UNE ANALYSE DE LA POLITIQUE DE L’EMPLOI DEPUIS DEUX ANS EST NÉCESSAIRE
La politique de l’emploi a été marquée depuis deux ans par une réduction des moyens (dont baisse des emplois aidés[1]), tout comme les politiques périphériques qui impactent l’emploi. L’emploi fait partie avec le logement des deux lignes de réduction du budget de l’Etat. Ce mouvement se poursuit…
Parallèlement à ce choix politique, il y a eu quelques aménagements du Code du travail aux résultats incertains et surtout difficilement quantifiable à ce stade (comme le licenciement transactionnel collectif, par exemple).
L’embellie économique de 2017 a été accompagnée d’un frémissement sur le marché du travail, mais il a été suivi d’un nouveau ralentissement en 2018 qui s’est poursuivi durant le premier semestre 2019.
Tous les indicateurs français et extérieurs vont malheureusement dans le même sens, avec une prévision de taux de croissance en baisse et un environnement international préoccupant.
L’OPTIMISME DU GOUVERNEMENT NE CORRESPOND PAS A LA RÉALITÉ PRÉSENTE SUR LE PLAN DE L’EMPLOI
C’est pourquoi le récent communiqué du ministère du Travail sur le bilan de son action tombe à plat, pour les personnes informées[2]. La ministre du Travail résume la situation dans une affirmation très politique ainsi :
« Les réformes du Gouvernement portent leurs premiers fruits pour nos concitoyens. Beaucoup d’emplois sont créés, notamment en CDI, car les entreprises, surtout les petites, n’ont plus peur d’embaucher. Le chômage des jeunes recule, notamment parce que de plus en plus de jeunes trouvent une place en apprentissage. L’appli mon compte-formation sera lancée à l’automne pour permettre à tous les salariés et demandeurs de trouver leur formation, pour choisir leur vie professionnelle. La bataille pour l’emploi continue ».[3]
Le positif résulte de la politique antérieure, qui a donné des fruits en 2017, et à ce jour les perspectives apparaissent grises. Dans ces conditions, un discours plus réaliste paraitrait souhaitable.
Plusieurs médias nationaux ont d’ailleurs formulé des réserves. Cela vient d’être le cas lors de l’annonce d’un taux de chômage de 8,5% au second trimestre 2019[4], dont se félicite le gouvernement.
Mais en y regardant de plus près, la réalité est, pour le moins, très nuancée.
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D’une part, la baisse des effectifs de chômeurs (-66 000), selon l’Insee, est équivalente la hausse de celle des effectifs du « halo du chômage » (+63 000) selon ces chiffres provisoires.
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D’autre part, la baisse du taux de chômage est à corréler avec la baisse du taux d’activité à cette date, donc peu significative. Le taux d’activité baisse et, mécaniquement, le taux de chômage suit.
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Enfin, le taux de chômage de 8,5% est comparé par le ministère du Travail à celui de 2009 (à 10 ans), mais pas à celui de 2008, c’est-à-dire avant crise, où il n’était que de 7,3%[5], il y a 11 ans, pour le même trimestre.
LA BATAILLE POUR L’EMPLOI NE DOIT PAS S’APPUYER SUR DES SUBTERFUGES DE COMMUNICATION DESTINÉE A L’OPINION
Le traitement de l’information sur le marché de l’emploi par le ministère du Travail s’apparente à de la propagande politique utilisant :
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Des changements de présentation des chiffres (moyennes trimestrielles),
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Un abandon du nombre des inscrits à Pole emploi en catégorie A, B et C (chiffre assez stable), pour ne considérer que le taux de chômage provisoire de l’enquête Insee, qui est un indicateur relatif.
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Des comparaisons contestables dans le temps,
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Des affirmations non étayées, comme « la fin de la peur de l’embauche, notamment dans les TPE/PME » ou même inexacte comme « L’apprentissage connaît une dynamique jusqu’alors inconnue »),
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etc.
La bataille pour l’emploi ne devrait pas être une campagne de communication, à la limite de la fausse information.
[1] Même s’il y a eu des transferts de charges. Par exemple, beaucoup de personnes en contrats aidés dans la fonction publique sont devenus des contractuels !
[2] « Cette évolution du chômage s’explique par l’amélioration de tous les indicateurs sur le marché du travail, qui reflète l’action résolue et cohérente du Gouvernement, et notamment des transformations du code du travail, de l’apprentissage et de la formation professionnelle, qui portent leurs fruits. » Communiqué
[3] Communiqué du ministère du Travail : La baisse du chômage se poursuit – 14.08.19 – https://bit.ly/2TwUHto
[4] Source Insee : taux de chômage au sens du BIT (Bureau international du travail).
[5] Taux de chômage France entière de 7,3% au 2nd trimestre 2008.
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