Une récente étude de la DARES[1] sur la situation des jeunes, vis-à-vis de l’emploi en 2015, présente un grand intérêt. Elle concerne en effet les jeunes de 15 à 29 ans alors que dans les politiques de l’emploi françaises ne sont considérés, sauf exception, que les jeunes de moins de 25 ans. Elle atteste du fait que les difficultés des jeunes ne s’arrêtent pas après 24 ans…
QUID DE LA POPULATION JEUNE APRÈS 24 ANS…
Les politiques de l’emploi en faveur des jeunes développées au niveau de l’Union européenne considèrent les jeunes jusqu’à 29 ans, et non jusqu’à 25 ans comme en France.
Cette différence est très importante, car le choix d’une limite d’âge à 25 ans donne une image déformée de la réalité de la situation dans la mesure où beaucoup jusqu’à 24 ans sont en cours d’études[2] et que les taux de chômage annoncés portent sur une part seulement de la jeunesse.
Cela a pour conséquence, d’une part, de cibler l’attention sur les seuls jeunes de moins de 25 ans et, d’autre part, d’occulter les problèmes d’entrée dans l’emploi d’une part des jeunes de 25 ans et plus.
Derrière cette approche, il y a de multiples raisons à la fois historique (les jeunes étaient autrefois en emploi avant 25 ans ), politiques et budgétaires.
L’ÉTAT FAIT L’ÉCONOMIE D’UNE POLITIQUE DE L’EMPLOI POUR LES 25/29 ANS.
Pour « faire des économies », depuis des décennies, la politique de l’emploi se contente de traiter les jeunes en décrochage scolaire, disposant de pas, ou peu, de diplômes, et arrivant plus jeunes que les autres sur le marché du travail (principalement via les Missions locales). Et encore, on ignore des dizaines de milliers de jeunes qui n’ont ni emploi, ni projet que l’on ne référence pas faute d’une inscription à Pôle emploi ou dans une Mission locale…
Les politiques de l’emploi ne sont pas destinées aux jeunes qui font des études plus longues, mais dont une part importante rencontre des problèmes d’accès aux premiers emplois. Il s’agit des jeunes qui sortent en mauvaise situation de leurs études supérieures. Les raisons sont diverses :
- Le décochage universitaire en premier cycle universitaire (qui concerne environ 100 000 jeunes par an),
- Des formations supérieures à faibles débouchés et il en existe encore beaucoup compte tenu de l’absence de limitation des effectifs sur certains cursus et du maintien de formations connues comme sans débouché,
- Les contradictions existant en le projet personnel et le diplôme validé,
- Des problèmes personnels de toute sorte (santé, social, etc.), etc.
LES CHIFFRES INDIQUENT BIEN QUE LES DIFFICULTÉS D’ENTRÉE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL NE DISPARAISSENT PAS À 25 ANS
L’étude de la DARES détaille la situation de trois tranches d’âge de cinq ans : 15 à 19 ans, 20 à 24 ans et 25 à 29 ans. Elle donne les chiffres pour tranche globale des jeunes de 15 à 29 ans et pour la population active des 15 à 64 ans.
Pour l’année 2015, on constate que le taux de chômage[3] diminue avec l’âge : 33% pour les 15/19, 22,7% pour les 20/24 et 14,1% pour les 25/29 ans[4].
Cela conduit un taux de chômage global des jeunes de 15 à 29 ans de 18,9%, donc supérieur au taux de chômage général de 10,4%, en 2015.
On observe donc un mouvement vers le taux de chômage moyen année après année des jeunes. Mais celui-ci n’est pas bon à 25 ans et n’a pas encore rejoint la moyenne à 29 ans !
Le taux d’emploi passe ainsi, selon les classes d’âge, de 9% pour les 15 à 19 ans à 48% pour les 20 à 24 ans, puis à près de 73% pour les 25 à 29 ans. L’entrée sur le marché du travail est progressive, mais peut être jugée comme trop tardive.
[1] Source : DARES Résultats – « Emploi et chômage des 15 29 ans en 2015 – un jeune sur dix au chômage » – 14.03.17
[2] De plus en plus de jeunes poursuivent des études supérieures, après le bac validé par 84% d’une classe d’âge. Toute la politique éducative et enseignement supérieur est conduit en faveur de la poursuite des études des jeunes. Les études supérieures deviennent donc plus longues, soit parce que les étudiants ont du mal à les achever et que leurs parcours sont tortueux, soit parce que les étudiants réussissent bien et cumulent plusieurs diplômes, à tort ou à raison. Ceci est un autre problème.
[3] Rappelons que ce taux de chômage est calculé par rapport au nombre des actifs : il ne comprend donc pas les jeunes en études sont la proportion diminue année après année. Ceci veut dire que quand on annonce un taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans à hauteur de 24%, cela signifie, en fait, qu’environ seulement 10% des jeunes de cette classe d’âge sont au chômage. Les jeunes en études et en emploi représentent 90% des jeunes.
[4] Principaux indicateurs de la situation sur le marché du travail en 2015
15-29 ans | 15-19 ans | 20-24 ans | 25-29 ans | 15-64 ans | |
Taux d’activité | 53,3 | 13,4 | 62,3 | 84,7 | 71,3 |
Taux d’emploi | 43,2 | 9,0 | 48,1 | 72,8 | 63,8 |
Part de chômage | 10,1 | 4,4 | 14,2 | 11,9 | 7,4 |
Taux de chômage | 18,9 | 33,0 | 22,7 | 14,1 | 10,4 |
Part du halo autour du chômage | 4,6 | 3,0 | 5,7 | 5,2 | 3,7 |
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