En dépit de discours optimistes et de propos volontaristes de responsables politiques et de journalistes, les perspectives réelles en matière d’emploi semblent proches de la stabilisation de la situation actuelle, tant en matière de nombre d’emplois que d’effectifs de chômeurs.
L’UNEDIC NE PRÉVOIT PAS UNE AMÉLIORATION SIGNIFICATIVE DE LA SITUATION DE L’EMPLOI POUR 2018.
Selon l’Unédic[1], le nombre de créations de nouveaux emplois diminuerait de moitié en 2018, par rapport à 2017 :
« Avec l’amélioration de la conjoncture et les effets des politiques d’emploi, 228 000 emplois affiliés à l’Assurance chômage seraient créés en 2017. En 2018, les créations d’emplois ralentiraient, avec 117 000 emplois affiliés de plus sur l’année. »[2]
La fin de la prime embauche PME en fin de premier semestre 2017 et la diminution massive du nombre des contrats aidés explique en partie ce net recul du nombre des créations d’emploi.
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Le taux de chômage se stabiliserait à 9,5% pour la France, y compris DROM[3].
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Le nombre des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi, en catégorie A resterait stable à fin 2017 puis 2018 ; tandis que le nombre de chômeurs en activité réduite (catégories B et C) poursuivrait son augmentation avec +146 000 demandeurs d’emploi sur 2017, puis, +84 000 en 2018.
Rappelons que la croissance du nombre de salariés et la progression des augmentations salariales (masse salariale globale) améliorent directement les ressources de l’allocation chômage.
L’UNEDIC PRONOSTIQUE UNE DETTE DE 37 MILLIARDS D’EUROS A FIN 2018
Le Bureau de l’Unédic annonce ses prévisions financières concernant l’Assurance chômage pour 2017 et 2018. Le niveau de déficit annuel devrait diminuer de 4,3 milliards d’euros, en 2016, à 3,8 milliards d’euros en 2017, puis à 3,3 milliards en 2018. Cela évidemment, implique la poursuite de croissance de la dette du régime qui devrait dépasser le seuil des 37 milliards d’euros en 2018[4].
Cette amélioration repose en partie sur une hypothèse de l’évolution du taux de croissance du PIB (1,1% en 2016, 1,8% en 2017, puis 1,7% en 2018)[5].
Le régime actuel devrait perdurer en 2018 avec une réforme programmée pour être adoptée en milieu d’année et sans doute mise en place pour 2019.
Par suite de la disparition des cotisations salariales leur remplacement par une augmentation de la CSG au 1er janvier 2018, le financement du régime par l’État, pourrait, néanmoins, pousser à faire évoluer la gestion du régime plus rapidement.
Ces chiffres vont peser de tout leur poids sur les décisions politiques concernant l’avenir de l’assurance chômage. Si l’État nationalise le système, il récupèrera la dette…
[1] Communiqué de presse Unédic – La réduction du déficit de l’Assurance chômage en 2017 et 2018 se confirme – 25 octobre 2017
[2] « Le renforcement de l’activité économique, l’inflation et l’augmentation des salaires soutiendraient la hausse de la masse salariale en 2017. En 2018, elle connaîtrait une augmentation plus modérée, en raison de créations d’emplois moindres. »
[3] « Fin 2017, le taux de chômage au sens du BIT atteindrait 9,5% pour la France entière, puis il serait stable sur l’année 2018. Le nombre de chômeurs indemnisés a augmenté au cours du 1er semestre 2017. Il se stabiliserait à partir des derniers mois de l’année 2017 puis au cours de l’année 2018. Ainsi, les dépenses d’allocations augmenteraient en 2017 et 2018 du seul fait de la progression des salaires des nouveaux entrants. »
[4] « Le Bureau de l’Unédic a adopté ce jour les prévisions financières de l’Assurance chômage pour 2017 et 2018. Elles anticipent une réduction du déficit à partir de 2017, sous l’effet d’une conjoncture économique plus favorable et de la convention d’assurance chômage 2017, en vigueur depuis octobre 2017. Le déficit de l’Assurance chômage serait de 3,8 Mds d’€ en 2017, puis de 3,3 Mds d’€ en 2018 (contre 4,3 Mds d’€ en 2016). La dette du régime atteindrait 37,1 Mds d’€ fin 2018. Sans la convention 2017, son niveau à fin 2018 aurait été supérieur de 0,6 Md d’€. »
[5] L’affirmation du directeur général de l’Unédic selon laquelle « Il y a un décalage entre la croissance et la création d’emplois« , semble une analyse un peu sommaire.
Pas de commentaire sur “Pourquoi la remontée du taux de croissance ne fait ni progresser l’emploi ni diminuer le chômage ?”