Depuis de nombreuses années, les effectifs salariés du secteur automobile diminuent pour des raisons diverses : robotisation en France, délocalisation, réduction de la production nationale, etc.
Le freinage de l’activité, durant la crise sanitaire, a été important.
Et pour finir, le changement du type de production est désormais engagé.
LA TOTALITÉ DES VÉHICULES NEUFS, MIS SUR LE MARCHE EN 2035, DEVRAIT ÊTRE A « ZÉRO ÉMISSION ».
Ce choix de la Commission européenne, et du Parlement européen, devrait toucher progressivement l’ensemble du secteur automobile et tout son environnement.
Des contraintes matérielles apparaissent :
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Approvisionnement en minerais et métaux (nickel, lithium, cobalt, terres rares…) pour les batteries,
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Construction d’un nombre suffisant de grandes usines de fabrication de batteries, en France et dans l’Union européenne,
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Installation d’un réseau suffisamment dense de bornes de recharge, par rapport au nombre de véhicules électriques[1].
La question de la capacité électrique nécessaire à l’alimentation des bornes semble trop peu prise en compte quant à cette évolution, dans le cadre de la transformation énergétique.
LA RECONVERSION DES SALARIÉS EST UN ENJEU MAJEUR
Au 1er trimestre 2022, l’industrie automobile employait moins de 180 000 salariés.
Le secteur du commerce et de la réparation automobile (et de motocycles) employait 420 000 salariés[2].
Sur le plan des RH, la reconversion des personnels du secteur apparait comme un enjeu majeur tout comme la formation initiale de nouveaux personnels[3].
Ces formations pourraient viser à termes 150 000 personnes dans les nouveaux sites de production, les concessions et les garages. Le détail reste à préciser.
Des formations longues de plusieurs centaines d’heures seront nécessaires. Elles concerneraient la fabrication et le recyclage des batteries, l’assemblage de véhicules d’un nouveau type, la maintenance des véhicules, etc.
Les constructeurs doivent mobiliser des plans d’investissement très lourds pour permettre la transition. Plusieurs groupes[4] ont prévu de séparer complètement la production de véhicules thermiques traditionnels de la fabrication de modèles électriques.
La question du reclassement des salariés en poste dans le secteur traditionnel se pose donc déjà. Ce sujet a été identifié par le ministère du Travail.
Il bénéficie, dans un premier temps, aux salariés des fonderies (fonderie Sam, etc.) et et des productions liées au moteur diesel (Bosch, etc.).
Un Fonds d’accompagnement et de reconversion des salariés, licenciés dans la filière automobile[5], a été mis en place en avril 2021[6]…
Ce fond, géré par Pôle emploi, concerne la reconversion des salariés licenciés, entre le 26 avril 2021 et le 30 juin 2023, pour motif économique dans la filière automobile[7].
Il flèche les formations de reconversions sur divers autres secteurs professionnels[8].
LES PERSPECTIVES INDUSTRIELLES RESTENT INCERTAINES.
La situation du marché automobile évolue vite. La France enregistrerait déjà à la vente de véhicules neufs : 12% de modèles entièrement électriques, mais aussi 20% d’hybrides et 9% d’hybrides rechargeables. Les hybrides constituant une étape intermédiaire, mais seulement temporaire.
La transformation de la filière sur les objectifs prévus n’est pas acquise.
Des responsables de la filière automobile ont émis des réserves sur la faisabilité du calendrier qui semble devoir être imposé.
Plusieurs éléments peuvent venir modifier le calendrier prévu en particulier une évolution de la nature technologique des batteries ou tout simplement les limites de capacité de production électrique.
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Il est permis de s’interroger sur ce qui pourrait rester de l’industrie automobile en France, en 2035 : ses entreprises, ses sous-traitants et ses prestataires.
[1] Il devrait passer en France de 60 000 à 1 million de points de recharge en 2030.
[2] Évolution des effectifs dans le secteur entre 2017 et 2021.
1T 2017 | 1T 2022 | |
Industrie automobile | 205 500 | 179 500 |
Commerce et réparation d’automobiles et de motocycles | 376 900 | 419 200 |
Source Insee pour le premier trimestre 2022.
[3] Il serait question de former et reconvertir 800 000 travailleurs dans les pays membre de l’Union européenne d’ici à 2025.
[4] Dont Volvo ou Renault.
[5] « L’État, les constructeurs automobiles Renault et Stellantis et les acteurs de la filière automobile, ont décidé d’un plan d’actions et de soutien spécifique à la filière annoncé le 26 avril 2021. Ce plan prévoit notamment la création d’un fonds exceptionnel d’accompagnement et de reconversion des salariés licenciés pour motif économique dans la filière automobile, doté de 50 millions d’euros, dont 20 millions d’euros apportés par les constructeurs automobiles Renault et Stellantis et 30 millions d’euros apportés par l’État. »
[6] https://travail-emploi.gouv.fr/emploi-et-insertion/accompagnement-des-mutations-economiques/article/fonds-exceptionnel-pour-le-secteur-automobile
[7] Le fonds, géré par Pôle emploi, a pour objet de financer des mesures d’accompagnement et de reconversion professionnelle au bénéfice des salariés remplissant de manière cumulative les critères suivants : 1. Salariés d’entreprises de la filière automobile sous-traitantes dès lors qu’elles réalisent au moins 50% de leur chiffre d’affaires avec une ou plusieurs entreprises des secteurs automobiles, à l’exception des entreprises filiales des constructeurs automobiles ou d’un équipementier automobile. 2. Salariés licenciés pour motif économique au sens de l’article L. 1233-3 du code du travail qui ont adhéré au contrat de sécurisation professionnel (CSP). 3. Salariés des entreprises en procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire, quel que soit leur effectif, ou salariés d’entreprises de moins de 1 000 salariés ou appartenant à un groupe de moins de 1 000 salariés faisant l’objet d’une procédure de sauvegarde.
[8] « Les salariés éligibles seront notamment incités à suivre des formations aux métiers d’avenir dans les domaines de la transition écologique, du numérique, des soins et de la santé, du tourisme, de l’industrie, de l’agriculture et de l’agroalimentaire. »
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