LE GOUVERNEMENT MODIFIE LA PRÉSENTATION DES CHIFFRES DU CHÔMAGE
Pôle emploi et le ministère du Travail (DARES, service des statistiques du ministère) viennent d’annoncer deux changements dans la présentation du nombre des inscrits à Pôle Emploi.
Cette évolution était attendue ; elle répond à un impératif de communication politique et pas d’observation du chômage[1].
LIRE : « la ministre du Travail envisage de casser le thermomètre du chômage » (24/05/17). http://bit.ly/2s4ntCw
Deux changements sont annoncés :
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Premier changement : la publication du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi sera trimestrielle, à partir de 2018[2].
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Second changement : les chiffres publiés concerneront le nombre moyen de demandeurs d’emploi sur le trimestre et non plus le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois.
La nouvelle formule trimestrielle précisera également le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi à la suite d’une rupture conventionnelle[3].
LA COMPARAISON AVEC LES CHIFFRES DES ANNÉES PRÉCÉDENTES DEVIENDRA TRES DIFFICILE
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La comparaison avec les années précédentes sera très difficile, même si le Ministère affirme aujourd’hui que le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois continuera d’être mis en ligne sur le site du ministère, sans faire « l’objet d’une publication». La publication mensuelle des chiffres « Pole emploi – Dares » permettait de rapprocher ceux-ci le ceux de l’an passé et d’avoir une vision de l’évolution glissante sur l’année. C’est ce qui a été fait assez régulièrement sur ce blog. Ces chiffres étaient significatifs des tendances.
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Le passage des chiffres du nombre d’inscrits en fin de mois à celui du nombre moyen de demandeurs d’emploi ne permettra plus d’établir une comparaison.
Ce changement de chiffrage apparait comme ayant un but de communication politique : celui de casser le thermomètre du chômage en changeant le mode de calcul et de brouiller la vision de l’opinion sur le chômage de masse en profitant de la complaisance de certains médias.
La présentation par la plupart des médias, sans aucune critique ou réserve, de ce changement de mode de mesure du chômage et de nature des chiffres qui seront produits par l’Etat, illustre soit la complaisance, soit une réelle faiblesse de la compétence…
Nota : L’estimation par enquête de l’Insee du taux de chômage n’est pas touchée par cette évolution, alors qu’elle apparait comme beaucoup plus floue que le comptage des inscrits à Pôle Emploi, même si elle se réfère officiellement à la méthode du BIT…
[1] La ministre du Travail avait déjà cessé de commenter les chiffres depuis sa prise de poste, pour échapper à la réalité des chiffres du chômage de masse …
Durant le précédent quinquennat, les engagements du Président de la République concernant « l’inversion de la courbe du chômage » ont conduit à une perte de confiance. L’indicateur « chômage » a donc été condamné par le nouvel exécutif comme « nuisible ».
Ceci dit, cette décision ne suffira pas à dissimuler la situation du chômage, car d’autres indicateurs précis existent, dont le nombre des bénéficiaires de l’allocation chômage ou des ARS. Il conviendra de prendre une nouvelle approche pour apprécier les évolutions du chômage de masse.
[2] Les chiffres de Pôle emploi auront la même périodicité que l’autre thermomètre du chômage, le taux de chômage de l’Insee. Les chiffres de Pôle emploi seraient publiés 25 jours après la fin du trimestre, tandis que ceux de l’Insee le sont 45 jours après.
La première publication trimestrielle devrait intervenir le 25 avril pour le 1er trimestre 2018.
[3] Ce dispositif permet au salarié et à son employeur de rompre un CDI d’un commun accord, depuis 2008.
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