Parmi les premières annonces du premier ministre sur les orientations du budget 2019, plusieurs concernent directement ou indirectement l’emploi. Ce budget repose sur un taux de croissance de 1,7%[1].
Ces premiers propos du premier ministre ne répondent pas à toutes les questions en suspens, en particulier sur le détail du budget « travail » pour 2019.
L’annonce du report de la baisse des cotisations patronales du 1er janvier au 1er septembre 2019, pour réaliser une économie de 2 M€, est un signe des hésitations du gouvernement quant aux choix à faire pour tenir les objectifs qui ont été fixés.
LE NOMBRE DES EMPLOIS AIDES POURSUIT SA CHUTE.
La diminution du nombre des emplois aidés est annoncée[2]. On se dirige vers une disparition en nombre et en montant des aides, sans compter la sous consommation des crédits dédiés en 2018.
Le chiffre de 100 000 nouveaux emplois aidés sur 2019 a été évoqué (contre 200 000 budgétés en 2018[3]). Ce chiffre reste à confirmer.
Ces mesures mettent en difficulté des associations, des réseaux associatifs et des collectivités locales. Cette décision enlève un outil d’insertion professionnelle concret à l’ensemble des acteurs de l’emploi.
Par ailleurs, le financement, anecdotique en montant, de l’expérimentation « territoires zéro chômage » (c’est à dire la mise en place d’emplois aidés accompagnés sur quelques communes) apparait comme un bien piètre lot de consolation fait à quelques réseaux associatifs …
LES EFFECTIFS DES FONCTIONS PUBLIQUES POURRAIENT UN PEU DIMINUER
L’objectif de réduction du nombre des postes de fonction publique d’État augmente en passant de 1 600 en 2018 à 4 500 en 2019[4] pour un objectif de plus de 10 000 annoncé pour 2020.
Le total de 50 000 suppression de postes aura du mal à être atteint entre 2017 et 2022[5].
La réduction des emplois dans les collectivités locales (objectif de -70 000) passe par la réduction des moyens budgétaires aux collectivités accordés par l’État. Ce mouvement est engagé, mais la situation reste trouble à l’instant présent.
La promesse de campagne portait sur 120 000 suppressions de postes dans les fonctions publiques. Il est encore trop tôt pour connaitre l’évolution concrète des effectifs qui aura eu lieu en 2018 dans chacune des fonctions publiques. Ce sont ces chiffres qui révèleront la tendance et son rythme.
Ce qui est probable, c’est la baisse des recrutements sur plusieurs concours en particulier au niveau des concours de l’Éducation nationale. La phase d’augmentation globale des effectifs semble aujourd’hui achevée.
LA BAISSE DU POUVOIR D’ACHAT DES RETRAITES ET DES FAMILLES VA IMPACTER L’EMPLOI A DOMICILE
Après l’augmentation de la CSG pour les retraités, les pensions de retraite vont progresser de 0,3 % par an en 2019 et en 2020, soit bien en deçà de l’inflation, qui pourrait atteindre 1,6% en 2018, selon l’Insee, et 1,5 à 1,6% les années suivantes.
Il en serait de même pour les allocations familiales, ce qui va impacter les familles ; en particulier nombreuses.
La baisse de pouvoir d’achat des retraités et des familles aura un impact direct sur le nombre des emplois à domicile (et le nombre des heures travaillées), que ceux-ci soient déclarés, ou non. Ce secteur est déjà en recul en 2017 et 2018. La baisse du nombre des emplois va probablement se confirmer.
LES AUTRES ANNONCES NE CONCERNENT PAS DIRECTEMENT L’EMPLOI
D’autres annonces concernent-elles indirectement l’emploi ?
Non, pas vraiment.
Le maintien du niveau d’augmentation de la « prime d’activité » semble positif, mais encore faut-il savoir quel sera le nouveau contour de l’indemnisation chômage en 2019 et comment se dessinera le cumul entre salaire et aide sociale. La « prime d’activité » a fait l’objet de déclarations envisageant sa suppression en début d’été 2018 …
La suppression des cotisations salariales sur les heures supplémentaires (pour septembre 2019) peut apporter un peu de pouvoir d’achat aux salariés concernés en année pleine, mais cette mesure ne créera aucun emploi tout au contraire, elle traduit le développement incertain de l’activité de l’entreprise, et fait valoir l’avantage qu’il y a à ne pas embaucher de nouveaux salariés[6].
Le projet de loi de finances 2019 apportera tous les détails sur l’ensemble de ces points et, aussi sur les variations du financement des acteurs de l’emploi…
[1] « La prévision de croissance sur laquelle nous bâtirons ce budget (2019) sera de 1,7 % ». (Le Premier ministre).
[2] « Nous allons poursuivre l’action engagée : nous voulons transformer l’action publique en diminuant le financement des politiques qui ne sont pas efficaces, par exemple sur le logement ou les contrats aidés, dont la plupart ne permettent pas d’obtenir ensuite un emploi viable » (Le Premier ministre).
[3] 200 000 nouveaux contrats aidés ont été budgétés pour 2018, après 320 000 en 2017 et 459 000 en 2016.
[4] En 2019, les réductions se concentreraient sur les ministères des Finances, sur l’audiovisuel public, sur le réseau déconcentré de l’État.
[5] « Pour la fonction publique d’État, nous tiendrons l’objectif du président de la République de supprimer 50.000 postes à l’horizon 2022 » (Le Premier ministre).
[6] Certains ajoutent que cette mesure apporte un peu de pouvoir d’achat, mais de manière inégalitaire puisque tout le monde n’a pas l’opportunité de se voir proposer des heures supplémentaires.
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