
Le classement au brevet est significatif, si on le compare à la proportion de réussite dans les études ultérieures : jeunes sans diplôme (15%), bacheliers (77,5%) et diplômés du supérieur (47%).
QUELS SONT LES RÉSULTATS DU BREVET DES COLLÈGES 2014 ?
Les épreuves[1] du brevet des collèges sont passées en fin d’année de 3ème[2]. En 2014, 810 083 candidats se sont inscrits à cet examen et 790 665 l’ont passé[3].
- 85,4% de ces jeunes ont réussi cet examen (environ 675 000 jeunes).
- 14,6% ont échoué au brevet (environ 115 000 jeunes).
Deux séries coexistent :
- La série générale, constituée des élèves de troisième générale au collège, regroupe neuf candidats sur dix. Elle obtient un taux de réussite de 86 %.
- La série professionnelle rassemble principalement des élèves de troisième prépa-pro et de l’enseignement agricole. Le taux de réussite des candidats est de 79 %.
LES RÉSULTATS DU BREVET POSENT PLUSIEURS QUESTIONS.
Ces résultats posent de nombreuses questions, parmi elles, quatre retiendront notre attention.
La première question porte sur l’égalité femme/homme. L’écart entre le taux de garçons reçus (82,6%) et celui des filles (88,2%) est de 6 points. Une fille sur trois mais un garçon sur quatre obtient une mention «Bien » ou « Très bien » au brevet. Cette différence est significative. C’est le premier indicateur national du décrochage d’une part des garçons par rapport aux filles que l’on retrouve à la réussite au bac, puis lors de l’obtention de diplôme de l’enseignement supérieur[4] et, enfin, lors de l’accès à l’emploi (se reporter aux taux de chômage). Ce constat d’inégalité femme/homme devrait amener à engager une réflexion sur les causes de cet écart croissant lié à l’encadrement, à la pédagogie, aux motivations, etc.
La seconde question porte sur les mauvais résultats à l’épreuve de mathématiques : en effet, près de deux collégiens sur trois n’ont pas obtenu la moyenne à l’épreuve écrite de mathématiques du brevet en 2014[5]. La moyenne des notes en maths se situe à 8,6/20. En 2014, huit candidats sur dix obtiennent de meilleurs résultats au contrôle continu de mathématiques qu’à l’examen final. Et ces mauvais chiffres ne sont pas nouveaux[6]
En 2014, dans les autres disciplines la moyenne est obtenue par 2/3 des candidats en français (en série générale). La note moyenne en histoire des arts est de 13,6/20 et celle en Histoire, géographie, éducation civique de 12,2/20.
La troisième question porte sur l’analyse de l’influence de l’origine des jeunes dans les résultats. La note met en avant les différences sociales[7], le choix de ce seul critère semble insuffisant. Il conviendrait de considérer d’autres critères comme la situation de famille (familles monoparentales, familles recomposées, etc.), le lieu de résidence (milieu rural, quartiers en difficulté, etc.), etc. pour avoir une vision plus complète.
Enfin, la note du Ministère précise que le facteur de l’âge joue sur le taux de réussite. Il est de 91% pour les jeunes de15 ans ou moins[8] et de 65,6% pour les 16 ans ou plus. Il est nécessaire de préciser que ce résultat n’est pas causé par le redoublement, mais, à l’inverse, dans la très grande majorité des cas, c’est l’absence de potentiel, des problèmes personnels ou de manque d’efforts des élèves, dans les années qui précèdent, qui ont été à l’origine de leur redoublement.
LES RÉSULTATS DU BREVET SONT UN OUTIL INDISPENSABLE POUR L’ORIENTATION DE CHAQUE JEUNE
Le résultat au brevet est au moins un avertisseur sérieux sur l’échec ou la réussite des jeunes dans leurs études.
La formation secondaire n’est pas organisée en tuyaux séparés, un jeune qui ne décroche pas le brevet peut faire une bonne classe de seconde et s’orienter vers un bac qu’il réussira avant de poursuivre des études supérieures avec succès. Cette progression dans les résultats au cours de la scolarité reste possible, mais, dans les faits, moins de 10% des jeunes en profitent.
Si l’on tient compte de mentions obtenues, les résultats des jeunes les classent en trois catégories :
-
14,3 des candidats n’ont pas eu le brevet[9]. Il convient d’y ajouter les jeunes qui ne l’ont pas passé.
-
Un tiers des jeunes a le brevet « sans mention » (33,3%).
-
Plus de la moitié des collégiens ont une mention (52,5%).
- 25,4% ont une mention « assez bien »
- 27,1% ont une mention bien ou « très bien »,
Ce classement est assez significatif si on le compare aux catégories de réussite des études ultérieures : jeunes sans diplôme, bacheliers et diplômés de l’enseignement supérieur. Ce rapprochement est vrai en volume, mais pas forcément pour les individus, comme cela a été précisé précédemment.
Les résultats du Brevet apparaissent comme l’un des outils actuels de l’orientation initiale des jeunes.
QUELLE PROCHAINE REFORME DU BREVET DES COLLÈGES ?
Rappelons que l’actuel diplôme national du brevet a été instauré en 1987. Il est attribué sur la base des résultats scolaires obtenus en classe de 3ème, des notes attribuées à un examen et d’une note de vie scolaire. S’y ajoute la validation d’un socle commun de connaissances et de compétences qui comprend sept compétences[10] : la maîtrise de la langue française, la pratique d’une langue vivante étrangère, les principaux éléments de mathématiques et culture scientifique et technologique, la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication, la culture humaniste et les compétences sociales et civiques, autonomie et initiative.
Un rapport du Conseil supérieur des programmes (CSP) (juin 2014) puis un autre rapport de la Conférence nationale de l’évaluation (février 2015) préconisent une réforme du brevet des collèges. Ils envisagent une éventuelle suppression de ce diplôme. Cette solution ne semble pas opportune. La vraie et seule question qui se pose porte sur le niveau atteint par les élèves au cours de leur scolarité et en particulier en fin de 3ème, en prenant en compte leur âge. Une part des élèves ont en effet atteint l’âge de fin de scolarité obligatoire au terme du collège.
Un contrôle extérieur à la classe venant compléter le contrôle continu est indispensable pour avoir une appréciation homogène des niveaux des élèves.
Il semble de bon sens de dire que le niveau atteint conditionne ce que l’on peut enseigner ensuite aux jeunes concernés pour poursuivre l’acquisition de connaissances comme de compétences.
Les décisions concernant le devenir du Diplôme de Brevet des Collèges sont en attente d’ici avril 2015 pour une éventuelle application en 2016.
[1] Les élèves passent quatre épreuves du Brevet en classe de troisième : 3 épreuves écrites : français, mathématiques et histoire-géographie-éducation civique et une épreuve orale d’histoire des arts. depuis la session 2011.
Les notes obtenues en contrôle continu pèsent pour plus de la moitié dans la note finale du brevet et peuvent « rattraper » les mauvaises notes des épreuves à l’examen.
Inversement, les candidats ayant de faibles résultats au contrôle continu arrivent rarement à rattraper leur retard pour obtenir le brevet.
[2] Source : MENESR-DEEP – Note d’information – N° 10 – mars 2015 – Champ : France métropolitaine et DOM, application de gestion Ocean, fichiers des candidats au DNB.
[3] En série professionnelle, 12,5% des inscrits ne se sont pas présentés à l’examen.
[4] Sur une classe d’âge, environ 40% des garçons atteignent la Licence contre 50% des filles. L’écart est de l’ordre de 10 points.
[5] La ministre de l’éducation aurait d’ailleurs proposé une « stratégie » pour rendre l’apprentissage des mathématiques plus ludique, avec l’utilisation de jeux et de calcul mental, ainsi qu’un recours à l’informatique et l’algorithmique.
[6] Dans le classement Pisa 2012 de l’OCDE (sans juger ici de la validité de ce classement), la France figurait en 25ème position en maths, qui évalue les connaissances et les compétences des élèves de 15 ans.
[7] 96 % des enfants de familles très favorisées réussissent leur examen contre seulement contre 76 % des enfants de familles défavorisées (se reporter à la nomenclature des catégories sociales).
[8] Suite à une scolarité normale depuis l’âge de 3 ans, les candidats passent le brevet l’année de leurs 15 ans, après 12 ans d’études.
[9] Pour bien comprendre la situation, les élèves qui ne décrochent pas leur diplôme obtiennent des notes moyennes aux épreuves finales : très basses en mathématiques (3,8/20), assez basses en français (6,7/20), en histoire-géographie- éducation civique (6,9/20) et en histoire des arts (7,8/20). En contrôle continu, ils ont des notes un peu plus élevées (5,9 en mathématiques et 7,3 en français).
[10] Selon les textes, la non-maîtrise de l’une de ces compétences est éliminatoire.
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