LES EFFECTIFS EN LYCÉE PROFESSIONNEL SONT IMPORTANTS.
Ils accueillent environ 30% des lycéens
En 2022, 208 000 jeunes se sont présentés au bac professionnel et 171 000 d’entre eux l’ont obtenu (82,2%).
Ils représentaient donc près de 26% des bacheliers.
Près de 80 000 ont obtenu un bac dans les secteurs de la production et près de 92 000 dans les secteurs des services.
L’importance de cette population jeune explique que son évolution doit être considérée avec soin.
Ces chiffres ne font pas apparaitre les lycéens engagés dans ces études mais qui ne les ont pas achevées.
La répartition par mention est assez significative. Elle donne les tendances des chances de réussite de ces jeunes lors d’une poursuite d’études supérieures.
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20% ont des mentions très bien (4,2%) ou bien (15,8%).
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Près de 30% ont une mention assez bien (29,9%).
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Un tiers n’ont pas de mention (32,4%).
L’intention de faire évoluer les lycées professionnels vers une meilleure adaptation au monde professionnel est louable, avec une liaison avec les entreprises et une amélioration de la qualité des formations proposées.
Mais le projet présenté, en amont du projet de loi, reste encore très incertain.
Le projet de réforme du lycée professionnel comprend plusieurs pistes qui pourraient impacter l’insertion professionnelle des jeunes suivant cette filière.
Il fait le choix d’un système comportant des stages, mais hors d’un mécanisme d’alternance (avec un contrat d’apprentissage) ; c’est un choix majeur.
Sur le plan de l’emploi, le projet annonce de réforme des lycées professionnel contient plusieurs éléments principaux.
FAIRE ÉVOLUER LES FORMATIONS PROFESSIONNELLES INITIALES EN OUVRANT DE NOUVELLES FORMATIONS ET EN EN FERMANT D’AUTRES EST L’OBJECTIF.
Mais d’une part l’évolution devrait être lente et la liste précise des ouvertures et des fermetures n’est pas précisée. Cela signifie que les suppressions et les créations de postes enseignants ne sont pas précisément évoquées[1]…
« Aujourd’hui, de nombreuses filières ne garantissent pas aux élèves une poursuite d’études ou une insertion dans l’emploi, alors que de nombreuses entreprises peinent à recruter dans d’autres secteurs d’activités. Demain Il s’agira d’assurer : d’une part la fermeture de toutes les formations qui mènent insuffisamment à l’emploi ou à la poursuite d’études ; d’autre part l’ouverture d’un nombre équivalent de places dans les secteurs plus porteurs (industrie, services à la personne, numérique, énergie, bâtiment durable, mobilités douces, etc.). »
CRÉER DANS LES LYCÉES PRO DES BUREAUX DES ENTREPRISES devrait permettre de renforcer les liens entre le lycée professionnel et les entreprises de son territoire pour organiser les stages correspondants aux formations. La création de ces services nécessitent des recrutements de personnes compétentes, puisqu’il est question de créer 2 100 services !
« Une campagne de recrutement sera lancée au printemps 2023 pour permettre à chaque lycée d’ouvrir son bureau des entreprises dès la rentrée 2023[2]. »
ACCOMPAGNER DAVANTAGE LES LYCÉENS DANS LEUR SCOLARITÉ devrait être assurer par les enseignants, les membres du service public de l’emploi et/ou par un mentor[3].
La place des conseillers de Pôle emploi par rapport à celle des conseillers des Missions locales reste à préciser vis à vis de ce public.
La gratification des stages par l’État, durant toute la scolarité, fait partie de cet accompagnement. Elle reste à confirmer en comparaison des rémunérations par les entreprises des stagiaires des autres filières.
PRÉVENIR LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE PAR DES DISPOSITIFS NOUVEAUX à mettre en œuvre suppose un repérage et un accompagnement[4].
Après sa scolarité, les jeunes qui ne trouve pas d’emploi devrait bénéficier d’un dispositif : « Ambition emploi ».
ALLONGER LA DURÉE DES STAGES DES LYCÉENS PROS, sans que la durée soit encore déterminée à ce stade[5], demandera de gros efforts, car ces stages vont entrer en concurrence avec le développement actuel de l’apprentissage qui bénéficie d’un financement des employeurs.
SUR LE PLAN SCOLAIRE
Par ailleurs, sur le plan scolaire, il est question :
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de recadrer l’année de terminale en lycée pro[6],
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de proposer des spécialisations[7],
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de permettre des enseignements aux savoirs fondamentaux en classes réduites,
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d’augmenter le nombre de places en formation de spécialisation en Bac + 1 à la rentrée 2026, afin de faciliter l’insertion professionnelle des lycéens[8] ; etc.
Le calendrier d’application de cette réforme doit porter sur plusieurs années.
Reste à connaitre le détail de son application qui est résumée comme suite :
« Moderniser le contenu des diplômes, simplifier leurs intitulés. La révision des diplômes (CAP, baccalauréat professionnel et BTS) sera accélérée pour mieux s’adapter à la transformation des métiers. Cette évolution permettra aux lycéens diplômés de mieux lancer leur carrière professionnelle. L’Éducation nationale leur offrira de meilleures chances et répondra mieux aux besoins de l’économie. »
[1] Adapter l’offre de formation pour préparer l’avenir professionnel des jeunes en fixant des objectifs ambitieux (Mesure 7) :
- Rentrée scolaire 2025 : Rénover en profondeur un quart des diplômes existants d’ici la ;
- Démultiplier le nombre annuel d’ouvertures et de fermetures de formation ;
- Rentrée scolaire 2026 : Viser 100% de formations non insérantes fermées.
[2] « Les missions du bureau : mise en place et suivi des partenariats avec les acteurs du territoire (recherche de partenaires économiques, liens avec les comités locaux école/entreprise, événements) ; organisation des temps de stage et d’alternance (accompagnement des jeunes dans leurs recherches, suivi lors de leurs stages, retours d’expériences, aide à la mobilité) ; intégration de la relation école/entreprise dans les parcours de formation des jeunes (participation des professionnels aux activités de l’établissement) ; participation à la préparation des évolutions de l’offre de formation (carte des formations). »
[3] « Déployer le dispositif 1 jeune 1 mentor dans les lycées professionnels. En 2023, la Première ministre a décidé de consacrer la grande cause nationale 2023 à la promotion du mentorat comme levier d’émancipation professionnelle de tous les jeunes de France. Cette grande cause nationale va notamment permettre aux lycéens professionnels d’être accompagnés et soutenus par un « mentor » pour prendre pleinement confiance en leurs capacités. Demain, la création du bureau dédié à la relation aux entreprises dans chaque lycée permettra aux lycéens d’entrer dans des dispositifs de mentorat et d’être accompagnés par un adulte dans leur parcours, grâce à des partenariats avec les principales associations dédiées à l’accompagnement des jeunes. »
[4] « Trois nouveaux dispositifs pour prévenir le décrochage scolaire : Le Dispositif TOUS DROITS OUVERTS pour le décrocheur en lycée professionnel ; Le dispositif AMBITION EMPLOI pour le décrocheur post-lycée professionnel ; le PARCOURS DE CONSOLIDATION pour les étudiants en risque de décrochage ou d’échec en BTS. »
[5] « Jusqu’à 2 100 € de gratifications de stages sur l’ensemble de la scolarité d’un lycéen. » Le détail reste à préciser tout comme le financement de cette mesure, important compte tenu des effectifs concernés.
« Pour motiver et valoriser l’investissement des élèves, toutes les périodes de formation en milieu professionnel des lycéens professionnels feront l’objet d’une gratification attribuée par l’État :
- 50 euros par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en 1re année de CAP et en seconde du baccalauréat professionnel, soit 300 euros au total sur l’année ;
- 75 euros par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en 2e année de CAP et en première du baccalauréat professionnel, soit 600 euros au total sur l’année ;
- 100 euros par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en terminale du baccalauréat professionnel, permettant ainsi de recevoir une allocation de stage comprise entre 600 et 1 200 euros au total sur l’année, selon le nombre de semaines de stages effectuées. »
« 1 milliard d’euros investi chaque année dans le lycée professionnel de demain. » Le montant financier évoqué suffit-il ?
[6] « Chaque élève réalisera 6 semaines minimum de stage durant l’année de terminale. Le temps de stage sera de 6 à 12 semaines au total selon le projet de l’élève. »
[7] « 20 000 places de spécialisations »
« Pourraient être envisagés des cours de langue, de codage, d’entrepreneuriat, en mobilisant des partenariats extérieurs et des professeurs volontaires. »
[8] Rentrée scolaire 2023 : 5 000 places dans les établissements volontaires ; Rentrée scolaire 2024 : 10 000 places ; Rentrée scolaire 2025 : 20 000 places.
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