La réduction des dépenses publiques va impacter toutes politiques à destination des jeunes.
LES LIMITES DE LA « PRIORITÉ À LA JEUNESSE » SEMBLENT ATTEINTES.
Des annonces en faveur des jeunes très secondaires viennent d’être faites. Des mesures en faveur de la jeunesse ont été présentées aux « représentants » de la jeunesse au Conseil économique, social et environnemental (CESE)[1].
Les mesures existantes ont atteint leurs limites. Rien de plus ne semble devoir être engagé, faute de moyens, pour les années 2016-2017. Le développement, réalisé depuis des décennies, de divers avantages accordés aux jeunes semble en voie de s’achever, au moins pour les années à venir.
LES ANNONCES FAITES EN FAVEUR DES JEUNES SONT TRÈS SECONDAIRES.
Les annonces faites concernent des mesures très secondaires, même si certaines semblent de bon sens. Elles concernent les points suivants.
- Le rappel du « contrat de génération » qui n’a pas atteint ses objectifs tant quantitatifs que qualitatifs. Seuls 40 000 contrats signés, depuis le début de cette formule, mais bien moins en fonctionnement, par apport à un objectif initial de 100 000 par an.
- L’extension de l’âge limite du Contrat jeune majeur (CJM), accordé à des jeunes en rupture familiale, au-delà de 21 ans, concerne peu de jeunes.
- La réforme de la « Journée défense et citoyenneté » (ex-JAPD) pour « favoriser l’accès à la formation » en transformant la nature de cette journée sans apporter grand-chose. Les professionnels voient mal l’intérêt d’un tel projet, car informer les jeunes en collectif et avec un encadrement restant à préciser semble sans grande efficacité[2].
- La généralisation de la « garantie jeune » semble hâtive sans attendre d’avoir pris le recul nécessaire pour juger sérieusement de l’efficacité de cette mesure.
- L’ouverture d’Erasmus aux apprentis et alternants qui concernera une population peu importante. Des années dans les pays européens existent d’ailleurs déjà avec l’expérience des Compagnons du devoir et du tour de France.
- L’année de césure dans les études supérieures pour mener des engagements, dont le service civique, existent déjà dans les faits ; un texte réglementaire de plus sur ce thème ne semble pas devoir apporter grand-chose.
- Le développement du nombre de jeunes en service civique, devenu « universel » est un objectif qui demandera du temps pour être atteint. D’une part, les structures d’accueil publiques sont déjà bien engagées et, d’autre part, beaucoup d’associations se trouvent dans des situations économiques difficiles produites par la réduction des dépenses publiques[3].
- Seule, l’annonce de l’ouverture de la nouvelle « prime d’activité », pour les jeunes travailleurs de moins de 25 ans peut avoir un réel impact sur leur pouvoir d’achat. Il faut attendre la mise en place de cette mesure pour mesurer le nombre de jeunes bénéficiaires réellement concernés[4].
Ces mesures ne suffisent pas à donner un nouveau souffle au politique de jeunesse. Leur point commun est de correspondre à un cout zéro, dans une période de réduction des dépenses publiques. Même le budget global de la « prime d’activité » est limité par principe à 4 milliards d’euros pour l’ensemble de ses bénéficiaires, avec des perdants et des gagnants.
LES MESURES EXISTANTES PIÉTINENT.
Parmi les mesures nouvelles prises en faveur des jeunes, depuis 2012, on note que le contrat de génération a échoué à dépasser un seuil significatif.
Près de 700 000 emplois pour les jeunes de moins de 25 ans bénéficiaient, à fin 2014, des politiques publiques dont 140 000 contrats aidés (CAE et emplois d’avenir) et 556 000 contrats d’alternance :
- L’objectif des « emplois d’avenir » a été globalement atteint. Il ne s’agit pas d’une mesure pérenne. Le nombre de signataires de nouveaux contrats d’emplois d’avenir va désormais décroitre de manière progressive. Les contrats en cours se poursuivront pour la durée prévue, mais l’impact sur les jeunes arrivants sur le marché de l’emploi va décroitre.
- Le nombre des entrées de jeunes en contrats d’apprentissage diminue depuis trois ans.
Enfin, les structures et les initiatives destinées au soutien à des décrocheurs scolaires (École de la deuxième chance (E2C), EPIDe, parrainage, etc.) sont utiles, mais elles n’ont pas connu un réel développement quantitatif.
La « priorité » qui devait être accordée à la jeunesse, en particulier dans le domaine de l’emploi, ne l’a pas été.
AUCUNE PERSPECTIVE POUR 2015-2017 N’EST OUVERTE.
Dans la réalité, le développement réalisé depuis des décennies de divers soutiens accordés aux jeunes semble en voie de s’achever, dans les années à venir. La décision de réduction des dépenses publiques pour les années 2015-2017 impactera forcément les politiques en faveur des jeunes. Les seules marges de manœuvre au plan budgétaire reposent sur des réattributions de crédits d’un poste sur un autre et dans la détection des fraudes de dispositifs sociaux[5].
Des mesures menacent en particulier certains étudiants, comme la diminution de 50% de la bourse au mérite déjà décidée (après la décision de suppression totale invalidée) ou la modification probable à terme des critères d’accès à l’aide personnalisée au logement (APL), etc.
La politique affichée de « priorité à la jeunesse » se heurte à deux écueils :
- l’absence de vision d’ensemble des problèmes de l’ensemble de la jeunesse avec le choix de se concentrer sur les seuls « jeunes sans qualification »[6] et
- la réduction des moyens financiers dédiés à la jeunesse dans une période de crise économique.
[1] Le groupe des Organisations étudiantes et mouvements de jeunesse au CESE est présidé par Azwaw Djebara (Union nationale des étudiants de France – UNEF) et les représentants de la FAGE, d’Unis Cité et des Scouts et Guides de France. Quelque soit la qualité effective des personnes nommées au CESE, ce groupe n’est évidemment pas représentatif de la jeunesse.
[2] Le ciblage des jeunes sortis du parcours scolaire ou en cours d’orientation change la nature même de cette journée.
[3] En particulier, de nombreuses associations se trouvent frappées de plein fouet par la baisse de leurs subventions découlant de la diminution des dotations des collectivités locales engagée pour 2015-2017.
[4] En raison d’une mesure restrictive, les étudiants et apprentis devront être rémunérés à plus de 0,78% du SMIC pour en bénéficier. Cette condition limitera évidemment le nombre de bénéficiaires.
[5] Il reste sans aucun doute des marges de manœuvre reposant sur le repérage des cas de fraude existante sur l’attribution des bourses étudiantes, mais, même dans ce domaine, le résultat dégagera des budgets à la marge.
[6] Cette cible est également celle choisie par l’Union Européenne. Mais, avec plus de 77% d’une classe d’âge validant un bac, cela signifie que la politique d’emploi des jeunes ne concerne plus dans les faits qu’1 jeune sur 5.
Un commentaire to “Les limites de la « priorité jeunesse » semblent atteintes.”
5 août 2015
La politique emploi des jeunes ne concerne qu&r...[…] Les mesures existantes marquent le pas. Les annonces faites en faveur des jeunes sont très secondaires. Aucune perspective forte pour 2015-2017 n’est ouverte. […]