La publication par LE PARISIEN du 19 septembre d’informations contenues dans les lettres de cadrage budgétaire adressés aux ministres au mois d’aout a provoqué de nombreuses réactions. Même s’il apparait que des « ajustements » auraient été apportés par rapport aux chiffres initiaux[1], l’esprit devrait sans doute en être conservé.
Entre temps l’annonce d’une réduction de l’objectif d’économies visée, de 20 milliards d’euros à 16 milliards d’euros, a été faite. Ce montant a pour ambition de faire passer le déficit 2018 à 2,6%.
Seul le projet de loi de Finances permettra de juger des budgets en augmentation (a priori la Défense, l’Éducation nationale…) et des secteurs dont les budgets devront être réduits (a priori l’emploi et le logement).
DES ÉCONOMIES BUDGÉTAIRES IMPORTANTES DEVRAIENT VISER L’EMPLOI EN 2018
Il est probable que des économies budgétaires importantes devraient viser les budgets de l’emploi, comme celui du logement (dont la réduction du montant des APL et un ciblage réduit des bénéficiaires potentiels).
- On sait déjà que le nombre des emplois aidés devrait poursuivre sa diminution engagée en 2017 (avec une diminution de l’ordre de 140 000 contrats aidés). Le premier ministre a annoncé, le 21 septembre, que 200 000 contrats aidés seulement seraient financés en 2018, intégralement dans le secteur non marchand » (services, associations), avec un taux moyen de prise en charge par les pouvoirs publics de 50 %. Le taux de prise en charge était jusqu’à présent de 70% ! Ces contrats seraient ciblés sur l’urgence sanitaire et sociale et l’accompagnement des enfants handicapés en milieu scolaire. L’outre-mer et les communes rurales seraient privilégiés. « Une exigence de formation » serait mise en place durant ou à l’issue des contrats.
La baisse du nombre de contrats aidés serait de -38% entre 2017 et 2018.
- Le budget de Pôle Emploi pourrait être réduit dans une proportion que l’on connaitra rapidement. Les emplois aidés de l’établissement ne seront sans doute pas renouvelés.
- La part état du financement des missions locales reste incertain dans ce contexte, d’autant que le financement de ses actions pourrait évidemment être également touché. Le financement des collectivités locales reste lui-aussi incertain.
- Les crédits de l’État seraient « davantage orientés » vers la formation professionnelle d’après les propos de la ministre du Travail[2].
On se trouve donc face à un perspective, d’une part, de diminution du budget et, d’autre part, de forte réorientation des dépenses.
Bref, devant une nouvelle politique de l’emploi.
[1] La lettre de cadrage du mois d’aout adressée à la Ministre du travail aurait prévu d’après cet article une baisse régulière du budget de son Ministère résumé par le tableau ci-dessous :
Exercice | Budget emploi
en milliards d’euros |
Évolution annuelle |
2017 |
15,3 |
|
2018 |
13,5 |
-11,8% |
2019 |
11,2 |
-17,0% |
[2] La ministre du travail parle d’un budget « globalement stable » mais « de transformation« , orienté vers la formation professionnelle, tandis que « d’autres dispositifs moins efficaces seront diminués« .
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