entreprises industrielles, qui emploient de l’ordre de 400 000 salariés en France[3].
Or, au niveau mondial, une prévision porte sur la fermeture entre 40 à 60 usines de construction automobile, sur les 5 ou 6 ans à venir.
Des équipementiers automobiles pourraient être les premiers concernés par les mutations technologiques, car leurs activités sont ciblées sur un type de production.
A ce propos, la chute des ventes de véhicules diesels apparait très rapide[4], suite à des annonces publiques pas assez nuancées[5]. Près de 15 000 emplois risquent de disparaître à court terme, sur les 38 000 de la filière du diesel en France[6].
Pour prendre un exemple, l’usine Bosch de Rodez (Aveyron), équipementier diesel, perd rapidement ses marchés[7]. Des emplois vont y être supprimés progressivement (plus de 500 en question).
Le dossier en cours de négociation portant sur une diversification des activités ne semble pas être appelé à déboucher de manière significative.
L’accompagnement du ministère de l’économie apparait fort peu efficace en dehors des mesures de chômage partiel offertes à l’industriel.
De même, la progression des ventes, encore marginales, de voiture électrique, ou hybrides, va faire disparaître toute une série d’équipements et donc de fabrication.
La production d’électricité nécessaire à l’alimentation des voitures électriques n’existe pas encore et elle reste aussi à créer.
Certaines usines pourraient être reconverties « théoriquement » dans la fabrication de batteries électriques ou d’autres pièces nouvelles. Le prix des batteries devrait dépasser la moitié du prix du véhicule, d’où un changement de rupture avec le modèle actuel. Mais les restructurations ne vont pas de soi. Le remplacement des usines existantes par d’autres semble probable.
LES ANNONCES DE FERMETURE D’USINE SE SUCCÈDENT AU NIVEAU DES GROUPES DE CONSTRUCTEURS AUTOMOBILES.
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General Motors procède à de premières fermetures d’usines.
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Le constructeur automobile américain Ford supprimera 12 000 emplois avec six fermetures d’usine d’ici à fin 2020 en Europe (Plan de restructuration du 27 juin 2019)[8].
C’est dans ce contexte que se situe la fermeture de l’Usine Ford de Blanquefort en Gironde (un millier de postes).
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Le constructeur automobile allemand Daimler a décidé de délocaliser la production des Smart en Chine en 2022[9]. Les 800 salariés devraient assembler un nouveau modèle Mercedes (option à confirmer).
[1] « Le cabinet d’audit AlixPartners anticipe une baisse du marché automobile mondial dans les deux prochaines années, avec un creux en 2020 à 91 millions de voitures, avant une remontée jusqu’en 2026 avec 106 millions de véhicules. » LA TRIBUNE – 27/06/2019
Pour 2019, la production mondiale automobile se réduirait à 90 millions de véhicules fabriqués contre 93 millions en 2018, soit un recul de 3,2%.
La Chine connaitrait une baisse de 3 millions de voitures, le marché américain pourrait diminuer de deux millions sur l’année. Tandis que le marché européen augmenterait lentement, en passant de 20,6 millions de voitures à environ 22,3 millions en 2026.
[2] Les investissements annuels en R et D des constructeurs automobiles, pour les programmes électriques et pour le développement de la voiture autonome se chiffrent en centaines de milliards d’euros. Ils impliquent des partenariats entre sociétés pour y faire face.
[3] Elles réalisent un chiffre d’affaires de 155 Md €, soit 18 % du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière, et un volume d’exportation de 49 Md €. https://www.entreprises.gouv.fr/secteurs-professionnels/industrie-automobile-france
[4] La vente des véhicules diesel ne représenterait plus que 34% des ventes en 2019, contre 36% en 2018, et devrait se réduire à 10% en 2025. La part des véhicules diesel était encore de 59 % en 2012.
[5] Certains pensent qu’il aurait fallu vendre davantage de diesel et de petites voitures pour baisser les émissions de CO2. Cela n’a pas été le cas pour diverses raisons plus idéologiques que scientifiques.
[6] Étude de l’UIMM, Union des industries et métiers de la métallurgie.
[7] La direction générale du groupe Bosch confirme que la situation du marché du diesel est catastrophique, et compte qu’elle emploie plus de 6 000 salariés de trop, dont 515 à Rodez, dans les six usines européennes concernées.
[8] Une diminution de l’ordre de 20 000 emplois, soit 10 % des effectifs de Ford, est envisagée au niveau Monde
[9] Smart quitte son usine historique d’Hambach (Moselle), direction Hangzhou, en Chine.
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