LE PROJET DE LOI « SUR LE PLEIN EMPLOI » NE TRAITE PAS DE L’EMPLOI !
Ce Projet vise :
- Une amélioration de l’aide sociale aux personnes sans emploi (identification, accompagnement, piste de reconversion, formations ciblées, etc.).
- Une évolution du rôle des acteurs actuels, leur coordination et un contrôle des résultats, débouchant probablement sur une réduction des financements ad hoc.
- L’évolution à prévoir des aides sociales pour les chercheurs d’emploi : assurance-chômage, ASS, RSA, etc. dans une perspective implicite de réduction budgétaire.
DE BONNES INTENTIONS, SANS SUITES CONCRÈTES.
Dans son objet, ce Projet évoque, certes, une bonne intention de placement en emploi des personnes[1], mais le texte du Projet de loi proprement dit n’y revient pas !
Le Projet de loi sur le plein emploi ne précise pas précisément les services aux entreprises que l’« opérateur France travail » est censé assurer[2].
Le Projet dit viser à répondre aux « enjeux de tensions de recrutement » et d’« améliorer l’offre de service aux entreprises ».
Il est aussi question de cibler les formations des demandeurs d’emploi davantage « sur les besoins de recrutement des entreprises »[3].
Les entreprises « bénéficieront d’une simplification et d’une amélioration de l’offre de services, afin de réduire les emplois vacants et de révéler d’avantage le potentiel d’emplois sur les territoires. »
Enfin le texte affirme que le réseau France Travail devrait « répondre aux besoins de recrutement des entreprises » (article 4).
Par exemple, l’introduction évoque le recrutement dans les métiers en tension, mais cela ne figure pas dans le Projet de loi lui-même.
D’ailleurs, la liste des métiers en tension, nationale comme locales, n’ont pas été produite par le Ministère du travail.
LES EMPLOYEURS NE SONT PAS DIRECTEMENT CONCERNÉS PAR LE PROJET DE LOI.
Il est probable que les actuels conseillers de Pôle emploi, des Missions locales et des Cap emploi, en charge de relations avec les entreprises poursuivront leur mission. Mais cela n’est pas détaillé de manière explicite.
Les effectifs dédiés restent à préciser ultérieurement.
FRANCE TRAVAIL NE VISE PAS LE DÉVELOPPEMENT DE L’EMPLOI EN FRANCE.
L’hypothèse du projet suppose :
- D’une part, un important un stock d’emploi non pourvus (contrairement au chiffrage de Pôle emploi sur ce stock), et des actifs qui ne veulent pas vraiment travailler,
- D’autre part, le fait que l’opérateur France travail pourra pourvoir ces postes mieux que Pôle emploi.
Dans toute cette démarche, la critique de Pôle emploi, sous sa forme actuelle, est sous-jacente, même si elle n’est pas détaillée par le ministère du Travail.
LA POLITIQUE DE L’EMPLOI A POUR OBJET PRINCIPAL D’AUGMENTER LE NOMBRE DES EMPLOIS DANS LA POPULATION ACTIVE.
Pour donner un exemple, la politique récente de développement des contrats d’apprentissage (conditions, primes, etc.) a été couronnée de succès avec un doublement des effectifs en poste. C’est un bon exemple concret de politique de l’emploi.
Le Projet de loi « France travail » ne s’accompagne pas d’aucune politique en faveur de l’emploi : des jeunes, des chômeurs ou des seniors. Il apparait juste limité à un volet social.
L’intention des responsables politiques est de réduire les aides sociales en pensant contraindre les personnes à prendre des emplois … mais qui le plus souvent n’existent pas.
Sur le plan des emplois, les perspectives immédiates semblent limitées, voir négatives (derniers chiffres de la Banque de France, etc.).
Les annonces récentes de communication gouvernementale portent sur :
- Les projets des investisseurs étrangers en France,
- Des « emplois verts », qui sont promis depuis de nombreuses années, ou
- Les métiers de l’énergie nucléaire ; or on attend toujours la présentation d’une loi de programmation sur ce sujet.
Ces projets demanderont logiquement du temps à se concrétiser en mettant les choses au mieux.
Parallèlement, d’autres secteurs réduisent leurs effectifs dans le commerce (dans l’habillement par exemple).
Le Bâtiment est touché par une chute de 40% de la construction neuve sur un an. La Fédération Française du Bâtiment évoque 100 000 emplois menacés (hypothèse).
Bien entendu, ces prévisions restent à confirmer, mais elles indiquent des tendances à ce jour.
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Le maintien global du nombre d’emplois existants et la création de nouveaux emplois dans les secteurs de la production (agriculture, construction, industries, numérique) sont des impératifs pour que faire croître le nombre de personnes en emploi.
[1] « Objet : Le défi du plein emploi est l’ambition d’un emploi pour tous que le présent projet de loi entend porter à travers différentes mesures. »
[2] L’engagement des employeurs dans le Projet de loi plein emploi ne concerne que le cas précis des personnes en situation de handicap.
[3] Dans son objet, le Projet de loi évoque « une formation davantage ciblée sur les personnes qui ont en le plus besoin et sur les besoins de recrutement des entreprises ».
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