Les Missions locales arrivent à un tournant du fait de la crise économique et de l’afflux de jeunes et à cause des nouvelles missions qu’elles doivent assurer.
LES MISSIONS LOCALES ORGANISENT LA PROMOTION DE LEUR RÉSEAU.
Les Missions locales, après avoir lancé une campagne sur les résultats du baromètre de satisfaction 2020 des jeunes à l’égard de leurs services, enchainent avec une « campagne de notoriété des Missions locales[1] ». Elle sera 100% digitale, à partager sur les réseaux sociaux et commencera avant la traditionnelle « Semaine nationale des Missions locales » du 12 au 21 octobre 2020[2] qui est l’occasion de centaines d’événements.
Cette opération intervient alors que le réseau est l’acteur central, avec des partenaires :
- du plan jeunes #1jeune1solution (et de l’augmentation des effectifs à prendre en charge en 2021) et
- de la mise en œuvre de l’obligation de formation des 16-18 ans déscolarisés.
Par ailleurs, les Missions locales anticipent l’arrivée d’un fort flux de jeunes issus d’un contexte économique peu porteur. Ce phénomène apparait probable, mais reste difficile à chiffrer.
En effet, une part des jeunes en recherche d’emploi n’appartiennent pas au public habituel des Missions locales (sauf exception), les jeunes diplômés de niveau I et II (licences et masters). L’APEC intervient d’ailleurs en ce moment, dans une certaine limite, à destination de ce public jeunes diplômés.
L’ACTIVITÉ DES MISSIONS LOCALES A ÉTÉ FREINÉE AU PREMIER SEMESTRE 2020.
L’activité des Missions locales a été freinée par la période de « mise en ligne » de ses services au printemps[3].
Si les entrées de jeunes en PACEA sont revenues à la normale : 228 000 au 27 septembre (-3%), les entrées en Garantie jeunes enregistrent encore à cette date un réel retard avec 58 000 entrées contre 76 000 en 2019 à la même date soit une baisse de -24%[4].
Le rattrapage de ce retard devrait se dérouler sur le quatrième trimestre, c’est le défi actuel à surmonter pour envisager un développement en 2021.
LES MISSIONS LOCALES ET LEURS PERSONNELS FONT UN TRAVAIL EXCEPTIONNEL EN FAVEUR DE L’INSERTION DE JEUNES EN DIFFICULTÉ.
Leur situation se trouve remise en cause, chaque année, par les choix politiques et financiers de ses contributeurs, dont au premier chef le choix de l’État.
La fragilité de leur situation est excessive et récurrente. Elle incite à s’interroger sur leur avenir, hors contexte de crise économique et sociale 2020-2022, pour confirmer une certaine permanence propice au développement.
Parmi les questions générales qui concernent les missions locales, on peut en retenir des principales, même s’il y en a bien d’autres :
- Dans l’immédiat, l’obtention des financements de la part de l’État correspondra-t-elle aux missions qui sont officiellement confiées aux Missions locales ?
- Ne faut-il pas envisager un financement structurel des Missions locales ? à l’image de celui de l’Apec ou de l’Unédic ?
- Au-delà de la durée du Plan de relance 2021/2022[5], quelle sera la pérennité des politiques publiques concernant les jeunes (prime à l’apprentissage, emplois aidés, formation dédiée, service civique, etc.) ? Cette question pèse sur la gestion des ressources humaines des ML.
- Comment les Missions locales apprécient leur articulation, dans l’accompagnement des jeunes par Pôle emploi, qui apparait comme un grand bénéficiaire du Plan jeunes[6]? Le rapport entre Missions locales et Pôle emploi apparait-il stable ?
- Comment va déboucher le débat sur l’attribution d’un Revenu Universel d’Activité (RUA) aux jeunes de 18/25 ans, ou bien l’élargissement du RSA ?
- Faut-il compter sur un maintien d’un public principalement de jeunes décrocheurs, correspondant en particulier à des financements européens, a priori encore existants ? Ou bien peut-il être envisagé une évolution potentielle progressive vers des publics plus larges : en termes d’âge (25/29 ans ?) et/ou de niveau de formation terminal (niveau III, II et I ?) ?
Les réponses à ces questions interfèrent évidemment.
DANS L’IMMÉDIAT, LA QUESTION DEMEURE LA CORRESPONDANCE ENTRE LE BUDGET ATTRIBUÉ EN 2021 ET LES OBJECTIFS A ATTEINDRE…
[1] Communication du réseau des Missions Locales. Pilotage : ARML Ile-de-France ; Création : agence Epoka. Campagne lancée avec la mobilisation des membres de la commission associative nationale Communication du réseau des Missions Locales.
[2] « La Semaine nationale est un temps fort essentiel pour mieux connaitre l’action des Missions Locales d’autant plus fondamental dans le contexte de crise liée à l’épidémie de Covid-19 et des questionnements sur l’avenir des 16-25 ans au cœur de l’actualité : la mise en place du « plan jeunes », l’entrée en vigueur de l’obligation de formation des 16-18 ans et l’arrivée concomitante de plus de 700 000 jeunes sur le marché du travail. » – UNML
[3] « L’année 2020 gardera une connotation particulière du fait de la crise sanitaire traversée qui impacte directement les jeunes et met en lumière les enjeux auxquels ils font face en cette période, notamment sur la question de l’accès à l’emploi, et plus largement sur le volet de l’insertion sociale. Une période au cours de laquelle les Missions Locales sont restées mobilisées pour garder le lien avec les jeunes et continuer à travailler sur leurs projets et leur parcours d’insertion notamment grâce au recours massif aux outils numériques collaboratifs. » – UNML.
[4] Données DARES – Figure 15 : Entrées initiales en Garantie jeunes au 27 septembre 2020.
[5] …si celui-ci est effectivement appliqué comme annoncé.
[6] L’articulation des Missions locales avec d’autres structures d’accompagnement de jeunes ne pose pas le même type de problèmes.
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