Le taux de chômage des jeunes était de 22,8% à fin juin 2014.
Derrière ce taux de chômage des jeunes, au sens du Bureau International du Travail (BIT), de moins de 25 ans, de près de 23% à fin septembre 2014, affiché par l’INSEE, il semble intéressant d’examiner l’ensemble des données pour bien comprendre de quoi il s’agit et de quoi l’on parle.
Le « Tableau de bord d’octobre 2014 » de la DARES dans sa partie concernant les jeunes et le marché du travail à fin juin 2014 donne l’occasion de la faire. Les données connues pour le troisième trimestre 2014 ne changent pas en effet le raisonnement. Deux approches sont à suivre parallèlement.
D’une part, la DARES analyse la composition des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi, en France métropolitaine.
Elle y dénombre à fin juin 774 300 jeunes de moins de 25 ans en catégories A, B ou C en France métropolitaine (784 000 à fin septembre 2014) :
- 58% depuis moins de 6 mois.
- 22% ont entre 6 mois et un an de chômage.
- 20% d’entre eux sont en chômage de longue durée[1]. Ce noyau dur compte plus de 156 000 jeunes.
La durée moyenne d’inscription est de 156 jours, soit de l’ordre de 5 mois.
Les jeunes de moins de 25 ans représentent 15% des demandeurs d’emploi, soit moins que les seniors (50 ans et plus) qui constituent 22% du total.
Deux remarques s’imposent à ce stade :
- Ces chiffres sont limités à des jeunes de moins de 26 ans et pas à 30 ans, or de nombreux jeunes arrivent après 25 ans sur le marché du travail compte tenu de l’allongement des études.
- Ils ne comprennent pas les jeunes non-inscrits à Pôle Emploi ou radiés pour une raison ou une autre.
Donc, ces chiffres ne prennent pas en compte l’ensemble de la population des jeunes sans emploi et à la recherche d’un job.
D’autre part, le taux de chômage et d’emploi des jeunes est calculé par l’INSEE qui applique la méthodologie du BIT.
A ce titre, l’INSEE[2] considère les jeunes de 15 à 24 ans ; c’est-à-dire que les jeunes de 25 ans pris en compte par la DARES ne sont pas pris en compte et que les jeunes de 15 à 18 ans le sont tous.
Le taux de chômage pour le second trimestre 2014 est de 22,8%. Ce « taux de chômage » correspond au nombre de chômeurs par rapport au nombre des jeunes en situation de travailler à la date de l’enquête
Il existe un second indicateur qui est la part du chômage. Il donne la part des chômeurs par rapport à l’ensemble de la population des 15-24 ans et est de 8%.
Pour bien comprendre le calcul, il faut reprendre l’ensemble des jeunes et voir dans quelle situation ils se trouvent[3].
Situation | Effectifs | % |
En emploi | 2 562 716 | 35,2% |
Au chômage | 750 571 | 10,3% |
Sous total des jeunes sur le marché du travail | 3 313 287 | 45,5% |
En études | 3 444 367 | 47,3% |
Inactifs[4] | 517 239 | 7,1% |
Total des jeunes de 16 à 24 ans | 7 274 893 | 100% |
Seuls 10% des jeunes de 16 à 24 ans sont au chômage mais ils représentent près de 23% des jeunes présents sur le marché du travail.
Paradoxalement, le taux de chômage pourrait même s’élever tandis que la population des jeunes présents sur le marché du travail diminuerait en raison de l’accélération de la poursuite des études avec 77,5% de reçus au bac en 2014 ! Tout est relatif.
Par ailleurs selon EUROSTART[5], la proportion des jeunes exerçant un emploi à moins de 25 ans en France, dénommée « taux d’emploi des jeunes », est largement inférieure au chiffre moyen des pays de l’Union européenne et, en particulier, très inférieur à ceux de pays voisins comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas mais reste supérieur à ceux de l’Espagne, la Grèce ou de l’Italie.
Le faible « taux d’emploi des jeunes » en France par rapport à ceux d’autres pays est un élément qui prête à réflexion d’une manière générale, comme dans une période marquée par la rareté de l’emploi.
Les approches de la DARES et de l’INSEE convergent pour mettre en évidence le poids du chômage chez les jeunes à la sortie de leurs études avant 24 ou 25 ans selon les travaux.
Ces travaux ignorent le poids du chômage des jeunes plus âgées, pour la plupart de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. Cela mériterait d’être chiffré.
[1] Un chômeur de longue durée est un actif au chômage depuis plus d’un an.
[2] Source INSEE – enquête emploi. France métropolitaine.
[3] Les chiffres ne sont pas exactement ceux de la DARES mais il s’agit d’une enquête INSEE sur une autre population.
[4] Les « inactifs » sont des jeunes qui déclarent n’être ni en études, ni en recherche d’emploi pour des motifs divers comme un voyage, une année sabbatique, une situation de handicap, la maladie, les maternités, la migration, etc.
[5] EUROSTART – Enquête sur les forces de travail
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