LE POTENTIEL D’EMPLOI DANS L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE RESTE INCERTAIN.
Le secrétaire d’État en charge du Numérique estime combien l’économie numérique pourrait créer d’emplois en France[1].
D’une part, il affirme que « L’économie numérique va créer 25 000 emplois, en France, l’année prochaine ».
D’autre part, il prétend qu’il manquerait aujourd’hui 80 000 personnes et que le déficit en compétences pourrait s’élever à 200 000 postes en 2022.
Ces chiffres évoqués par le ministre sont à prendre avec précautions. Le nombre de créations effectives d’emplois (par exemple dans les licornes) est une chose chiffrable et une estimation de postes réputés vacants en est une autre. En effet, elle peut avoir diverses raisons, dont un impératif de communication du type : « j’aurais bien embauché X personnes, donc investissez chez moi ! ».
IL EXISTE DES BESOINS DIRECTS ET D’AUTRES INDUITS EN PARTIE PAR LA TRANSFORMATION DES ACTIVITÉS.
Il faut bien distinguer les besoins directs liés au numérique, c’est-à-dire le nombre d’embauches potentielles dans les métiers du numérique, des emplois induits qui relèvent d’autres métiers (logisticiens, commerciaux, etc.) ; même si ces derniers évoluent progressivement et nécessitent des formations de mise à niveau sur les méthodes, les nouveaux outils, les applications, etc.
En termes d’emplois, les besoins paraissent forts au niveau des ingénieurs et des chercheurs et, encore plus fort, en ce qui concerne les techniciens, sachant que la mise à jour de leurs connaissances et compétences doit être permanente.
COMMENT SE PARAIT SE PRÉSENTER LE PAYSAGE EN MATIÈRE DE FORMATION ET D’EMPLOI ?
Quelques constats semblent s’imposer.
- Des emplois nouveaux apparaissent progressivement, en termes de nouvelles fonctions et de croissance régulière des effectifs liée à un mouvement général d’utilisation d’outils d’intelligence augmentée. Cette évolution concerne toutes les organisations : entreprises, économie sociale, fonctions publiques…
- Les besoins en formation initiale et professionnelle sont réels. Mais la plupart des formations existent déjà, au moins dans les métropoles. Elles sont actuellement en plein développement dans les établissements d’enseignement traditionnels, dans le réseau 750 formations aux métiers du numérique, ouvertes à tous, sur le territoire français et réuni sous le label GEN (Grande École du Numérique), en formation interne dans des entreprises, etc.
- Les branches professionnelles et les entreprises ont un rôle crucial à jouer en liaison étroite avec les universités, les écoles et les organismes de formation en développant des échanges réguliers sur l’évolution de leurs besoins, sur les objectifs des formations, en proposant des offres de stage, de contrat d’apprentissage et de professionnalisation, etc. Cela concerne par exemple, le Syntec Numérique[2]
- L’attractivité de ces formations et de ses carrières reste à assurer par une communication appropriée (au-delà d’un discours souvent incantatoire)[3]. Cela ne va pas de soi pour des métiers nouveaux dont la représentation reste très logiquement floue. En particulier, si un déficit de candidatures féminines pour ces formations et ces carrières existe, il s’agit là d’une donnée historique. L’augmentation de la demande impose de mobiliser des jeunes femmes ; mais cela reste progressif.
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La clé de la transformation numérique en cours parait résider dans :
- L’estimation par les entreprises de leurs demandes immédiates, et à termes, en matière de compétences, et sa transmission aux organismes de formations,
- La prise en charge des besoins exprimés se traduisant par une adaptation rapide des formations et l’intervention de nouveaux formateurs,
- La promotion efficace de ces formations nouvelles auprès des jeunes et des moins jeunes pour disposer des compétences.
Les principaux intervenants sur ce chantier sont les entreprises et les branches professionnelles, dans la mesure ou le rythme de l’évolution pédagogique à adopter et les formateurs à mobiliser, dépassent les capacités actuelles de l’appareil de formation initiale (hors grandes écoles et exceptions).
[1] « C’est très créateur d’emplois » (…) « L’économie numérique va créer 25 000 emplois, en France, l’année prochaine, soit entre 10 et 15 % des emplois qui seront créés l’année prochaine. » – Le secrétaire d’État en charge du Numérique
[2] « Syntec Numérique accueille des Entreprises de services du numérique (ESN), des éditeurs de logiciels et des sociétés de Conseil en Technologies. Ces trois métiers se conjuguent pour accompagner les entreprises dans leur transformation numérique. Ils fournissent les outils, les conseils et les ressources nécessaires à la conception, la mise en œuvre et l’exploitation des nouvelles applications. »
[3] « (…) il faut que les gens sachent qu’il y a tous ces métiers qui sont ouverts, parce que ce sont des métiers qui sont souvent intéressants, peu pénibles et bien rémunérés, donc il faut le faire savoir, c’est aussi pour ça que je suis là aujourd’hui. »
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