L’Unedic vient de publier les documents de travail présentant un « Diagnostic sur le marché du travail et l’Assurance chômage ». Ils ont été examinés lors de trois réunions les 7, 11 et 12 septembre 2018. Ces documents préalables apportent de très nombreuses informations qui vont éclairer le cadre de la négociation qui devrait s’engager.
L’UNÉDIC A FORMULÉ SON DIAGNOSTIC SUR L’ACCOMPAGNEMENT ET LA FORMATION DES DEMANDEURS D’EMPLOI
Le diagnostic sur « L’accompagnement et la formation des demandeurs d’emploi »[1] apporte des informations intéressantes sur des sujets sur lesquels on a entendu beaucoup de déclarations.
Les actions d’accompagnement et de formation des demandeurs d’emploi ont été mises en cause, sans bien prendre en compte, me semble-t-il, l’existant et les résultats connus des expériences menées.
L’effort en formation est significatif. « Courant 2017, 254 000 allocataires sont entrés en formation (entrés en AREF[2]). Fin 2017, environ 87 400 allocataires percevaient l’AREF, soit 3 % des allocataires indemnisés.[3] Parmi les demandeurs d’emploi indemnisés, sortis d’indemnisation en 2017, 13 % ont connu au moins une période indemnisée en AREF, c’est-à-dire bénéficié d’une formation.
Le budget engagé est conséquent : « De 2010 à 2015, les dépenses d’AREF représentent 1,0 à 1,1 Mds€ chaque année, soit environ 3 % des dépenses de l’Unédic. »
LES RÉSULTATS DES FORMATIONS APPARAISSENT DÉCEVANTS.
La durée totale des périodes indemnisées en AREF est d’environ 3,6 mois en moyenne (4,2 mois en comptant les fins de formations indemnisées par l’Etat)[4].
Mais le délai moyen d’accès à une formation est long : plus d’un an après l’inscription à Pôle emploi, en 2017[5] ; il est vrai qu’il faut tenir compte de la saisonnalité des formations et des domaines demandés.
L’Unédic commente les résultats décevants en termes d’accès à l’emploi : « Les taux d’accès à l’emploi progressent peu en moyenne ces dernières années. Le ciblage du « plan 500 000 » sur les demandeurs d’emploi peu qualifiés et les demandeurs d’emploi de longue durée explique pour partie ces résultats contenus sur 2016 et 2017. En effet, pour ces publics les taux de retour à l’emploi sont plus faibles que la moyenne ».
C’est le même public ciblé qui a été repris dans la politique présente !
Reste donc à proposer, et faire accepter, aux demandeurs d’emploi ciblés d’autres types de formations pour améliorer le mécanisme.
Le choix de la cible devrait sans doute également être complété par d’autres profils intermédiaires.
LA QUESTION DE L’ACCOMPAGNEMENT MÉRITE UN VRAI DÉBAT.
Quant aux positions de l’Unédic concernant l’accompagnement des demandeurs d’emploi, elles semblent entrer en nette contradiction avec la perspective de baisse des moyens annoncée de Pôle emploi et de ses co traitants, voire même ses sous traitants.
Quel que soit le développement des outils numériques (nécessaires, par ailleurs), ceux-ci resteront des outils. Le « 100% web » est une illusion au delà de la gestion administrative.
La clé de l’accompagnement reposera toujours sur des personnes : les conseillers emploi ou toute autre appellation que des communicants voudront bien donner à cette fonction.
Pour réaliser une amélioration de l’accompagnement vers l’emploi, il semble nécessaire de mobiliser du personnel qualifié, disposant de sources d’informations beaucoup plus complètes qu’aujourd’hui (maitrise des données) et d’une formation permanente réellement plus dense que cela n’est le cas, pour pouvoir apporter des réponses concrètes aux chômeurs en face à face en matière de formation et d’emploi.
Cela veut dire aussi qu’au-delà des éléments qualitatifs évoqués, la question des effectifs se pose.
SIX AUTRES SUJETS SONT ABORDÉS DANS LE CADRE DE CE DIAGNOSTIC GÉNÉRAL DE L’UNÉDIC.
Ils concernent :
1. « Le développement des contrats courts : la notion de permittence, les logiques du recours aux contrats courts, les facteurs d’augmentation des embauches en contrats courts, les relations suivies, les différents modes de régulation des contrats courts, l’évaluation du CDD d’usage (CDDU), la régulation des nouvelles formes d’emploi dans d’autres pays, des comparaisons européennes sur la modulation des taux de contribution.
2. Le chômage et le retour à l’emploi.
3. Le cumul allocation-salaire : ses finalités, historiques, des comparaisons européennes, une description des allocataires qui bénéficient du cumul, des éléments d’évaluation de ses effets, le cas de l’activité conservée.
4. Les paramètres de l’Assurance chômage : durée, montant, taux de remplacement du salaire brut, le rapport entre jours travaillés et jours indemnisés, les rythmes d’acquisition des droits et de versement des allocations, le plafonnement des allocations ou des contributions, la variation de l’allocation au cours du droit.
5. La situation financière de l’Assurance chômage, avec les dernières prévisions financières de l’Unédic.
6. L’architecture de l’Assurance chômage : des comparaisons européennes sur l’articulation entre assurance et assistance, les enseignements de la réforme de l’Assurance chômage de 1979, et l’évolution de la structure de financement de l’Assurance chômage depuis 2018. »
Ces documents Unédic mériteraient chacun une analyse détaillée sur ce blog. Dans l’immédiat, ils sont consultables sur : https://bit.ly/2ybIFvO
[1] « 4. ACCOMPAGNEMENT ET FORMATION DES ALLOCATAIRES » – page 65 à 75 – https://bit.ly/2RFZwzh
[2] L’Allocation d’aide au retour à l’emploi formation (Aref) est l’allocation versée aux allocataires de l’Assurance chômage qui réalisent une formation inscrite dans leur plan personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE). Son montant est équivalent à celui de l’allocation d’aide au retour l’emploi (ARE).
[3] Le « plan 500 000 », lancé en 2016 et prolongé sur 2017, faute de son exécution complète, le nombre d’allocataires entrés et indemnisés en AREF a fortement augmenté. Puis il est retombé fin 2017 et courant 2018.
[4] « Dans un tiers des cas, la durée totale en AREF est de moins d’un mois (12 % des cas entre 1 et 5 jours), pour 22 % elle dépasse 6 mois. »
[5] « En 2017, le délai moyen d’entrée en formation est de 12,4 mois (372 jours) en moyenne après l’inscription à Pôle emploi. »
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