LE PROGRAMME D’EMMANUEL MACRON PRÉVOIT DE REMETTRE EN PLACE LES « EMPLOIS FRANCS »
Ce dispositif, mis en place en 2013, avait été abandonné en 2014 pour les résidents des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Le programme d’Emmanuel Macron revient sur cette mesure et précise : « Nous créerons des emplois francs. Lorsqu’une entreprise, où qu’elle soit située, embauchera un habitant des quartiers prioritaires de la politique de la ville en CDI, elle bénéficiera d’une prime de 15 000 euros, étalée sur les trois premières années : ce sera comme si elle ne payait plus de charges. En CDD, la prime sera de 5 000 euros sur les deux premières années[1] ». (Extrait du programme d’Emmanuel Macron).
Il s’agit d’une mesure de « discrimination positive assumée » en faveur de personnes domiciliées dans les quartiers de la politique de la ville, dont la liste a, par ailleurs, été réduite depuis cette date.
L’objectif des « emplois francs » avait été fixé en 2013 sur la création de 10 000 emplois, sur une période de trois ans, grâce à une subvention de 5 000 € pour l’embauche d’un jeune chômeur résidant dans un quartier politique de la ville, mais, dans la pratique, seuls 250 contrats avaient été signés au cours du lancement…
LES RAISONS DE L’ÉCHEC DES « EMPLOIS FRANCS » SONT CONNUES
Les raisons de cet échec cuisant, identifiées par ses promoteurs, étaient principalement :
- La concurrence avec les « emplois d’avenir » lancés sur la même période,
- La faible mobilisation des Missions locales et de Pôle Emploi en faveur de ce dispositif,
- Des critères d’accès trop contraignants et
- Une incitation financière trop faible.
Une modification des critères par une Circulaire[2] avait été envisagée en 2014, mais un abandon définitif du dispositif a été préféré.
Le retour de la proposition des « emplois francs » comporte effectivement ces modifications de contours[3], mais elles ne suffisent pas à la rendre probante.
Les « emplois francs » ont été un échec majeur. La prime à l’embauche n’a pas convaincu les entreprises et n’a pas été portée, comme prévu initialement, par les résidents chômeurs auprès des employeurs.
La modification des critères d’accès à ces nouveaux « emplois francs » ne semble pas suffisante pour qu’un tel dispositif puisse fonctionner.
La mise en place de ces « emplois francs » est la seule mesure du programme d’Emmanuel Macron en faveur de l’emploi des habitants des quartiers actuels de la politique de ville.
D’AUTRES MESURES EN FAVEUR DE L’EMPLOI DANS LES QUARTIERS DE LA POLITIQUE DE LA VILLE POURRAIENT ÊTRE DÉVELOPPÉES.
Les problèmes de chômeurs de ces quartiers, portent fréquemment sur :
- le faible niveau de formation des habitants, dont parfois l’absence de la maitrise de la langue française,
- l’absence de réseau professionnel,
- des discriminations à l’embauche cumulées,
- la permanence de la faiblesse de l’accompagnement de Pôle emploi (en dépit de tous les engagements pris depuis longtemps),
- etc.
Les habitants, qui accèdent à leur autonomie, ont tendance à quitter les quartiers. C’est le cas de beaucoup de bacheliers qui partent pour effectuer leurs études supérieures, puis cherchent un emploi après l’obtention de leurs diplômes de là où ils sont installés. Un tri progressif de population en difficulté s’enclenche naturellement pour arriver à des situations de très fort taux de chômage.
Il apparait que d’autres pistes en faveur de l’emploi des habitants des quartiers populaires peuvent être envisagées, en s’appuyant sur le bilan des actions associatives ou publiques menées depuis des décennies …
[1] La formule : « En CDD, la prime sera de 5000 euros sur les deux premières années » laisse perplexe quand on sait que la durée d’un CDD reste limitée à 18 mois, sauf dans quelques circonstances comme le remplacement de poste pour une personne malade de longue durée ou en congé parental, non prévisibles par avance.
[2] Il était question de supprimer l’impératif d’une période d’un an sans emploi et de multiplier par deux de l’incitation fiscale, qui aurait été portée à 10 000 € si le poste proposé était un CDI.
[3] Pas d’obligation d’être âgé de moins de trente ans, d’être inscrit à Pôle emploi depuis au moins un an, seule la résidence dans l’un des 1 500 quartiers de la politique de la ville suffirait.
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