LE PROJET DE LOI DE FINANCES 2018 PRÉVOIT LA DIMINUTION DE MOITIE DES FINANCEMENTS DES MAISONS DE L’EMPLOI[1].
Le financement d’état des Maisons de l’emploi (MDE) devrait passer de 21[2] à 10,5 millions d’euros en 2018, puis à 0 euro en 2019.
Ce désengagement de l’état est assumé par le projet de loi[3], le PLF indique qu’il ne s’agit que de la suite de la politique antérieure… Les élus locaux, en particulier ceux qui président les Maisons de l’emploi, sont surpris par l’ampleur et la rapidité de cette diminution.
L’AVE Alliance Villes Emploi, réseau des Maisons de l’emploi, dénonce au niveau national cette diminution brutale de ces moyens.
Maisons de l’emploi : Alliance Villes Emploi mobilisée contre la division par deux de leurs crédits en 2018 http://bit.ly/2gbTfxq
CE DÉSENGAGEMENT DE L’ÉTAT APPARAIT INCOHÉRENT PAR RAPPORT AUX OBJECTIFS POLITIQUES ANNONCÉS
Ce choix apparait très peu cohérent dans la mesure où les Maisons de l’emploi sont des outils d’ingénierie territoriale travaillant sur les clauses d’insertion, les diagnostics territoriaux, la mise en place de partenariats ou l’ingénierie de la formation.
Cette réduction de leurs moyens ne semble pas du tout en phase avec la programmation de la formation dans le plan d’investissement ou dans la perspective de la réforme de la formation.
Les maisons de l’emploi sont des acteurs efficaces de l’analyse des besoins des entreprises en matière de ressources humaines permettant de prévoir et d’informer sur les opportunités et les formations à développer[4].
La disparition des maisons de l’emploi, qui ont été mises en place pour couvrir cette fonction, conduit tout simplement à la création d’une zone grise dans les politiques de l’emploi et de la formation professionnelle.
Depuis la diminution des crédits et la réduction des missions initiales, les Maisons de l’emploi sont passées de 200 à 126. Elles emploient aujourd’hui encore de l’ordre de 1 200 personnes.
Le budget des maisons de l’emploi a connu une diminution de 74% sur dix ans. Les collectivités territoriales ont compensé en partie seulement les pertes de financement. L’état finançait à l’origine les MDE à hauteur de 70%. Ce chiffre est tombé à 38% avant même la réduction annoncée pour 2018.
RIEN N’A ÉTÉ MIS EN PLACE POUR ORGANISER LE TRANSFERT À DES FINANCEMENTS LOCAUX DES MAISONS DE L’EMPLOI
L’idée de la réduction de moitié du financement d’État, inscrite au PLF 2018, s’accompagne de l’idée de voir les collectivités locales prendre le relais[5]. Mais rien n’a été négocié en ce sens.
Si quelques maisons de l’emploi de métropoles peuvent espérer subsister avec les seuls crédits issus des collectivités locales, d’autres ont besoin de l’État, notamment dans les villes moyennes et en milieu rural, faute de quoi elles seront contraintes de fermer.
La disparition d’une part au moins du réseau des Maisons de l’emploi en 2018 augure de ce qui pourrait se produire au niveau d’autres acteurs de l’emploi et de la formation dans les mois qui viennent dans le cadre d’une réorganisation rapide …
[1] Association nationale des collectivités territoriales pour la formation, l’insertion et l’emploi. Réseau national des Maisons de l’Emploi (MDE) et des Plans Locaux pour l’Insertion et l’Emploi (PLIE) – https://www.ville-emploi.asso.fr/
[2] Montant de 21 millions d’euros inscrit aux LFI 2016 et 2017.
[3] « L’État prévoit d’adapter en 2018 sa participation au financement de ces structures, dans le prolongement du mouvement engagé depuis plusieurs années de resserrement des conditions de subvention » (…)
« Les montants prévus au PLF 2018 doivent permettre d’accompagner le retrait progressif de l’État, selon un plan d’action à définir dans les territoires, en lien avec les collectivités territoriales et les maisons de l’emploi » (PLF 2018)
[4] En 2016, les maisons de l’emploi ont recensé plus de 1 000 bonnes pratiques, et ont permis à près de 100 000 entreprises de bénéficier de leurs actions dans le domaine de la gestion prévisionnelle territorialisée des emplois et des compétences, du développement durable et de la responsabilité sociétale des entreprises, et des clauses sociales.
[5] « Cette dépense constitue, en nomenclature, un transfert aux collectivités territoriales et aux autres collectivités, »
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