EN FRANCE, DE NOMBREUX JEUNES N’ENTRENT PAS « NATURELLEMENT » DANS LA VIE ACTIVE
En France, l’entrée de tous les jeunes dans la vie active ne se produit pas « naturellement » dans la mesure où le nombre des emplois stagne, tandis que le nombre d’actifs potentiels augmente (allongement des carrières, immigration, etc.).
Beaucoup de jeunes aux termes de leurs études n’entrent pas « automatiquement » dans une activité professionnelle et dans la construction d’un parcours de vie adulte.
Pour répondre à cette situation, les politiques publiques successives ont convergé pour construire une offre diversifiée de voies destinée aux jeunes de moins de 25 ans comportant :
- Des incitations à la prolongation des études (avec plus de 77% de jeunes validant désormais un bac), et un accès croissant à divers types d’études supérieures,
- Des contrats d’apprentissage ou des formations comportant des stages longs proches de l’alternance non payée,
- Des missions de service civique, dont la montée en charge est recherchée,
- Des contrats aidés pour les jeunes sans qualification (c’est-à-dire les jeunes sans aucun diplôme) ou peu qualifiés : les emplois d’avenir ou les CUI CAE / CUI CIE)
- Etc.
De fait, le contexte économique actuel, caractérisé par un taux de croissance faible, combiné aux résultats de ces politiques publiques concernant les jeunes, conduit à une situation où de moins en moins de jeunes sont en emploi classique (en CDD/CTT ou en CDI ou travailleur indépendant) avant leurs 25 ans. Le nombre de jeunes en activité professionnelle diminue et par conséquent l’âge d’entrée sur le marché du travail croit.
Chacune de ces politiques ciblant des jeunes a un cout important pour les finances publiques : cout des études, cout de l’apprentissage, cout du service civique ou cout des contrats aidés.
LES POLITIQUES EN FAVEUR DES JEUNES SONT DISPERSÉES ET CONCURRENTES
Ces politiques sont développées de manière indépendante par divers centres de décision au niveau des services de l’État :
- Les établissements de l’éducation nationale comme de l’enseignement supérieur partagent une logique de croissance des effectifs (plus que de résultats). Cette croissance des effectifs se heurte d’ailleurs à la barrière budgétaire, comme actuellement dans le cas des Universités pour lesquelles le budget ne suit pas la croissance des effectifs.
- Le « travail » développe des contrats aidés ouverts à certains profils de jeunes.
- La « formation professionnelle » organise les contrats d’alternance : contrats d’apprentissage et contrats de professionnalisation.
- La « jeunesse » encourage le développement de l’engagement des jeunes avec diverses offres dont le « service civique ».
- Etc.
Une vision générale de la jeunesse conduisant à un projet d’ensemble apparait comme absente.
De plus, il existe même une concurrence de fait entre des solutions proposées par des politiques publiques parallèles. Citons, par exemple, la concurrence entre la formation initiale en lycée professionnel et le recours à la formation en apprentissage dans un Centre de Formations d’Apprentis (CFA).
Le même constat d’une absence de schéma cohérent pourrait être dressé en ce qui concerne les aides sociales à destination des jeunes autonomes ou non (garantie jeunes, RSA, prime d’activité, APL, etc.).
LE SENS DE CES POLITIQUES EN FAVEUR DES JEUNES EST SOUVENT MAL COMPRIS.
Les responsables politiques, patronaux, syndicaux, les journalistes, les bénéficiaires, etc. ont tendance à mélanger la nature des solutions existantes qui relèvent de domaines différents : les études initiales, la formation professionnelle, l’engagement citoyen, l’emploi …
- Un contrat d’apprentissage est avant tout une formation. Celle-ci débouche sur la validation d’un diplôme CAP, bac, BTS/DUT, licence ou master, même si le jeune bénéficie d’un contrat de travail.
- Une mission de service civique doit constituer une période d’engagement. Elle a une fonction d’insertion sociale, mais n’a pas aucune fonction directe en matière d’insertion professionnelle.
- Un contrat aidé est un contrat de travail comme un autre pour un jeune. Peu importe pour lui que l’employeur bénéficie de mesures réduisant le cout du travail. Il est en CDD voire en CDI.
Or, il n’est pas rare d’entendre un responsable demander quel est le taux d’accès à l’emploi après un service civique.
Ou un autre d’imaginer qu’un contrat d’apprentissage est suivi d’une recherche d’emploi alors que dans de nombreux cas cette période de formation en alternance est simplement une étape dans un parcours.
2 commentaires to “Les politiques jeunes n’obéissent pas à un plan d’ensemble.”
22 janvier 2016
Michel AbhervéNous disons sur ce sujet des choses très voisines
« 500 000 personnes de plus en formation : ce sera difficile, et d’ailleurs ce n’est pas forcément souhaitable »
sur http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2016/01/03/500-000-personnes-de-plus-en-formation-ce-sera-difficile-et-dailleurs-ce-nest-pas-forcement-souhaitabkle/#comment-591959
22 janvier 2016
Daniel LamarJ’ai eu l’occasion de constater que nous partagions beaucoup de point de vue effectivement…