Un récent slogan du MEDEF a provoqué de nombreuses réactions négatives. Il affirmait en effet : « Si l’école faisait son travail, j’aurais un travail ».
Sans participer à la polémique qui a suivi, il est permis de s’interroger sur l’idée sous-jacente à cette formulation un peu abrupte : certains défauts dans le fonctionnement de notre système scolaire au regard de ses missions.
Plusieurs constats sont connus de chacun, par exemple :
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Les critiques régulières sur les résultats de l’école[1] en termes de niveau des élèves dans les matières fondamentales sont bien connues et font régulièrement la « une » des médias (par exemple en ce qui concerne l’illettrisme…).
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Une part des collégiens ne parviennent pas à suivre leurs études de manière satisfaisante (sans en analyse ici les causes). Le flux des abandons du système scolaire par des « décrocheurs » n’a pas été réduit de manière significative. Il porte sur 100 000 à 150 000 jeunes par an selon les critères pris en compte.
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L’orientation des bacheliers à l’entrée d’une part des enseignements universitaires fonctionne mal. Le nombre d’abandons en premier cycle universitaire demeure trop important (chaque année environ 100 000 bacheliers abandonnent leurs études supérieures sans avoir décroché le moindre diplôme).
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Les informations nécessaires à l’orientation des jeunes manquent trop souvent. Par exemple, les débouchés effectifs des diplômés de la plus grande part des filières professionnelles des CAP jusqu’aux Masters ne sont pas assez bien connus (faute d’études de qualité). Quand ils sont connus et valides les résultats des études sont très peu diffusés, à de rares exceptions près[2].
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D’une manière générale, le rapport entre l’école et l’entreprise reste assez limité. La connaissance réciproque, au niveau des structures comme des acteurs, comme les échanges manquent en dépit d’initiatives diverses, mais qui restent ponctuelles.
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Etc.
Sur ces défauts de l’école, ce ne sont évidemment pas les enseignants, ni les jeunes ou leur famille qui sont les responsables directs de ces situations, même s’il existe une part de responsabilité collective dans le suivi des parcours des jeunes.
Force est de reconnaitre la part de responsabilité du système éducatif et du système universitaire[3] dans le processus d’insertion professionnelle des jeunes. Illustration : les divers efforts de formation professionnelle post scolaire de jeunes sans emploi ni formation attestent bien des difficultés rencontrées par une part des jeunes.
C’est pourquoi le slogan « Si l’école faisait son travail, j’aurais un travail » a le mérite d’appeler à une réponse sur la responsabilité de l’école sur les situations de jeunes en difficulté.
Ces constats ne mettent aucunement en cause le fait que l’école forme une très large majorité des jeunes, à des niveaux divers, de manière tout à fait appropriée et que ceux-ci débouchent sur des parcours d’entrée dans la vie active réussis.
[1] En particulier, les résultats d’une part significative des élèves à l’issue de l’école primaire sur le « Lire, écrire, compter, surfer » sont en cause. Puis, on retrouve quatre an plus tard une part de 22% des jeunes qui ne valident pas le Brevet des Collèges. Le contrôle même des acquis semble nécessiter débat (comme la réintroduction d’un contrôle en CP)
[2] Par exemple, qui dit vraiment aux étudiants que les reçus à l’issue de la première année de santé (PACES) ont pour la très grande majorité validé un bac général avec mention « Bien » ou « Très bien ». Certes, il existe des exceptions avec des échecs de bacheliers brillants et des succès de bacheliers sans mention, mais la réalité statistique de la réalité des niveaux initiaux requis apparait nettement. Il en est de même en ce qui concerne les concours administratifs.
[3] Ces deux systèmes successifs forment globalement bien les meilleurs élèves qui vont devenir les cadres du pays dans le privé, comme dans le public. Il n’existe aujourd’hui en France que des pénuries sectorielles temporaires, comme dans le numérique ou dans le cas de métiers jugés trop peu attractifs.
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