Lorsque l’on parle d’orientation des jeunes, il importe de distinguer l’orientation scolaire de l’orientation professionnelle puis d’aborder la relation indispensable à réaliser entre les deux. L’orientation semble devoir obéir à un objectif principal : conduire chaque jeune à un succès rapide par rapport à son projet de formation et de carrière, il s’agit donc d’éviter les échecs et les réorientations successifs, pour avoir une durée d’études raisonnables[1].
L’ORIENTATION SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE VISE LE CHOIX D’UN PARCOURS D’ÉTUDES
L’orientation scolaire vise à informer sur les chances d’un collégien, d’un lycéen, puis d’un étudiant, à réussir un parcours dans le système éducatif et universitaire. Elle entend répondre à la question de savoir si compte tenu du niveau de l’élève, de ses souhaits et de son comportement dans lors de ses études (assiduité, travail personnel, etc.), il peut s’engager avec succès dans un cursus de formation.
L’éducation nationale et l’enseignement supérieur a, ou devrait avoir, des éléments de réponses à cette question de réussite de parcours pour éviter les échecs et les décrochages scolaires ou universitaires.
Par exemple, pour s’inscrire en première année d’études de santé (PACES), il faut savoir que les candidats reçus en seconde année de médecine ou de pharmacie sont, pour 90% d’entre eux, titulaires d’un bac avec mention « bien » ou « très bien », et fréquemment titulaires d’un bac de série générale S. Ce constat ne porte pas sur 100% des effectifs, mais il constitue un indicateur. Autre exemple, pour un bachelier professionnel, avant de s’inscrire à l’université, il faut qu’il sache que seuls 7% des jeunes titulaires de son diplôme parviennent à valider une Licence.
Toutes les informations, qu’illustrent les deux exemples précédents, ne sont pas connues par tous les jeunes concernés. Il demeure un manque de transparence sur les conditions de réussite des jeunes dans chaque parcours d’enseignement. Celui-ci s’explique au moins en partie par le fait que l’accumulation de ces constats est susceptible d’alimenter une critique de fond de l’Éducation nationale concernant son absence de fléchage des parcours proposés.
L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE DES JEUNES AMBITIONNE DE FAIRE CONNAITRE LES SECTEURS D’ACTIVITÉ, LES MÉTIERS ET LES FONCTIONS.
L’orientation professionnelle vise à éclairer chaque jeune sur le(s) métier(s) qu’il souhaite exercer, ou pouvoir exercer, au terme de ses études et de l’obtention de son diplôme (ou ses diplômes).
L’orientation professionnelle implique donc une connaissance des secteurs professionnels privés et publics, des métiers ou des fonctions dans l’entreprise comme des métiers de la fonction publique, des mécanismes de la création d’entreprise, etc. Cette connaissance générale du monde du travail n’est malheureusement pas acquise par la majeure partie des personnels de l’Éducation nationale, qui ne disposent pas d’une expérience professionnelle hors de l’école.
LA QUESTION PORTE SUR LE RAPPORT ENTRE ÉTUDES ET EMPLOI.
Enfin, l’objectif serait de faire connaitre aux jeunes le rapport entre, d’une part, les études et les diplômes et, d’autre part, les emplois occupés. Il ne suffit pas d’annoncer qu’un diplôme amène à un métier (par exemple, au travers de l’intitulé du diplôme) pour que cela soit réellement le cas dans la pratique. Parfois, la correspondance entre diplôme et emploi existe vraiment. Parfois, elle a existé, mais n’est plus d’actualité. Et enfin, certains diplômes n’ont jamais vraiment mené aux métiers auxquels ils prétendaient conduire.
Pour répondre à cette question, plusieurs situations apparaissent :
- des éléments existent et sont bien connus, au moins des professionnels,
- d’autres informations ne sont pas rendues publics, et, enfin,
- beaucoup d’informations manquent, faute d’avoir mené les études indispensables.
Par exemple, dans le secteur privé, on ignore quels diplômes ont les jeunes qui ont réellement recruté sur un type de poste donné, faute d’enquêtes ou de travaux de recherche faits en ce sens.
L’INFORMATION SUR L’ORIENTATION RELÈVE D’UNE COMPÉTENCE NATIONALE.
Les éléments d’information sur l’orientation ont, pour l’essentiel, une validité au niveau national. La diffusion nationale des données répond à la nécessaire mobilité nationale des jeunes dans l’accès à l’emploi indispensable quand on examine la carte du taux de chômage selon les territoires et les différences significatives qui existent entre les zones géographiques.
- L’orientation, comme l’emploi, est une compétence de niveau national.
- L’accompagnement local à l’orientation des jeunes, s’appuyant sur les données nationales existantes ou à mettre en évidence, est naturellement pris en charge sur les territoires par les différents acteurs locaux[2]. Des données locales, liées à la forte présence de certaines formations et de certains secteurs économiques, sur un territoire : de la viticulture à l’aéronautique viennent compléter les données nationales.
Le choix de la consolidation de l’existant et le transfert aux régions (mise en place du SPRO) ne semblent pas suffire à répondre au problème posé par l’orientation des jeunes. Cette orientation apparaît comme un non-choix par rapport à des enjeux importants sur le plan humain et économique.
Un grand chantier reste à ouvrit pour améliorer l’orientation des jeunes de l’école jusqu’à l’entrée dans la vie active.
[1] L’allongement progressif de la durée des études est lié pour une part au défaut d’orientation des jeunes. Ce dernier point est particulièrement important quand on constate que le taux de jeunes actifs de moins de 25 ans est inférieur en France au taux moyen des pays de l’Union européenne et très inférieur aux taux de l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne.
[2] Sont présents sur le terrain : le réseau national des CIO, les SCUIO des universités, le réseau Information Jeunesse (CRIJ, BIJ et PIJ), le réseau des missions locales, etc.
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