Le Premier ministre vise ouvertement la remise en cause du régime social actuel : une réduction de l’assurance-chômage et de l’accès aux aides sociales (mise sous condition du RSA, suppression des ASS, etc.).
LA RECHERCHE D’UNE MULTIPLICATION DES RADIATIONS
Le Premier ministre annonce une hausse spectaculaire du nombre de contrôles sur les demandeurs d’emploi.
Il a annoncé :
-
Un triplement du nombre de contrôles sur les demandeurs d’emploi par rapport à 2023, pour atteindre de l’ordre de 1,5 million de contrôle en 2027 ;
-
Un ciblage sur les inscrits pouvant théoriquement être embauchées dans les secteurs ayant un nombre significatif de recrutement.
Le recours à de nouveaux fichiers numériques de France travail et leur croisement avec d’autres sources est sous-jacent dans ce projet.
LA RÉDUCTION DE L’ASSURANCE CHÔMAGE
Le Premier ministre vient de réaffirmer l’annonce d’un nouveau durcissement des règles de l’assurance-chômage, comme il l’avait exprimé dans son discours de politique générale de fin janvier.
Néanmoins son annonce n’est toujours ni explicite ni détaillée en terme de réduction des montants et des durées …
Le ton semble simplement destiné :
-
A faire peur aux chômeurs : « cela nécessitera des décisions difficiles ».
-
A un calcul électoral, avec le slogan « pour une France du travail »[1], dans la période de l’élection européenne en France, visant à convaincre des électeurs hostiles au principe même de l’assurance chômage.
L’annonce de son plan pourrait avoir lieu à partir d’avril, après date de clôture de la négociation entre les partenaires sociaux le 24 mars (avec ou sans un accord) qui devrait être suivi de son rejet probable par le gouvernement.
La quasi concomitance entre la prise des mesures de réduction et la date du scrutin européen de juin 2024 est clair.
L’intention du Premier ministre reste de transformer « notre modèle social » pour qu’il « incite toujours davantage au travail ».
La bonne articulation du PM avec les positions de la ministre du Travail, de la Santé et de la Solidarité, Catherine Vautrin, chargée des relations avec les partenaires sociaux, reste à confirmer.
LES ÉCHECS DE CES PROJETS APPARAISSENT PROBABLES.
Pour contrer les projets annoncés, le principal espoir repose sur les dysfonctionnements factuels et prévisibles de ces projets.
On peut mettre en cause la réalité effective des 15 heures d’activités des bénéficiaires du RSA ou, sur un autre plan, le financement des postes supplémentaires de conseillers dédiés à l’accompagnement (avec un nombre réduit de chômeurs par conseiller).
Exemple récent, l’augmentation de la durée travaillée permettant l’accès à l’indemnisation chômage (de 4 à 6 mois) a bien eu un effet immédiat, mais cela n’aura duré qu’un temps, le temps de changer le rythme et, au final, comme le décrit fort bien un rapport de la Dares.
Au final, cela s’est traduit par la remontée du nombre de personnes indemnisées en 2023 et l’abandon de candidats pour occuper des contrats trop courts dans les nouvelles conditions posées.
[1] Son ciblage électoral viserait, à tort ou à raison, les classes moyennes, « qui gagnent un peu trop pour toucher des aides, mais certainement pas assez pour être à l’aise » et la détestation sans nuance des « assistés ».
Le PM en revient au « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. », inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946 qui justifierait le fait de punir les chômeurs.
La constitution de 1958 en vigueur ne reprend pas cette formule…
Pas de commentaire sur “La chasse aux chômeurs ne créera pas de nouveaux emplois.”