LA COMMUNICATION DU MINISTÈRE DU TRAVAIL SUR LE TAUX DES EMPLOIS VACANTS N’EST PAS PROBANTE.

Rappelons que le « taux d’emplois vacants » mesure le rapport entre les emplois vacants, d’une part, et la somme des emplois occupés ou vacants, d’autre part.

« Au sens défini par Eurostat, les emplois dits « vacants », ou « postes à pourvoir » (job vacancies), sont des postes libres (nouvellement créés ou inoccupés) ou encore occupés et sur le point de se libérer, pour lesquels des démarches actives sont entreprises pour trouver, à l’extérieur de l’établissement, le candidat convenable dans l’immédiat ou dans un avenir proche. » – DARES

Sont exclus du champ l’agriculture, de l’intérim, des particuliers employeurs et des emplois publics.

Ces statistiques concernent les entreprises du secteur privé, de 10 salariés et plus.

1. Elles additionnent les recrutements souhaités de tous les types: « contrat à durée indéterminée (CDI), contrat à durée déterminée (CDD) emploi saisonnier ou même de courte durée ». Les chiffres publiés pour le second trimestre 2019 ne précisent pas la nature des contrats de travail concernés[1]. Or, le mélange entre emplois stables et emplois temporaires fait perdre toute signification aux chiffres, puisqu’il suffit de la multiplication de contrats courts pour augmenter le nombre des recrutements et des emplois vacants.

2. La comparaison des chiffres dans le temps a peu de sens. D’autant que, la DARES précise que les données sur emplois vacants (niveaux et taux) ont été reformulés en 2010 et en 2015. Ce qui relativise toute comparaison.

LE CHIFFRE DE 200 000 POSTES A POURVOIR A FIN JUIN NE PARAIT PAS EXCEPTIONNEL.

Selon le ministère du Travail, il y aurait près de 200 000 postes vacants à la fin du premier semestre 2019 dans les entreprises de plus de 10 salariés. Le taux de postes vacants en France serait de près de 1,38%.

Par rapport au plus de 14 millions de salariés des entreprises concernées, ce chiffre de 200 000 ne surprend pas, il correspond à la normale du temps de recrutement suite à des démissions, des départs en retraite ou des créations de nouveaux postes.

La communication du ministère du Travail à ce sujet, relayée par des médias qui cultivent un optimisme de circonstance, semble bien creuse, quand on examine les chiffres et leur signification.

On voit apparaitre de nombreux commentaires inexacts, par exemple :

• « Cette augmentation du taux d’emplois vacants est liée à la baisse du chômage » alors que le nombre de demandeurs d’emploi reste globalement stable.

• « Les entreprises ont des difficultés à recruter », alors que si des difficultés existent sont ponctuelles, sectorielles ou sur certaines fonctions, comme en témoigne Pôle Emploi qui indiquent que peu de postes de sont pas pourvus.

Le travail de la Dares n’est pas en cause, car la nature des chiffres est bien précisée. Elle donne, par secteurs : le nombre d’emplois occupés, le nombre d’emplois vacants et le taux d’emplois vacants : voir le tableau général[2].

Ce qui est critiquable, c’est l’exploitation des statistiques.

L’évolution des effectifs salariés, dans les secteurs préalablement définis, a été de 1,2% sur un an (soit +164 000 postes). Ce qui est tout à fait positif, mais ne traduit pas une explosion des effectifs…

[1] Les données d’emplois vacants proviennent de l’enquête trimestrielle « Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre (Acemo) » pour les entreprises de 10 salariés ou plus. Les données d’emplois occupés proviennent des effectifs trimestriels produits par l’Acoss – https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/statistiques-de-a-a-z/article/les-emplois-vacants

[2] Chiffres provisoires pour le second trimestre 2019 des emplois vacants, selon une enquête de la DARES.

Champ : entreprises de 10 salariés ou plus de France (métropole et Dom hors Mayotte) / Type de données : données CVS en fin de trimestre