Dans une période incertaine de par la nature de la crise, les prévisions sur l’évolution du marché du travail apparaissent parfois contradictoires. Néanmoins certains diagnostics semblent converger au niveau des pays de la zone euro. Le nombre des emplois va repartir, mais probablement assez progressivement ; même sans prendre en compte les aléas sanitaires possibles.
LE TAUX DE CHÔMAGE POURRAIT RETROUVER EN 2023 SON NIVEAU DE 2019.
Plusieurs économistes ont publié des articles sur une reprise économique très rapide. Mais cette position ne fait pas l’unanimité.
L’économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE)[1] vient de prévenir les opinions européennes et d’exposer son diagnostic :
« Sur le marché du travail, le taux de chômage devrait retrouver son niveau de 2019 en 2023 seulement. Le chemin sera long. Il nécessitera un effort prolongé sur le plan budgétaire et monétaire pour soutenir la reprise.[2] »
Cette prudence semble légitime.
LA FRAGILITÉ DE CERTAINES ENTREPRISES A LA SORTIE DE LA CRISE SE CONFIRME. ELLE PRÉSENTE DES RISQUES.
Ce diagnostic rejoint les observations faites sur le blog sur la fragilité des entreprises à la sortie de la crise. De toute évidence :
« Un grand nombre des mesures budgétaires, les programmes d’aide aux entreprises et aux travailleurs vont expirer mécaniquement avec la reprise de l’économie. »
« Je voudrais souligner le risque concernant les entreprises. Beaucoup d’entre elles ont perdu des revenus et n’ont survécu que grâce à un important soutien budgétaire. Nous devons nous assurer que l’interruption progressive de ces aides ne soit pas trop brusque ou trop sévère, ce qui risquerait de pousser inutilement des entreprises vers l’insolvabilité. »
LE PLAN DE RELANCE DE L’UNION EUROPÉENNE PORTE SUR 5 ANS.
Le plan de relance de l’Union européenne (UE)[3], ou Next Generation EU (NextGen), a été approuvé en juillet 2020. Il est toujours en cours de ratification.
Cet économiste de la BCE tient à préciser la nature de ce plan, qui n’apparait pas bien dans les discours de nos responsables.
« Il a toujours été clair que le plan NextGen[4] avait un objectif de moyen terme. Il s’agit pour l’essentiel d’un plan à cinq ans, axé sur les investissements, afin d’assurer une reprise soutenue.[5] »
Trois remarques sont à faire :
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Ce plan, qui devrait être effectif en fin d’année 2021, porte sur 5 ans et non sur la période 2020-2022 du plan de Relance français.
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Il ne contribuera pas au sauvetage des emplois existants, mais bien aux investissements.
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Le budget de 100 milliards, dont 40 de fonds européens, annoncé par le gouvernement risque, dans la pratique, sur la durée prévue, d’être inférieur au montant annoncé.
Le montant du plan de Relance fait l’objet de débats entre experts. Certains proposent de l’augmenter pour faire repartir plus vite les activités et les emplois. Le plus probable semble aujourd’hui qu’un plan de Relance complémentaire sera l’objet d’un enjeu, dans la campagne électorale de 2022. Peu de nouveaux budgets d’investissement devraient apparaitre dans le plan de finances 2022 qui sera présenté à l’été, sauf surprise.
L’ÉCONOMIE DEVRAIT EFFECTIVEMENT REPARTIR RAPIDEMENT, MAIS A PARTIR D’UN NIVEAU RELATIVEMENT BAS.
« Plutôt que de suivre les chiffres de croissance trimestrielle, il vaut mieux comparer avec le niveau d’activité de 2019. Aujourd’hui, nous nous situons probablement 4% ou 5% en dessous. C’est une contraction considérable. Lors d’une récession classique, le recul est plutôt de 2% ou 3%. »[6]
ENFIN, DES CHANGEMENT STRUCTURELS SONT A PRÉVOIR.
Ces changements structurels impliquent qu’il y aura des perdants et des gagnants.
« Les effets de la pandémie sont également très concentrés dans certains secteurs : l’hôtellerie et le tourisme, notamment, qui seront durablement pénalisés. »
[1] Philip Lane, économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE).
[2] « Le chemin de la reprise sera long dans la zone euro » – Le Monde – 10/05/2021
[3] Plan d’un montant de 750 milliards d’euros.
[4] « Le signal envoyé par le plan NextGen a eu pour effet immédiat de réduire les taux d’intérêt à travers l’Europe. C’est bien plus important que le simple volume des fonds. »
[5] « Lorsque l’on regarde la réponse budgétaire européenne, il convient d’additionner les réponses nationales et ce fonds supplémentaire à l’échelon européen. »
[6] « … même avec une croissance dynamique sur le reste de l’année, la zone euro ne retrouvera son niveau de PIB de 2019 qu’au printemps de l’année prochaine. »
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