Le nombre des personnes en emploi en France est trop faible. il faut accepter une diminution des effectifs des fonctions publiques. Le principal objectif est d’augmenter le nombre des personnes qui travaillent dans le secteur privé.
LES QUESTIONS D’EMPLOI DONNENT LIEU, DE MANIÈRE RÉCURRENTE, À INCOMPRÉHENSION.
Les chiffres clés indiquent des tendances, qui varient finalement peu, malheureusement :
- D’une part, une progression du nombre de demandeurs d’emploi, depuis ces dernières années et l’atteinte de chiffres inégalés, avec un cout social difficile à supporter.
- D’autre part, une croissance annuelle du nombre potentiel des actifs (en emploi ou pas) corrélée avec la baisse du nombre des emplois occupés (salariés ou non-salariés).
La situation actuelle peut être résumée simplement, même si elle est complexe dans les détails. Le diagnostic général tient en quelques constats.
LE NOMBRE DES PERSONNES EN EMPLOI EN FRANCE EST TROP FAIBLE.
Le nombre des personnes en emploi en France est trop faible par rapport à celui des personnes sans activité de 18 à 67 ans : jeunes en études ou inactifs, chômeurs, personnes inactives[1], retraités, etc.
Ce déséquilibre a mis en cause les régimes de protection sociale, il entraîne la croissance de la dette, il multiplie les personnes en situation de pauvreté, il participe à une perte de dynamique sociale et nourrit une désespérance profonde d’une part de la population, etc.
La recherche de solutions, aussi rapides que possible, est impérative. Les réponses apportées jusqu’à ce jour ne semblent pas à la hauteur des enjeux et elles n’ont pas fait leurs preuves. L’exemple des pays voisins d’une taille proche de la France, Allemagne et Grande-Bretagne, confirme que d’autres solutions sont possibles pour arriver à des taux de chômage plus raisonnables, même s’il ne s’agit pas de les « copier ».
Pour tenter d’arriver à un équilibre, il existe deux pistes à travailler simultanément.
- La première est la réduction effective des dépenses publiques[2] tenant compte de la réalité des recettes (déficit zéro, voire en dessous pour commencer à rembourser la dette existante qui atteint un montant excessif).
- La seconde consiste à produire une augmentation du nombre des actifs en France pour revenir au seuil limite du rapport entre travailleurs, chômeurs et inactifs.
Les deux peuvent être menés parallèlement.
La proportion 80/20 du nombre de travailleurs du secteur privé par rapport à ceux du public n’est pas tenable économiquement.
IL FAUT ACCEPTER UNE DIMINUTION DES EFFECTIFS DES FONCTIONS PUBLIQUES.
Pour réduire les dépenses publiques, il faut accepter la diminution le nombre de fonctionnaires de l’État et des collectivités locales.
Il faut appliquer une réforme complète des corps et du fonctionnement des ressources humaines des fonctions publiques avec une grande mobilité des personnels et une revalorisation des salaires d’une part des personnels. Les rapports de la DGAFP[3] sur le sujet ont été établis depuis des années, donnent toutes les pistes pour y parvenir. Il n’est plus besoin de réunir des commissions, mais indispensable de prendre des décisions politiques par voie réglementaire. Les fonctionnaires titulaires resteront en poste. Les effectifs de vacataires et de personnes en emplois aidés doivent diminuer et le non-remplacement d’une part des départs en retraite rétabli. Le recrutement de fonctionnaire doit se poursuivre, mais avec une grande attention à chaque cas.
Cette réduction des effectifs ne doit épargner la fonction publique dans les domaines régaliens : armée, police, douane, justice, pénitentiaire, diplomatie, infrastructures, etc. pour que l’État puisse assurer son cœur de métier.
Cela conduira à une baisse du nombre d’emplois publics. Cette baisse des effectifs publics doit atteindre un seuil où le rapport public / privé sera satisfaisant.
Il faut accepter une démarche pragmatique, et non pas idéologique.
- Aujourd’hui, il faut diminuer les effectifs des fonctions publiques, qui, avec 20% des emplois salariés, disposent d’effectifs trop nombreux.
- Demain, si le nombre des emplois privés augmente de manière significative, il sera possible d’en augmenter les effectifs.
L’AUGMENTATION MASSIVE DU NOMBRE DES PERSONNES QUI TRAVAILLENT DANS LE PRIVÉ EST LA PRIORITÉ
Le nombre d’emplois dans le secteur privé doit augmenter. Cette augmentation doit porter sur 2 à 3 millions d’emplois nouveaux. Cet objectif consiste à réduire le chômage de près de moitié pour redescendre à un taux de chômage de 5 à 6% (niveau britannique et allemand). L’objectif évoqué, de manière un peu rapide, par le MEDEF de la création d’un million d’emplois nouveaux est très clairement insuffisant.
UN CHANGEMENT PROFOND DE LA POLITIQUE DE L’EMPLOI EST INDISPENSABLE.
Pour créer des emplois dans le secteur privé, il faut faire le choix de changer profondément d’axes politiques et de jouer sur plusieurs leviers :
- Accepter d’accompagner les personnes les plus proches de l’emploi, et les plus volontaires pour occuper un emploi, en priorité sur les personnes qui en sont le plus éloignées (sans les oublier bien entendu),
- Favoriser des embauches dans des entreprises en supprimant certains freins existants et surtout en redonnant la confiance aux décideurs, en refusant la croissance les contraintes. Le contexte de la baisse du prix de l’énergie et d’une cotation plus raisonnable de l’euro apporte un contexte favorable,
- Choisir les secteurs professionnels à privilégier. C’est-à-dire, les secteurs productifs de l’agriculture agroalimentaire, de la construction, de l’industrie (dont l’aéronautique) et du numérique doivent connaître un nouveau développement. Le secteur tertiaire gère lui-même son développement[4].
- Encourager le développement des associations et de leurs recrutements, hors emploi aidé. L’économie sociale peut participer à l’atteinte de cet objectif. Le secteur de l’économie sociale dispose de réserves de développement d’emploi, en particulier, là ou l’état déléguera des fonctions en réduisant ses effectifs. Le développement de ce secteur. De 10% des emplois actuellement, il pourrait passer à 15% des effectifs salariés.
- Conserver le CDI comme la référence. Mais, pour sortir de l’impasse actuelle, il faut accepter le développement d’emplois à temps partiel ou de courte durée, comme une étape à un retour à l’emploi durable à temps plein[5].
- Encourager la création d’activité, mais avec des résultats plus probants. La politique actuelle cible, sauf exception, des publics en difficulté. L’augmentation du nombre des indépendants, free-lance, conseils, etc. nécessite une réorientation de cette politique vers des profils à plus fort potentiel.
- Résoudre la contradiction entre la hausse de l’âge moyen d’entrée dans la vie active et l’augmentation de la durée de la vie professionnelle imposée par le nombre de trimestres de cotisation pour accéder à une retraite pleine. L’âge moyen d’entrée dans la vie active en France est le plus élevé d’Europe[6]. Il faut revoir la logique de la poursuite automatique des études supérieures à tout prix[7] de la part d’étudiants dont le décochage universitaire est très probable.
- Enfin, faire évoluer la politique d’accompagnement des chercheurs d’emploi par les acteurs de l’emploi publics et privés, afin de prendre en charge toutes les personnes volontaires pour bénéficier de cet accompagnement.
[1] Personnes inactives par choix (hommes ou femmes au foyer), « rentiers », personnes invalides, malades, année sabbatiques, etc.
[2] Même les mesures annoncées pour 2015-2017 piétinent et ne semblent pas pouvoir atteindre leurs objectifs.
[3] DGAFP : Direction Générale de l’Administration de la Fonction Publique.
[4] Le secteur tertiaire est déjà assez bien dimensionné. Il est difficile d’émettre un jugement global tant les situations différent selon les sous-secteurs. Avec le développement de services et d’acteurs numériques, certaines activités peuvent être amené à stagner, voire à réduire leurs effectifs très progressivement en France (banque et assurances par exemple).
[5] L’exemple britannique prouve le bienfondé de cette démarche.
[6] Il faut se rapprocher des âges moyens actuels en Allemagne ou en Grande-Bretagne.
[7] Cette logique de la poursuite d’études à tous prix est inscrite dans la logique même des universités françaises qui cherchent à avoir le maximum d’étudiants.
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