Une certaine confusion règne aujourd’hui entre différentes politiques publiques en faveur des jeunes.
Elle conduit à des équivoques et des incompréhensions qu’il faut tenter de lever en clarifiant les choses. Pour l’anecdote et à titre d’exemple, un responsable syndical demandait récemment le taux d’insertion professionnelle du service civique… Face à un très fort taux de chômage des jeunes et à de multiples situations de décrochage scolaire et universitaire, du brevet des collèges jusqu’à la thèse, des mesures politiques sont développées avec, à la fois :
- un but social : agir dans l’intérêt des jeunes et
- un objectif politique : affirmer des actions menées pour faire baisser la proportion de jeunes qui ne se trouvent ni en études, ni en emploi.
Même s’il apparaît à certains intéressant de présenter ces mesures concernant les jeunes comme des solutions à un seul problème : la baisse du taux de chômage, ces mesures ont chacune leur objet. Présentons cet éventail de politiques pour rappeler leur vraie nature.
Le service civique correspond à un engagement des jeunes.
Il suppose une activité permettant un don de soi au service de la collectivité pendant une période donnée de sa vie. Il s’inscrit dans la logique du service national, actuellement suspendu. Il s’adresse à un public mixte de jeunes de tous niveaux de formation et de tout âge. Il peut constituer un vecteur d’insertion sociale, mais en aucun cas le service civique n’est une mesure d’insertion professionnelle, sauf à le dévoyer.
Le contrat d’apprentissage est une période de formation professionnelle qualifiante.
Il conduit à l’obtention d’un diplôme dans un cursus d’étude dans le secondaire ou le supérieur, souvent comme étape d’un parcours de formation. Pour les contrats d’apprentissage de fin d’études, moins de 10% conduisent à une embauche directe par l’employeur ayant accueilli l’apprenti. Ceci ne signifie pas que le diplôme acquis par cette voie n’est pas apprécié par les recruteurs mais l’embauche dépend des commandes comme des niveaux et des secteurs professionnels. Le contrat d’apprentissage est un outil de formation mais pas directement d’insertion professionnelle.
Le stage constitue une pièce d’un cursus de formation initiale.
La loi vient de le confirmer et, de plus, il intervient souvent avant la fin du cursus. Un stage n’est pas une période d’essai, même, si quelques abus, bien réels, viennent de conduire à l’adoption d’une loi faisant entrer les stages dans le code du travail… Le nombre d’embauches au terme d’un stage de fin d’études reste très faible.
Les contrats aidés, pour des jeunes peu ou pas qualifiés, donnent l’occasion d’une insertion sociale.
Avec un contrat de travail d’une durée limitée[1] et un salaire au SMIC, ils apportent une référence d’activité professionnelle suivie dans le temps et, éventuellement, sont accompagnés d’une recommandation de l’employeur. Mais, lorsque ces contrats aidés sont sans formation réelle et sérieuse, ils sont là pour préparer un retour vers une formation professionnelle au terme du contrat aidé.
La présentation d’une période d’engagement, d’une formation en apprentissage, de plusieurs stages ou d’un contrat aidé nourrit le CV d’un jeune d’autant plus que celui-ci s’est bien préparé à en parler avec brio mais leur principal objet n’est pas l’insertion professionnelle.
Ces éléments font bien partie d’une politique de la jeunesse mais pas d’une politique d’insertion professionnelle de la jeunesse ou d’emploi.
Confondre ces dispositifs publics conduit à des incompréhensions de la part des jeunes et des familles voire de décideurs. Le taux de chômage des jeunes, de moins de 24 ans, reste bien à hauteur de 23%.
[1] Il ne faut pas prendre en compte dans ce propos la part des contrats d’« emplois d’avenir » passés en CDI qui effectivement sont des embauches en emplois durables.
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