Selon les organisateurs, au cours des cinq éditions de « Choose France », près de 80 annonces d’investissement ont été effectuées par des grands groupes internationaux.
« Ces projets représentent des investissements de plus de 12 Mds € et la création de 21 000 emplois pérennes sur le territoire français »[1].
Le bilan sur cinq ans apparait très modeste en matière de création d’emplois par des entreprises étrangères, en France.
UNE COMMUNICATION SUR LES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN FRANCE ET LES CRÉATIONS D’EMPLOIS INDUITES SE POURSUIT
Le sommet « Choose France » est une opération annuelle, débuté en 2017. Il a un objectif international et un autre national visant à convaincre de l’attractivité économique de la France.
En 2022, le chef de l’État aurait reçu à Versailles 180 patrons étrangers, de 43 nationalités différentes, dont des dirigeants d’Accenture, Amadeus, Coca Cola, Citigroup, Disney, Fedex, JP Morgan et Morgan Stanley, Merck, Trenitalia, Randstad…
Cette année, il s’agissait pour lui de rassurer les potentiels investisseurs étrangers quant à la situation en France (risque de tension sociale attisée par l’inflation, situation de guerre en Europe, etc.) en évoquant, par exemple, le projet de baisse des prélèvements obligatoires sur la production (qui reste encore à confirmer et à faire adopter).
Des investissements à hauteur de l’ordre de 6 milliards d’euros ont été annoncés, concernant 14 projets[2] qui permettraient théoriquement de créer 4 000 emplois, dans les années à venir.
L’annonce principale de 2022 concerne la création d’une nouvelle usine de semi-conducteurs en France par ST Microelectronics (fabricant Suisse) et Global Foundries (fondeur américain). L’investissement serait de l’ordre de 4 milliards d’euros et, à termes, le nombre d’emplois pourrait atteindre les 1 000 !
LA COMMUNICATION SUR LES INVESTISSEMENT ÉTRANGERS EN FRANCE APPARAIT INCOMPLÈTE
L’objectif de renforcement industriel de la France sur le marché européen, mobilisant des acteurs étrangers, est a priori louable. Mais la communication du gouvernement français a été marquée par plusieurs travers qui la rendent peu crédible.
D’une part, les chiffres de montant et de la créations potentiels d’emploi ne sont accompagnés d’aucun calendrier prévisionnel de réalisation.
Les annonces ne sont pas assez précises pour être fiables. Aucune vérification ne permet de confirmer les prévisions… Le niveau d’avant crise sanitaire n’a pas été retrouvé.
Selon le cabinet EY, les investisseurs étrangers seraient revenus en 2021 en Europe, avec 5 877 projets d’implantation, ou d’extension (+5% par rapport à 2020). 1 222 projets auraient concerné la France (24% par rapport à 2020).
Mais les intentions d’investissement en Europe au cours de 2023 auraient chuté de près de moitié entre février et mars 2022, avec le début de la guerre en Europe.
D’autre part, aucun point régulier n’est apporté sur les fermetures, ou départs progressifs, des entreprises étrangères implantées en France.
Aujourd’hui, des rapatriements d’activités hors de France sont à l’ordre du jour.
De nombreux investisseurs internationaux pourraient reporter, ou annuler, des projets programmés en France, avant l’invasion russe de l’Ukraine.
Enfin, certaines annonces semblent infondées. C’est le cas de celle d’une entreprise de travail temporaire[3] annonçant 7 000 postes d’intérim (CTI).
Ce chiffre dépend juste de la concurrence entre ETT sur le marché français. Cette info est d’autant moins sérieuse que l’on enregistre un recul d’activité de l’ETT de -57 500 postes, sur les quatre derniers mois[4].
DE NOMBREUSES QUESTIONS RESTENT EN SUSPENS
Les relations d’Emmanuel Macron avec des entreprises américaines d’Uber à Amazon, en passant par toutes les autres, laisse de nombreuses questions en suspens (sans entrer ici dans le détail).
Il est logique de remarquer qu’il est différent :
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De rencontrer des représentants d’entreprises étrangères et
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De prendre des mesures d’exception pour elles (comme cela a été le cas avec le dossier Uber).
Par ailleurs, dans la communication du gouvernement sur les investissements étrangers, les arguments de l’attractivité supérieure de la France par rapport à celle des pays voisins semble très surévalués.
Enfin, l’articulation concrète entre les investissements étrangers et le « Plan d’investissement France 2030 » (fin 2021) du gouvernement est difficile à établir !
[1] Dossier de presse de Choose France 2022 – https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/07/11/choose-france-5eme-edition-attractivite-investissements-etrangers
[2] 14 PROJETS
Accenture : (Irlande) : Centre de développement et d’innovation technologique.
Akzonobel (Pays-Bas) : 20 M€. Fabrication de peintures aéronautiques.
Amadeus (Espagne) : 80 M€. Gestion technologique des réservations pour le secteur touristique.
Collins Aerospace / Raytheon Technologies (Etats-Unis) : 400 M€. Composant aéro.
Globalfoundries (États-unis) et Stmicroelectronics (Suisse) : 5,7 Mds€.
GSK France (Royaume-Uni) – 48 M€. Santé
Iveco (Italie) 60 M€. Bus électriques
KSB (Allemagne) : 13,3 M€. Industrie des boissons fraîches.
Fedex (Etats-Unis) : Entreprises d’express
Randstad (Pays Bas) : ETT.
Trenitalia (Italie) : 273 M€. Transporteur ferroviaire.
Vinfast – membre de Vingroup (Vietnam) : 8 M€. Entreprise automobile.
Vorwerk (Allemagne) : 57 M€. Thermomix®.
Zambon (Italie) : 20 M€. Groupe chimique et pharmaceutique.
[3] Le groupe Randstad (intérim) devrait embaucher à tour de bras avec 7 000 emplois pour de nombreux secteurs (industrie, transport, logistique).
[4] Fin mai 2022, 792 000 personnes occupent un emploi intérimaire, soit 11 500 de moins qu’au mois précédent (–1,4%). Il s’agit du quatrième mois consécutif de baisse de l’emploi intérimaire, après –15 600 missions en avril (soit –1,9%), –13 800 en mars (soit –1,7%) et –16 500 en février (soit –1,9%). Dares.
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