Le MEDEF vient de formuler des propositions pour l’emploi et évoque la création d’un objectif de 1 million d’emplois dans les cinq ans[1]. Le chiffre de 1 000 000 est très clairement symbolique et pose de réelles questions. Il ne s’agit pas ici d’entrer dans une analyse critique des propositions du MEDEF, nous y reviendrons dans de prochains articles. Il convient d’examiner la nature même de l’objectif du nombre de création d’emploi.
Le premier mérite du MEDEF est incontestablement d’évoquer un objectif en termes de nombre d’emplois en se détachant de l’objectif de réduction du chômage.
La réduction du chômage peut faire l’objet de toutes sortes de manipulations (radiation des demandeurs d’emploi, comme pour le mois d’août 2014, incertitudes sur les divers traitements des chiffres, etc.) tandis que seul le nombre d’emploi est une donnée objective. On peut savoir assez précisément combien de personnes ont cotisé au mois donné.
L’augmentation du nombre d’actifs, dont le nombre de salariés, est la seule clé de l’indispensable équilibre des régimes sociaux, de la croissance des recettes fiscales et du recul du chômage de masse.
L’objectif de 1 000 000 peut apparaitre, somme toute, comme bien modeste. S’il était atteint, Il permettrait juste de dépasser le nombre d’emploi de 2008 en 2019 ! Compte tenu des prévisions de croissance de la population active dans les années à venir (prolongation des carrières, arrivée de classe d’âge nombreuse, arrivées de migrants), la croissance du nombre d’emploi en France devrait sans doute se situer au niveau de 2 ou 3 millions d’actifs supplémentaires dans le délai le plus court possible…
L’organisation patronale constate l’absence actuelle d’un objectif politique chiffré en matière de croissance de l’emploi. Elle fait des propositions et, ainsi, d’ouvrir un débat dont le premier but pourrait être de fixer un objectif national avant même de discuter des moyens.
En résumé, on doit choisir « où aller » avant de « parler des moyens d’y parvenir ».
Le second aspect positif de ces propositions est de faire ressortir que les mesures à prendre sont de nature politique, sauf exception comme la négociation sur les seuils sociaux.
Il apparaît clairement que les mesures à adopter, aujourd’hui ou demain, ne peuvent être le seul fruit du dialogue social et que, s’il elles devaient être prises, elles devraient l’être de manière législative, sans passer par un quelconque « Accord National Interprofessionnel (ANI) ». Le MEDEF demande bien ainsi des mesures politiques en faveur de ses entreprises adhérentes, dont beaucoup se trouvent confrontés à des situations difficiles.
La perspective actuelle semble bien être la coexistence entre, d’une part, le dialogue entre partenaire sociaux pour certains sujets et, d’autre part, des initiatives législatives pour d’autres questions. La question reste de déterminer ce qui dépend d’une procédure ou de l’autre…
[1]La publication de la version officielle des propositions pour l’emploi du MEDEF concerne pour une grande part des modifications du droit du travail et des mesures fiscales. Le ressentiment des entreprises et des autres employeurs privés (associations par exemple) contre les contraintes le droit du travail porte sur deux volets : la lourdeur des procédures dans tous les actes de gestion quotidienne du personnel et le caractère impératif des dispositions visant les contrats, le temps de travail, les salaires, etc. Le droit du travail comprend bien entendu des dispositions qui peuvent apparaître comme des freins à l’embauche, mais l’abandon de certaines exigences ne peuvent suffire à traiter le problème global de l’emploi.
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