LA SITUATION DU CHÔMAGE ET CELLE DE L’EMPLOI SONT FINALEMENT ASSEZ CLAIRES
Les articles et commentaires de politiques, de journalistes et d' »économistes » se succèdent sans prendre trop de recul sur les chiffres du jour. Il en ressort une impression trouble au niveau de l’opinion concernant la situation réelle ….
En résumé, il faut prendre en compte que,
- d’un côté, le taux de chômage baisserait sensiblement, si les chiffres annoncés sont bien confirmés dans les mois qui viennent (taux de chômage de 9,5% en France selon l’enquête INSEE menée sur un échantillon).
- D’un autre côté, le nombre des chômeurs immédiatement disponibles sur le marché du travail augmente, ainsi que celui des précaires inscrits à Pôle Emploi encore davantage (Contrats courts et/ou temps partiel)[1].
Parallèlement, on compte davantage de salariés dans le secteur marchand (source ACOSS : Chiffres exacts liés aux cotisations).
Ce paradoxe s’explique simplement par la poursuite de la hausse du nombre des actifs en France.
Le nombre de personnes au chômage croit parallèlement à celui des personnes qui travaillent, mais comme cette croissance est un peu moins rapide, le taux de chômage diminue tandis que le nombre de chômeurs augmente toujours encore un peu.
LE CHÔMAGE DE MASSE N’EST PAS RÉDUIT PAR LA BAISSE DU TAUX DE CHÔMAGE.
Ces données offrent l’occasion à des commentateurs de discourir sur la reprise sans prendre en compte l’ensemble de la réalité de la situation. Par exemple, il est peu question des mauvais chiffres de notre commerce extérieur pour ne citer que cet indicateur.
Fin juillet 2017, parmi les personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de rechercher un emploi, 3 775 200 sont sans emploi et 2 103 300 exercent une activité réduite, soit au total 5 926 100 personnes.
LIRE : La ministre du Travail envisage de casser le thermomètre du chômage. http://bit.ly/2s4ntCw
LIRE : Le projet du gouvernement ne serait-il pas de parvenir à baisser les chiffres du chômage en agissant simplement sur la comptabilisation des chômeurs ? http://bit.ly/2tYcpr8
LES PERSPECTIVES DE L’EMPLOI POUR 2018 RESTENT INCERTAINES
« Produire du moral » répond sans doute à une bonne intention (journalistique, politique et/ou économique), mais cela semble un pari dangereux de jouer sur le registre d’un simplisme mensonger vis à vis de l’opinion[2].
De bonnes perspectives de croissance sont présentes, mais elles restent fragiles compte tenu du contexte extérieur.
Elles vont également être impactées sur le plan intérieur par diverses mesures et réformes qui sont en cours d’élaboration en particulier sur le plan fiscal et compte des économies budgétaires annoncées.
Les secteurs de la construction et celui des associations, dépendant en partie des politiques publiques, semblent à ce jour particulièrement menacés par les décisions envisagées :
- Recentrage de l’ISF sur l’immobilier, qui va naturellement contribuer à décourager les investissements locatifs,
- Baisse des dotations aux collectivités locales (plan drastique d’économie portant naturellement d’abord sur les crédits d’intervention : infrastructure, bâtiments, subventions…),
- Réduction du produit de la taxe d’habitation, sans mode de compensation financière précisée à ce jour pour les finances locales,
- Mise en place d’une nouvelle politique du logement (comportant dès à présent une mise en cause explicite des APL pour une partie au moins de bénéficiaires),
- Diminution du nombre des contrats aidés pour des raisons budgétaires, sans prise en compte du cout social induit au niveau du RSA, des allocations chômage, des dispositifs directement mis en cause : insertion par l’économique, missions locales, etc.),
- Baisse de subventions aux associations à tous les niveaux (réductions budgétaires sur fin 2017 et perspectives de la loi de finances 2018),
- Indemnisation des démissionnaires en projet,
- Etc.
La concrétisation de ces annonces reste encore en suspens.
[1] DARES Indicateurs – Demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en juillet 2017 – publié le 24.08.17
« En France (y compris Drom), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 775 200 pour la catégorie A. Sur trois mois, il augmente de 1,3 % (+1,0 % sur un mois et +0,1 % sur un an).
Pour les catégories A, B, C, ce nombre s’établit à 5 926 100. Sur trois mois, il augmente de 1,5 % (+1,0 % sur un mois et +3,0 % sur un an). »
Les chiffres du chômage a fin juillet sont naturellement plus bas du fait du défaut de réinscription des demandeurs d’emploi à la fin de ce mois. La comparaison doit se faire plus que jamais sur une période de un an.
[2] La ministre du Travail estime les chiffres mensuels du chômage « ne reflètent pas bien l’évolution du marché du travail ». Elle doit faire le 31 août :« un commentaire très approfondi de plusieurs chiffres concernant le chômage ».
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