Des organisations patronales communiquent sur des difficultés de recrutement de personnel saisonnier (tourisme, agriculture…).
LES CAUSES DES PÉNURIES ACTUELLES DE SAISONNIERS SONT MULTIPLES.
D’une part, la suspension ou la réduction des activités en 2020 et 2021 a rompu le renouvellement habituel d’une part des personnels. Une partie se sont tournés vers d’autres emplois.
D’autre part, cette rupture a été l’occasion de questions sur le niveau des salaires, les conditions de travail et de logement, pour des contrats courts et pour une part en temps partiel. Des organisations patronales, conscientes des ces problèmes, se sont engagées pour améliorer la situation.
Ensuite, l’évolution de la situation de certains profils de jeunes contribuent sans doute à ce désengagement des emplois saisonniers avec la prolongation des études dans le supérieur pour 100 000 d’entre eux sur les deux dernières années (suite à l’explosion du nombre de bacheliers en 2020 et 2021), et parallèlement la progression des effectifs en contrat d’apprentissage.
Enfin, les nouvelles règles de l’assurance-chômage, pénalisant les contrats courts et la succession de ceux-ci se révèlent efficace ; puisque le mode de calcul fait diminuer l’indemnisation chômage entre les contrats courts et détourne de ce type d’emploi. D’anciens saisonniers cherchent des emplois pérennes, ce qui était officiellement visé, mais de ce fait les travailleurs saisonniers manquent à leurs postes !
DES SOLUTIONS SONT RECHERCHÉES POUR RECRUTER
Les chiffres annoncés par les organisations patronales de recrutements en suspens (de 100 000 à 300 000[1] selon les déclarations) restent à confirmer, car ce chiffre se réduit progressivement.
Les allocations-chômage paraissent indispensables aux salariés entre les emplois successifs des saisonniers (été, sport d’hiver, centres de vacances, etc.).
La transformation des postes de saisonniers en contrat à durée indéterminée sera marginale.
Certains appelle à la création d’un « statut particulier » pour les saisonniers, sur le modèle, finalement assez proche, de celui des intermittents du spectacle.
Pour 2022, le manque de personnel semble devoir demeurer un problème pour les entreprises petites et moyennes des activités touristiques, agricoles, etc. Les plus grosses entreprises ont a priori à leur disposition davantage de moyens à mobiliser pour recruter.
Des employeurs devraient avoir recours à des travailleurs détachés (venant de l’UE) ou à des travailleurs étrangers (hors UE).
Ces solutions apparaissent préjudiciables à l’accès des travailleurs sur place en France.
OR, DES DÉRIVES APPARAISSENT DANS LE TRAVAIL DÉTACHÉ
La société espagnole Work for All (ex-Terra Fecundis) a mis à la disposition de maraîchers, établis dans le Gard, les Bouches-du-Rhône ou la Drôme, plus de 26 000 ouvriers, originaires d’Amérique du Sud, sans déclarer ces derniers aux organismes sociaux français.
Cette entreprise espagnole vient d’être condamnée à verser 80 millions d’euros de dommages-intérêts à l’Urssaf[2] pour compenser le préjudice lié au non-paiement de cotisations sociales.
Les travailleurs concernés étaient surtout de nationalité équatorienne et ont subi de graves atteintes à leurs droits.
Cette affaire concernait des travailleurs détachés : « Il s’agit du plus important dossier de fraude à la Sécurité sociale jamais jugé en France », selon l’avocat de l’Urssaf.
Cette entreprise continuerait de mettre à disposition de la main-d’œuvre dans des conditions analogues à celles qui lui ont valu d’être condamnée…
Cet exemple atteste des risques potentiels de la mise en œuvre de telles solutions.
[1] Hôtels, bars, restaurants, campings, plages, centres de vacances, etc.
[2] Les faits incriminés remontent à la période allant de 2012 à 2015.
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