LE RECRUTEMENT DES CADRES PROGRESSE AVEC PRUDENCE SUR 2015
Suite à un 3ème trimestre 2015 où 58 % des entreprises ont recruté au moins un cadre, les entreprises restent prudentes dans leurs prévisions de recrutement de cadres d’ici la fin de l’année[1]. 51% des entreprises envisageraient de recruter des cadres au 4ème trimestre 2015. Il s’agit de projets d’embauche fermes dans 36% des entreprises.
Le remplacement des départs reste le premier motif de recrutement (49%). Seule une part des recrutements (28%) seraient motivés par le développement de l’activité de l’entreprise, à une réorganisation interne (17%) ou à une autre raison (6%).
Ces prévisions varient selon les secteurs :
- Favorables dans le secteur banque assurance (81%), dans les activités informatiques à 93 % (développement de l’activité) ou dans l’ingénierie R et D (74 %).
- Basses dans les secteurs de la construction (33 %) et du médico-social (36 %).
179 000 offres d’emploi ont été diffusées par l’Apec au cours du 3ème trimestre 2015 soit +6 % par rapport au 3ème trimestre 2014.
LES PROJETS DE RECRUTEMENTS CONCERNENT DES CADRES CONFIRMES, MAIS PAS TROP
Les prévisions de recrutement selon le profil, en % d’entreprises qui prévoient de recruter au 4e trimestre 2015, sont les suivantes en ordre décroissant :
- Des cadres confirmés (à 10 ans d’expérience) : 82% (+2 points sur un an),
- Des jeunes cadres (1 à 5 ans d’expérience) : 80%,
- Des cadres confirmés (10 à 20 ans d’expérience) : 63%,
- Des cadres confirmés de plus de 20 ans d’expérience (45 à 50 ans et plus) : 44% (-7 points sur un an),
- Des jeunes diplômés (sans expérience) : 35% (- 5 points sur un an).
L’APEC conclut que « signe d’un climat dégradé, les jeunes diplômés et les cadres les plus expérimentés sont moins recherchés par les entreprises qui recrutent » et que « Les jeunes diplômés de 2015 font face à des difficultés d’insertion, qui viennent télescoper celles des jeunes diplômés de 2014 ».
Ces chiffres sont en phase avec les difficultés que rencontrent les cadres séniors à retrouver un emploi.
LE FAIBLE ACCÈS DES JEUNES DIPLÔMES A MASTER2 AUX POSTES-CADRES DOIT ETRE ANALYSE.
Ce constat confirme le défaut de correspondance entre le nombre des jeunes, validant un master2 sortant actuellement sur le marché du travail, et le nombre des offres-cadres disponibles au 4ème trimestre 2015.
Ce décalage mérite d’être analysé par les responsables politiques qui continuent à encourager à tout prix la poursuite des études vers le master2 d’un nombre croissant d’étudiants.
Cette situation peut être considérée comme conjoncturelle, mais il restera de toute manière un stock parvenant à des postes-cadres en interne aux entreprises pour des années.
Ne faut-il pas admettre, comme une réalité structurelle, que l’on forme, dès à présent, un nombre de candidats aux postes d’encadrement, de cadres ou de fonctionnaires de rang A largement supérieur aux besoins du marché du travail ?
Ne faut-il pas admettre que cette politique ne repose en aucun cas sur l’évolution du marché du travail, mais plutôt sur le souhait de développement des universités, dont la renommée et les financements tiennent aux effectifs, ou de politiques en faveur de l’ascension sociale ?
Le rapport du comité StraNES (Stratégie Nationale pour l’Enseignement Supérieur), remis au Président de la République le 8 septembre 2015, propose de fixer un objectif à 60% de diplômés de l’enseignement supérieur dans une génération (dépassant l’objectif de 50% précédent). Est-ce une orientation raisonnable ?
Si demain près de 500 000 jeunes ont une Licence[2] et 400 000 jeunes ont un master2, combien d’entre eux exerceront les responsabilités professionnelles auxquelles ils aspirent ?
[1] Source : Apec, Note de conjoncture du 4e trimestre 2015, octobre 2015
[2] Le rapport du comité StraNES (Stratégie Nationale pour l’Enseignement Supérieur) remis au Président de la République le 8 septembre 2015 propose de fixer l’objectif de 60% de diplômés de l’enseignement supérieur dans une génération (dépassant l’objectif de 50% précédent)
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